mercredi 12 avril 2017

L'autre côté de l'espoir d'Aki Kaurismäki

     
     
Helsinki. Deux destins qui se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile. (AlloCiné)


Khaled (Sherwan Aji) a fui la Syrie et s'est retrouvé complètement par hasard à bord d'un cargo à destination de la Finlande.
Après que sa demande d'asile ait été rejetée, il décide toutefois de rester clandestinement, notamment grâce à l'aide de Mazdak (Simon Al-Bazzon), un réfugié Irakien.
C'est alors qu'il croise là aussi par hasard la route de Wikström (Sakari Kuosmanem), ancien représentant de commerce ayant quitté sa femme alcoolique pour ouvrir un restaurant.
Ce dernier, ainsi que le reste du personnel du restaurant, prend Khaled sous son aile et l'aide à obtenir des (faux) papiers ainsi que faire venir sa sœur Miriam (Niroz Haji) dont il a été séparé au cours de leur fuite.


Ce n'est pas vraiment le pitch du film qui m'a incité à aller le voir, j'y ai plus été en quasi aveugle portée par les bonnes critiques.
D’Aki Kaurismäki j’ai déjà vu … rien.
Rien, jamais entendu parler jusqu’à présent, et pour tout dire, j’ai la désagréable impression d’être passée à côté d’un réalisateur.
Parce que son nouveau film, après six ans de silence, mérite grandement tous les éloges qui en sont faits.
Avec son film, Aki Kaurismäki cherche à changer le regard que nous avons, nous européens, sur les réfugiés arrivant en Europe depuis quelques années.
Pour cela, il propose de suivre le parcours de deux hommes qui quittent tout au même moment pour une nouvelle vie : l’un débarque d’un cargo couvert de suie tandis que l’autre quitte femme et travail stable pour reprendre en gestion un restaurant fatigué.
Il y a un côté kitch et désuet dans ce film qui m’a beaucoup plu, il n’y a d’ailleurs qu’à voir le restaurant de Wikhström pour comprendre.
Il y a aussi, et c’est surprenant car je ne m’y attendais pas, un humour assez féroce voire cynique.
Ce qui permet d’atténuer le drame dont il est question autant que le renforcer.
Certains passages sont à la limite des scènes cultes, je garde un souvenir particulièrement vivace des sushis aux harengs fumés parce qu’il n’y a plus de saumon.
Ou encore de la tirade de Khaled sur le chien avec qui il a dû rester enfermé dans les toilettes le temps de l’inspection des services d’hygiène.
Voilà un film qui mêle intelligemment la comédie, le burlesque, le drame et le social.


La mise en scène est intéressante dans sa construction et apporte beaucoup au film.
La musique joue également un rôle important, certains thèmes sont rock, d’autres country et d’autres lents, les paroles des chansons font toujours écho à la situation des personnages.
C’est aussi l’un des éléments qui fait que j’ai apprécié ce film.
Néanmoins, je trouve que l’on met un peu trop de temps à croiser les deux personnages.
Le spectateur sent venir la rencontre mais elle tarde, elle se fait désirer, sans doute un peu trop.
J’ai également noté un creux dans le milieu du film, pas assez de rythme sans doute dû au fait que les deux héros ne se sont pas encore croisés et qu’il ne se passe plus grand-chose de nouveau dans leur vie.
J’ai même cru que j’allais lâcher le film à ce moment-là et je commençais à m’interroger sur toutes les louanges que j’avais entendues.
Fort heureusement le réalisateur réussit à rebondir et à relancer la dynamique dans son film qui s’avère au final être un drame réaliste comme il s’en passe tous les jours des dizaines sous nos yeux et que nous refusons bien souvent volontairement de voir.
Pour l’anecdote, l’acteur Sherwan Haji a, comme son personnage, fui la Syrie il y a quelques années pour se réfugier en Finlande où il a pu reprendre son métier d’acteur.


"De l’autre côté de l’espoir" est un film humaniste signé par un réalisateur qui a su éveiller ma curiosité et dont je vais certainement découvrir les autres œuvres.


     
     

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