dimanche 25 février 2018

Replay de Ken Grimwood


À 43 ans, Jeff Winston meurt subitement d’une crise cardiaque, laissant derrière lui une vie médiocre et un mariage à la dérive. Quelle n’est pas sa stupeur lorsqu’il se réveille… dans sa chambre d’étudiant, âgé de 18 ans. Dans le passé, sa vie recommence comme avant. Sauf qu’il a gardé le souvenir de sa précédente existence… 
 Qui n’a jamais rêvé de pouvoir revivre son passé fort de son expérience d’aujourd’hui ? (Points)

Jeff Winston est terrassé à quarante trois ans par une crise cardiaque.
Il se réveille dans sa chambre d'étudiant, plus jeune mais avec ses souvenirs et sa vie recommence.
Puis, il meurt terrassé par une crise cardiaque à quarante trois ans.
Il se réveille de nouveau étudiant et revit sa vie jusqu'à la date et l'heure fatidiques de sa mort, et ainsi de suite plusieurs fois, sans savoir pourquoi lui et s'il est le seul : "Pourquoi ça ? Pourquoi moi ?", et surtout pourquoi recommencer car quoi qu'il fasse il finit immanquablement par mourir : "Mais pourquoi recommencer, si ses plus grands efforts devaient inévitablement s'avérer futiles ?".
Jeff crée des variations dans sa vie, quoi qu'il fasse plus rien ne subsiste lorsqu'elle recommence : "Il avait tout ce qu'il pouvait et réalisé tout ce qu'un homme était en droit d'espérer - sur le plan matériel, en amour et comme père - et de nouveau, il n'en restait rien : il demeurait seul et impuissant, les mains et le cœur vides.", mais au bout d'un moment il se lasse, il a essayé beaucoup de choses, en vain, et se demande ce qu'il fait encore là : "En un sens, il semblait revivre sa vie, la rejouer comme on repasse une cassette vidéo; pourtant il n'était apparemment pas soumis à ce qui avait eu lieu auparavant, du moins pas de façon rigide.", et surtout s'il est seul à vivre ce phénomène.
C'est alors que Pamela entre en scène, Pamela victime elle aussi d'une crise cardiaque et qui ne cesse de revivre sa vie depuis plusieurs cycles.
Vont-ils trouver le fin de mot de l'histoire et mettre fin à ces cycles ?

L'idée de départ de ce roman ma plaisait assez, je trouve que pouvoir revivre son passé est un prisme intéressant en littérature comme au cinéma ("Un jour sans fin" pour citer un film).
Mais me voilà assez partagée sur ce roman que j'ai trouvé inégal dans sa construction et sa trame narrative.
Si le film précédemment nommé a un but dans le fait que le personnage revive sans cesse la même journée, je n'ai ici pas trouvé d'explication à ces cycles, d'autant que les personnages ont beau modifier leur attitude cela n'explique - et n'influe - en rien ce reboot incessant.
C'est sans doute ce qui m'a le plus manqué et que je reproche à ce roman : une véritable explication, un sens à tout cela.
J'ai espéré, puis j'ai cru que cela finirait pas être le cas mais non, et la fin est encore plus agaçante à ce sujet car elle ouvre d'autres perspectives et tout, ou presque, reste irrésolu.
J'ai également trouvé que le premier replay de Jeff était trop long, le sens du détail est poussé loin alors que pour les autres cela sera plus expéditif.
Or de mon point de vue ce n'était sans doute pas sur le premier qu'il fallait autant insister, mais sans doute sur d'autres qui proposent de nouvelles choses, sans aller jusqu'au bout, malheureusement.
C'est aussi ce qui m'a quelque peu chagriné au cours de ma lecture, certaines idées sont vraiment bonnes mais pas explorées complètement.
C'est dommage car il y avait tous les ingrédients pour en faire un très bon roman de science-fiction, passé le premier replay j'ai été prise par l'histoire mais le soufflé a aussi fini par retomber avant la fin, notamment parce que je ne voyais toujours pas si l'auteur avait réellement ou non un but à l'esprit.
Il en va de même avec les personnages, ils manquent de profondeur, le lecteur ne les connaît finalement que superficiellement, ce qui fait que je ne me suis pas attachée à l'un d'eux.
Ils ont été des personnages qui évoluaient devant mes yeux sans rien de plus, alors que je m'attendais sans doute à ressentir plus d'empathie vis-à-vis d'eux, particulièrement par rapport au côté cruel de ce qu'ils vivent : renaître sans cesse en ayant conscience de ce qui va se passer, de ce que l'on a connu, et surtout des êtres aimés à jamais disparus.
La réflexion sur ce sentiment n'a pas été assez poussé de mon point de vue, je suis un peu frustrée suite à cette lecture car il y avait des idées intéressantes que je m'attendais à voir explorées plus en profondeur.
Là où j'ai été agréablement surprise, c'est de découvrir que ce roman avait été écrit en 1986, il n'a pas vieilli dans le style ni même dans son contenu qui est (toujours) d'actualité, je trouve même cela fascinant la façon dont l'auteur imagine certaines directions prises par le monde et qui se révéleront exactes des années plus tard.
Mais, attendez ... Ken Grimwood ne serait pas venu du futur par hasard pour écrire ce roman ?

"Replay" est un roman qui ne fut pas assez cartésien pour moi et qui m'a laissée mi-figue mi-raisin, une lecture en demi-teinte qui pourra sans doute plaire à d'autres personnes, à chacun de voir.

2 commentaires:

  1. Oh ben mince, j'avais très envie de le lire !!! Et comme on a souvent, très souvent, des avis convergents...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On ne sait jamais !
      D'autant que dimanche au Club quand j'ai donné mon avis certaines Lectrices qui avaient aimé m'ont rejoint dans mon propos.

      Supprimer