samedi 11 février 2017

Jackie de Pablo Larraín

     
     

22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut. (AlloCiné)


Ce biopic s'intéresse à la First Lady Jacqueline Bouvier Kennedy, dite Jackie, du jour de l'assassinat de son mari John F. Kennedy à Dallas le 22 novembre 1963 à ses funérailles qui auront lieu quelques jours après et qu'elle orchestrera d'une main de maître.
Qui était-elle ? Comment a-t-elle vécu ce drame ? Quelles étaient ses motivations ?


"I'm not First Lady anymore. You can call me Jackie."
C'est bel et bien ce que demande Jackie (Natalie Portman) à sa fidèle conseillère Nacy (Greta Gerwig) juste avant le début des funérailles de John F. Kennedy, et c'est l'un des axes majeurs de ce film.
A partir du 22 novembre 1963 début d'après-midi, Jackie n'est plus la First Lady, son mari a été assassiné sous ses yeux, Lyndon B. Johnson (John Carroll Lynch) prête serment dans l'avion Air Force One qui ramène la dépouille du président et devient le 36ème Président, tandis qu'à l'arrivée à Washington Bobby (Peter Sarsgaad), le frère de John, vient retrouver sa belle-sœur et la soutenir dans des jours qui s'avèrent encore difficiles.
Jackie va organiser des funérailles afin de célébrer l'homme que fut son mari, en s'inspirant de l'enterrement d'un autre président mort assassiné : Abraham Lincoln.
Jackie, femme admirée pour son élégance et sa culture, va ainsi marquer l'histoire et offrir au monde des images qui demeureront dans l'Histoire.
Mais plutôt que de narrer l'histoire en continu, le film est bâti sur un système élaboré de flashbacks sur les événements de Dallas mais également l'arrivée de Jackie à la Maison Blanche et le chantier de rénovation et de décoration dans lequel elle s'est lancée.
Pour ce faire, le film s'ouvre sur un journaliste (Billy Crudup) venant interviewer Jackie une semaine après l'enterrement de son époux, l'occasion pour elle de revenir sur cette journée à Dallas et celles qui ont suivi ainsi que sur les quelques années passées à la Maison Blanche, marquées par son passage dans une émission télévisée dans laquelle elle faisait visiter les appartements rénovés de la Maison Blanche.
J'ai apprécié le parti pris de Pablo Larraín dans la réalisation et le montage de ce film, si au début les retours en arrière peuvent surprendre voire apparaître comme décousus, ils ont finalement un ordre logique dans la retranscription faite par Jackie des événements vécus, d'autant qu'ils permettent au film de se conclure sur une belle image, celle des temps heureux avant l'assassinat, permettant ainsi au spectateur de refermer ce chapitre de l'Histoire sur une image positive.
Et puis Pablo Larraín fait glisser à merveille son actrice dans des images d'archives, le jeu entre passé/présent et archive/réalité est d'ailleurs une sublime mise en abîme de ce biopic qui n'en est au final peut-être pas complément un.
Pablo Larraín se démarque donc par une mise en scène avantageuse pour ses acteurs et quelque peu novatrice dans la façon de narrer l'histoire.
Tourné en grande partie dans les studios de la Cité du Cinéma à Saint-Denis, ce film a demandé une reconstitution minutieuse des décors de la Maison Blanche et a même bien failli ne jamais voir le jour tant le budget initial a été dépassé.
Le résultat au final est saisissant, la reconstitution historique est extrêmement bien faite tant au niveau des événements, des personnes que des décors dans lesquels ils évoluent.


L'autre point remarquable de ce film, c'est la performance des acteurs et tout particulièrement celle de Natalie Portman, tout simplement bluffante de ressemblance physique mais également dans la façon de parler.
Natalie Portman a fait un gros travail d'écoute des enregistrements de Jackie Kennedy pour reproduire sa voix nasillarde, traînante, ponctuée de pauses et trop articulée.
Résultat : un sans faute, il faut d'ailleurs voir le film en version originale ne serait-ce que pour savourer la performance de cette actrice, performance qui lui vaut une nomination aux Oscars et sans doute l'Oscar car sa performance est à mon avis supérieure à celle qu'elle avait dans "Black Swan" (et pourtant c'était déjà quelque chose).
Les autres seconds rôles sont eux aussi justes dans leur interprétation, notamment Greta Gerwig et Peter Sarsgaard.
Le souci du détail a été poussé au maximum, dans les tenues de Jackie (le fameux tailleur rose Chanel éclaboussé de sang), sa coupe de cheveux, ses sourcils.
N'ayant pas connu cette époque et ne la connaissant qu'à travers des images d'archives, j'ai été bluffée par la ressemblance.
A propos d'esthétique, Pablo Larraín a filmé en 16 mm, donnant ainsi un aspect brut à l'image.
Il n'hésite pas non plus à faire plusieurs mises en abîme, dont une évoquée précédemment, ainsi qu'une autre par rapport à la musique préférée de John F. Kennedy : la comédie musicale Camelot.
Camelot, la cité médiévale d'Arthur avec ses chevaliers et la quête du graal, comment ne pas y voir un miroir de l'ascension de John F. Kennedy au pouvoir avec la Maison Blanche en lieu et place de Camelot.
Cela donne d'ailleurs lieu à l'une des scènes fortes du film, avec une Natalie Portman mettant cette musique et déambulant dans les pièces de la Maison Blanche, à quelques heures de quitter définitivement ce lieu.
Jackie se révèle également une femme compliquée à saisir, il n'y a qu'à entendre l'interview avec Theodore H. White, elle ne le laissera pas écrire n'importe quoi mais elle cherche aussi, et le journaliste n'est pas dupe, à tordre quelque peu la réalité sur son mari afin de magnifier son héritage, alors qu'au final il n'avait que commencé à mettre certaines actions dont le successeur allait récolter les lauriers.
Jackie a d'ailleurs un très belle phrase pour parler de son défunt mari, un homme certes loin d'être parfait mais dont elle dit qu'à un moment donné il s'est perdu entre la réalité et l'apparence, entre l'être et la paraître.
La bande originale, quant à elle, accompagne joliment les images.


La famille Kennedy ne cesse depuis plusieurs années de fasciner les réalisateurs et quelques actrices ont déjà prêté leurs traits à Jackie, mais ce "Jackie" signé par Pablo Larraín, première réalisation Américaine de ce dernier, est servi par une Natalie Portman au sommet de son art et se révèle être un film chic et choc de ce début d'année 2017.


     
     

     
     

     
     

2 commentaires:

  1. J'espère avoir le temps de voir ce film, mais il y en a tellement qui m'attirent en ce moment !!

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    1. C'est vrai qu'il y a beaucoup à voir en ce moment au cinéma !

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