dimanche 31 janvier 2016

Carol de Todd Haynes


Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle. (AlloCiné)


De Todd Haynes, je me rappelle encore le sublime "Loin du paradis", dans lequel il était là aussi question d'une histoire d'amour impossible dans l'Amérique des années 50, sauf qu'il ne s'agissait pas de deux femmes mais d'une femme de la bourgeoisie avec son jardinier Noir.
Et que dire de son adaptation en téléfilm du remarquable "Mildred Pierce", avec la fabuleuse Kate Winslet.
En somme, le nom de Todd Haynes est forcément gage de réussite, d'une histoire magnifique sur fond de noirceur, se situant bien souvent dans l'Amérique des années 50.


Le film s'ouvre sur deux femmes attablées, l'une est de dos, l'autre est de face, elles se parlent, semblent proches, jusqu'à ce qu'un homme les interrompe.
L'intimité entre les deux femmes est alors cassée, l'une reste tandis que l'autre s'en va et se remémore leur histoire en regardant défiler les rues de New York derrière la vitre du taxi.
Cette scène d'ouverture est tout simplement sublime et confirme dès à présent que ce film va être magique.
Carol (Cate Blanchett) et Therese (Rooney Mara) n'avaient rien en commun pour se rencontrer, si ce n'est que Therese est vendeuse dans un grand magasin et que Carol, une élégante bourgeoise, vient lui demander conseil pour un cadeau de Noël pour sa fille.
Carol oublie ses gants, Therese va les lui renvoyer par la poste, Carol va alors l'inviter à déjeuner pour la remercier, puis à venir passer le dimanche chez elle et l'attraction entre les deux femmes va petit à petit s'instaurer, jusqu'à déboucher sur un amour sincère, profond.
Mais voilà, cette histoire se passe dans l'Amérique des années 50, où une relation d'amour entre deux individus de même sexe n'était pas admissible.
Carol risque gros, malheureuse dans son mariage elle est en instance de divorce, et son mari va utiliser tous les moyens possibles pour lui retirer la garde de sa fille.
Tout cela est parfaitement reconstitué à l'image, l'ambiance de l'Amérique des années 50 est là, Cate Blanchett campe une sublime femme de la bourgeoisie, élégante jusqu'au bout des ongles (il faut dire que le costume va admirablement à Cate Blanchett qui a tout du mannequin haute couture chic et glamour, ce qui était déjà le cas dans "Blue Jasmine" mais qui est ici encore plus mis en valeur), avec des tics dans ses gestes, comme cette main qu'elle se passe régulièrement dans les cheveux.
Il se dégage du jeu de l'actrice une réelle sensualité qui crève l'écran, et le spectateur comprend que Therese soit subjuguée par le charme de cette femme qui vit dans un monde bien différent du sien.
Si le jeu de Cate Blanchett est irréprochable, il en est de même de celui de Rooney Mara.
Todd Haynes a joué avec le physique de ses deux actrices, si Rooney Mara est la plus lumineuse pendant la première partie du film, il utilise la blancheur de son teint (avec de subtiles touches de rouge sur ses joues) pour marquer la différence avec la bourgeoise Cate Blanchett, plus renfermée et sombre, en permanence au bord de la dépression.
Puis dans la deuxième partie c'est l'inverse qui se produit, Cate Blanchett campe une Carol plus souriante, plus heureuse, car enfin en harmonie avec elle-même, tandis que le personnage de Rooney Mara est rongé à l'intérieur, triste et en a perdu son sourire, et d'une certaine manière son innocence.
La mise en scène de Todd Haynes est parfaite : il utilise des couleurs chaudes, des mouvements lents de caméra pour renforcer le sentiment de mélancolie qui se dégage de Therese lorsqu'elle évoque sa vie au cours de ces derniers mois et sa rencontre avec Carol.
Il se dégage de ce film au premier abord beaucoup de tendresse et de beauté, mais il y a aussi un fond de noirceur qui le rend tout simplement sublime.
Il me tarde de découvrir l'oeuvre de Patricia Highsmith dont le film a été tiré, car avant d'être l'une des reines du thriller elle a publié ce roman, sous le pseudonyme de Claire Morgan, parce que dans l'Amérique des années 50 s'il n'était pas bien vu de vivre une histoire d'amour avec une personne de même sexe il en était de même d'écrire une telle histoire.


Serait-ce possible que j'ai vu dès le mois de janvier le plus beau film de l'année 2016 ?
"Carol" est en tout point sublime, proche de la perfection, une pure merveille.


     
     

     
     


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