mercredi 9 octobre 2013
Opération vent printanier - L'intégrale de Philippe Richelle et Pierre Wachs
16 et 17 juillet 1942 : sous le nom de code "Opération vent printanier", le gouvernement de Vichy organise une rafle à l'encontre des juifs dans un très grand nombre de villes de la zone occuppée. À paris, 9 000 policiers et gendarmes sous les ordres de René Bousquet arrêtent 13 000 personnes, dont 4 000 enfants que les nazis n'avaient pas formellement réclamés. La moitié d'entre eux est parquée dans un camp de Drancy, les autres au Vélodrome d'Hiver de la rue Nétalon. Quelques jours plus tard, ils seront convoyés vers les camps d'extermination. (France Loisirs)
"Opération vent printanier" est une bande dessinée qui porte mal son nom.
De la-dite opération, plus connue sous l'appellation de Rafle du Vel d'Hiv les 16 et 17 juillet 1942 à Paris et sa proche banlieue, il n'en est finalement que peu question et plutôt de manière elliptique.
"Chroniques de l'Occupation à Paris" aurait sans doute été un titre plus approprié.
Je m'attendais à une histoire centrée sur cette rafle, au final j'ai lu une histoire retraçant les années d'Occupation à Paris à travers le prisme de plusieurs personnages : Charlotte, une jeune parisienne faisant des études pour être dactylo et dont le père est policier, Lucien, un jeune homme juif qui s'occupera de sa petite sœur après l'arrestation de leur parent au cours de la Rafle du Vel d'Hiv, Walter, un jeune soldat allemand qui se liera d'amitié avec Charlotte au point de lui confier le secret qui le ronge et qui causera sa perte, et d'autres parisiens, qui choisissent de collaborer ou bien d'entrer dans la résistance.
Charlotte a l'insouciance de son âge et de la jeunesse, elle fait ses études, sort avec ses ami(e)s, croise le chemin de Walter avec qui elle se lie d'une amitié sincère les conduisant l'un et l'autre à se confier leurs secrets : "Elle ne peut pas concevoir qu'un garçon et une fille soient simplement de bons camarades. Comme je n'arrivais pas à la convaincre, j'ai failli lui dire que vous ... enfin ... mais je n'ai rien dit, rassurez-vous ...", et tombe amoureuse de Lucien dont elle sera séparée par les événements consécutifs à la Rafle : "Le problème, c'est que la seule idée que je pourrais ne plus le revoir me terrorise.".
Il y a donc les gentils, les méchants, et ceux qui restent neutres et se laissent porter par le courant.
C'est donc globalement gentil, d'autant plus que l'histoire met un peu de temps à se mettre en place et ne décolle réellement que dans la deuxième partie.
Outre le fait que la Rafle soit finalement si peu présente à l'image, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'ellipses narratives et que le temps passait finalement trop vite, ceci étant flagrant dans le deuxième volume qui s'empresse presque de s'achever et laisse quelque peu le lecteur sur sa fin.
Le scénario de Philippe Richelle n'est pas toujours bien exploité : certains événements sont passés sous silence alors que d'autres, comme le rôle des policiers dans la Rafle et le fait que certains aient prévenu des Juifs des rafles à venir : "Parmi nos collègues, un certain nombre ont obéi aveuglément. D'autres, comme votre père et moi, n'ont pas hésité à se mettre en porte-à-faux par rapport à leur hiérarchie pour sauver des innocents ... il en allait de la fierté de la police française, n'est-ce pas ?", sont mis en valeur.
Au final, je m'interroge si l'objectif de cette bande dessinée était de revenir sur le drame de la Rafle du Vel d'Hiv ou bien de mettre en avant le fait que certains policiers ont refusé l'obéissance passive aux ordres d'arrêter leurs concitoyens, ou alors les deux à la fois.
Quant aux enfants, il n'en est finalement que peu question et c'est regrettable, tout comme les quelques dernières lignes sur le devenir de Walter, laissant à penser que Charlotte a complètement oublié son ami et ne soucie même plus de son sort, ce qui n'est pas le cas du lecteur.
Les dessins de Pierre Wachs sont quant à eux réussis, j'ai particulièrement aimé le soin qu'il a apporté à montrer les vêtements et les coiffures d'époque, surtout chez les femmes.
"Opération vent printanier" n'est pas une bande dessinée révolutionnaire sur la Seconde Guerre Mondiale, elle se revendique de mettre en lumière la Rafle du Vel d'Hiv ce qui au final n'est pas si vrai, mais elle a le mérite de présenter une chronique de la vie sous l'Occupation à Paris qui n'est pas totalement dénuée d'intérêt.
A lire plus pour son histoire romancée que pour la grande Histoire qui ne sert que de toile de fond et qui n'apporte finalement pas de nouvelle(s) connaissance(s) au lecteur.
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