dimanche 4 février 2018

Pentagon Papers (The Post) de Steven Spielberg

       
     

Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s'associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d'État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d'années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis. (AlloCiné)


Le miracle a eu lieu !
Je n'y croyais plus vraiment, mais Steven Spielberg a enfin renoué avec du grand cinéma, un film bien construit sans fausse note du début à la fin (notez que "Le pont des espions" avait commencé à ouvrir cette possibilité et m'avait presque réconciliée avec ce réalisateur avec qui j'étais "fâchée" depuis quelques années).
Difficile aussi quand on évoque un scandale révélé par la presse de ne pas penser au très bon "Spotlight", après la pédophilie au sein de l'église voici un sujet explosif : les mensonges depuis plusieurs dizaines d'années de quatre gouvernements successifs sur la guerre au Vietnam (au passage, signalons que le scénariste du film l'est aussi de celui précédemment nommé).
Ou comment, pour des raisons absurdes et un gros problème d'ego, les gouvernements ont continué à s'acharner dans cette guerre, à y envoyer de jeunes soldats à la mort tout en sachant pertinemment que cette guerre était perdue depuis longtemps.
Tout commence en 1971 lorsque le New York Times commence à publier sur un scoop retentissant : une étude préparée par le Département de la Défense, commandée par Robert McNamara, évidemment classée secret défense, composée de 47 volumes totalisant 7 000 pages, révèle que les derniers présidents Américains ont non seulement menti à la population mais ont délibérément étendu et intensifié la guerre au Vietnam alors que le conflit était voué à l'échec dès le début (le bilan est d'un peu plus de 58 000 soldats Américains morts et plus de 153 000 blessés).
C'est Daniel Ellsberg, un ancien analyste de la RAND Corporation, qui dépose anonymement l'étude au New York Times.
Le gouvernement ne tarde pas à réagir et fait interdire au New York Times toute publication à ce sujet.
Mais c'est le Washington Post qui prend le relais, en publiant des extraits de l'étude, Ben Bagdikian, l'un des éditeurs du Post, ayant obtenu une copie de l'étude de la part de Daniel Ellsberg qu'il connaissait, et Ben Bradlee, rédacteur en chef, n'hésitant pas à faire infléchir la position de la présidente du Post tout en s'entourant des meilleurs rédacteurs pour couvrir l'événement qu'il pressentait.
Katharine Graham, présidente du Post, accepte de publier ces extraits alors que son journal est en passe d'être côté à la bourse de New York, et elle se retrouve assignée au tribunal par le gouvernement.
S'ensuit alors une bataille juridique qui verra triompher la presse et le premier amendement.


C'est tout cela que couvre le film, à la fois les mensonges d'état mais aussi la bataille judiciaire qui s'en est suivie pour la liberté de la presse.
Le film ne manque pas de rythme, la trame est à peu près claire mais je reconnais qu'au début il est un peu difficile de bien saisir tous les tenants et les aboutissants, surtout si comme moi c'est une affaire que vous ne connaissiez pas ou peu.
J'ai trouvé le fond du film extrêmement intéressant, et ô combien révoltant, d'autant que Richard Nixon n'en sort pas grandi, particulièrement avec la dernière scène du film qui fait sourire, mais rappelle qu'un autre scandale d'envergure est sur le point d'éclore.
Si Ben Bradlee et les rédacteurs sont motivés et sûrs d'eux, j'ai beaucoup apprécié le traitement du personnage de Katharine Graham, une femme au milieu d'hommes, une femme qui n'ose pas s'affirmer, qui prépare des notes pour prendre la parole et au final bredouille, une femme qui n'ose pas jusqu'au jour où elle décide de se lâcher et de faire ce que lui dicte son instinct, quitte à choquer.
Comme le fait remarquer la femme de Ben Bradlee, elle se montre alors extrêmement courageuse, elle va à l'encontre de l'opinion des banquiers et des investisseurs, elle risque son journal, et au final elle choisit encore de rester discrète.
Sauf que cette femme sans s'en rendre compte a pris le pouvoir, et que toutes les femmes la regardent désormais avec fierté, voilà ce qui m'a particulièrement émue dans ce film et dans sa mise en scène.


Ce film signe aussi les retrouvailles de Steven Spielberg avec Tom Hanks, et sa première collaboration avec Meryl Streep.
Le casting est évidemment réussi, je dois dire que même si je n'ai pas apprécié tous les films de Steven Spielberg je n'ai jamais rien eu à redire aux castings.
Au même titre que je n'ai pas le souvenir d'avoir vu Meryl Streep mauvaise dans un rôle, ou inappropriée dans un film, c'est assez remarquable pour être souligné (maintenant je ne pense pas qu'elle repartira avec l'Oscar cette année, ma préférence est déjà toute trouvée).
Les autres comédiens sont évidemment très bons dans leurs rôles, j'ai apprécié de revoir Tom Hanks à ce niveau car il s'est un peu perdu ces dernières années dans des films pas toujours très bons.
Pour la musique, Steven Spielberg a fait appel à un habitué : John Williams, qui a signé la musique de bon nombre de ses films.
A noter enfin que c'est la première fois que Steven Spielberg s'intéresse aux années 70 aux Etats-Unis, habitué des films historiques il n'avait pas encore filmé cette époque dans son pays, et là encore la reconstitution est minutieuse tant en termes de décors que d'habits.


"Pentagon Papers" est un film efficace s'intéressant à un scandale d'envergure dénoncé, une fois de plus, par les journaux, et signe le retour en force de Steven Spielberg sur le devant de la scène en tant que réalisateur, qu'en sera-t-il pour "Player One" qui sort dans quelques mois ?


       
     

       
     

       
     

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