dimanche 6 octobre 2013

Légendes d'automne de Jim Harrison


Au fil de ces trois novelas puissantes et sauvages, Jim Harrison compose une tragédie moderne ou la violence, la rédemption et l'amour vibrent à chaque page. De Cochran, l'ancien militaire laissé pour mort, à Tristan Ludlow, parti pour le front de 1914, la vengeance, immuable, est au cœur de leur destin. (10/18)

J'ai lu "Légendes d'automne" de Jim Harrison pour galoper sur un cheval les cheveux au vent avec Brad Pitt, ou dit plus sérieusement, pour découvrir Jim Harrison et la nouvelle à l'origine de ce très beau film.
Elle se mérite cette nouvelle, il faut d'abord lire la sombre mais belle "Une vengeance ..." et "L'homme qui abandonna son nom".
Un point commun entre ces trois nouvelles : la vengeance.
Parce qu'il aime la femme qui ne fallait pas, Cochran en paie le prix fort, tout comme l'objet de son désir.
Mais celui qui est laissé pour mort est finalement bien vivant et n'a plus qu'une idée en tête : se venger et retrouver la femme qu'il aime : "Sa détresse était celle d'un homme qui se laisse entraîner par sa passion aux plus profondes limites de l'être et qui sait qu'un voyage de retour est très improbable.".
Recueilli, soigné, le voilà prêt à reprendre la route : "Je vous souhaite d'échapper à vos ennemis et de trouver votre vengeance, si c'est cela que vous désirez.".
Cette histoire m'a énormément touchée, par son coté sombre et violent, mais également par la forme de beauté qui s'en dégage.
L'écriture de Jim Harrison est simple, précise, nette, et ne rend cette histoire que plus percutante.
C'est d'ailleurs une caractéristique que j'ai ressentie tout au long de ma lecture de ce livre.
Je ne m'attarderai pas trop sur la deuxième nouvelle, je n'ai pas accroché à l'histoire et au personnage, je l'ai trouvée plus fade que la première et sans grand intérêt, d'ailleurs son personnage principal fait également des découvertes sur lui et sur le monde en général qui ne présentent pas non plus un grand intérêt : "Assis sur la souche et pliant sous le poids de son deuil auquel s'ajoutait la mort imminente de cette voûte de feuilles déjà roussies, il comprit confusément que la vie n'était rien d'autre qu'une accumulation d'actes quotidiens et sans cesse répétés.".
Ou alors je suis passée à côté de quelque chose sans m'en rendre compte.
Quant à "Légendes d'automne", c'est une nouvelle d'une beauté troublante, tenue par le personnage de Tristan, un homme sauvage et proche de la nature qui connut dans sa vie des moments d'intense bonheur et à l'inverse, d'intense malheur
Il n'est pas facile de pénétrer dans le cœur de Tristan, Susannah pense y avoir réussi mais elle apprendra à ses dépens qu'il n'en est rien, et c'est la jeune et quelque peu sauvage Isabel II qui y réussira et partagera durant sept ans la vie de Tristan : "Ils dormirent enlacés l'un à l'autre et toute solitude disparut enfin de la terre.".
"Il y a peu de choses à dire au sujet du bonheur; il se contente d'être lui-même, placide, presque somnolent.", mais il y a beaucoup à dire du malheur et c'est presque ce qui se dégage le plus de cette nouvelle et qui viendra toucher si durement Tristan plusieurs fois dans sa vie : "Les anciens qui vivent toujours dans la région se demandent encore aujourd'hui si c'est l'alcool, la prison, le désespoir ou simplement l'avidité qui firent basculer Tristan hors des lois.".
L'amour y est présent à bien des niveaux : celui d'un père pour ses enfants, celui de trois frères, celui envers la nature et plus particulièrement le Montana, au cœur de cette nouvelle, celui d'hommes envers des femmes mais des amours qui ne sont pas toujours payés en retour.
Il est difficile de rester hermétique au personnage de Tristan ainsi qu'à la puissance de cette histoire, c'est sans nul doute celle qui m'a le plus touchée et transportée et si je devais lui faire un tout petit reproche, cela serait d'être trop elliptique à un moment donné.
Avec le recul, le film qui en a été tiré a su garder l'esprit et le côté sauvage de l'histoire et est donc à ce titre une réussite qui se regarde aussi bien avant ou après cette lecture.

Les trois histoires du recueil "Légendes d'automne" ne sont pas réellement des nouvelles mais plus des courts romans contenant une urgence de vie et une explosion de mots qui donnent un rythme effréné au récit et une certaine forme de brutalité qui secoue le lecteur mais dans le bon sens du terme.
L'écriture de Jim Harrison est vivante et passionnée et transporte le lecteur de la même façon, une très belle découverte qui ne peut laisser personne indifférent.

2 commentaires:

  1. J'adore le film, il faudra que je lise le livre, enfin !
    Et je vois que tu lis "Délivrance". J'espère que tu aimeras ! Et je te conseille le film ensuite !!

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    1. J'ai fini par franchir le pas, je ne regrette pas.
      Oui je vais le commencer et sans doute voir le film ensuite, bien que j'appréhende son côté violent.

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