lundi 4 avril 2016
Notre mère la guerre - Tome 3 : Troisième complainte de Maël et Kris
À la fin du deuxième volume, les « gosses » de la section Peyrac sont suspectés par Vialatte et surtout le capitaine Janvier d’être les assassins des quatre jeunes femmes. Mais Raton, Surin, Jolicoeur, Jojo, Planchard et Le Goan succombent à une attaque des Allemands. Le caporal Peyrac, lui aussi, est porté disparu. Quand débute le troisième tome, nous sommes en mai 1917, vingt-sept mois plus tard. Le lieutenant Vialatte est versé dans les chars, en première ligne. Gravement blessé, il sera soigné à l’hôpital militaire du camp de Marly-le-Roi. À sa surprise, le désormais commandant Janvier vient lui rendre visite. « Vous vouliez rendre justice à ces malheureuses femmes et à ces gamins perdus ? Je vous en redonne le pouvoir », lui dit-il en substance. Vialatte, tout juste remis de ses blessures, reprend donc son enquête à zéro… (Futuropolis)
Nous sommes désormais en mai 1917, le lieutenant Vialatte a décidé de participer au combat et officie dans les chars, en première ligne.
Grièvement blessé, il est soigné dans un hôpital à l'arrière quand il voit débarquer, à sa plus grande surprise, le commandant Janvier.
Ce dernier ne le visite pas par politesse mais pour lui offrir la possibilité de dénouer l'enquête sur les meurtres de femmes dont les cadavres ont été laissés en première ligne.
Car non seulement Vialatte n'a eu que des soupçons sur les jeunes hommes du caporal Peyrac, ils ont d'ailleurs tous péri dans un assaut des Allemands et Payrac est porté disparu depuis plus de deux ans, mais sa précédente enquête n'a rien donné et aujourd'hui il est convaincu qu'il a soupçonné les mauvaises personnes : "Car plus j'y pense et plus je me dis que rien ne concorde dans cette histoire. Ils se sont battus sauvagement. Mais ça n'en faisait pas des tueurs pour autant.".
C'est donc reparti de plus belle, comme en 14 oserai-je dire, et Vialatte est cette fois-ci bien décidé à ce que la vérité éclate.
C'est un Vialatte nettement changé que j'ai retrouvé.
Non seulement il a franchi le pas et est désormais engagé officiellement dans les combats, mais en plus à un poste à risque mettant en oeuvre une technologie nouvelle : le char.
Pour cela, Vialatte a non seulement laissé derrière lui ses illusions, sa poésie et sa vision exaltée et patriotique de la guerre, mais aussi une femme, cette Éva que le lecteur voit auprès de lui depuis le début de son récit sous forme de confession tandis qu'il agonise : "La guerre a rejeté mon amour de l'autre côté du monde, dressant une infranchissable zone de non-vie entre Éva et moi. Et je l'ai laissée faire, partant de mon côté, les valises remplies par l'orgueil et le romantisme de mon éducation, toutes choses qui m'ont fait prendre le train de la guerre. Et rester au quai de la vie.".
Entre 1917 et la fin de la guerre beaucoup de choses se sont donc passées entre Vialatte et cette femme Autrichienne, c'est en tout cas ce que le lecteur pressent mais il va lui falloir être encore un peu patient pour connaître le dénouement.
Il n'y a pas que Vialatte qui a changé, les soldats en ont assez, ils veulent la paix et cesser de se battre : "C'est la guerre qu'ils nous disent ! Mais est-ce que c'est la guerre, nous, qu'on veut ?".
Et finalement Vialatte va avancer dans son enquête et faire une découverte des plus surprenantes.
Ce troisième tome contient selon moi la plus grosse surprise de ce récit, quelque chose auquel je ne m'attendais absolument pas et qui change la face de l'histoire.
Une nouvelle fois je salue la qualité de l'intrigue qui va ici de rebondissement en rebondissement, ainsi que le traitement psychologique des personnages.
Je n'irai pas jusqu'à dire que Vialatte est un personnage pour lequel on ressent une profonde empathie, mais il évolue tellement face aux événements que ce n'en est que plus intéressant de le suivre.
La mise en page est également importante avec, comme d'ordinaire, des doubles pages consacrées aux réflexions de Vialatte collées à des images montrant l'évolution de la guerre et la lassitude des soldats.
Le seul petit reproche que je ferai aux dessins va aux visages féminins que je trouve ma foi un peu trop taillés à la serpe et manquant pour le coup de féminité.
Cela passe sans problème avec les hommes mais pour ma part un peu moins avec les femmes.
Hormis cette remarque complètement personnelle j'ai une nouvelle fois grandement apprécié ma lecture et j'ai hâte de connaître le dénouement.
Courage soldats, la bénédiction est proche et l'heure de la délivrance a bientôt sonné, mais en attendant il en reste encore un peu avant de boucler et d'archiver le dossier de "Notre mère la guerre".
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