samedi 7 décembre 2013

Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne



Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus. (AlloCiné)



Certains passent des années en psychothérapie pour évacuer les traumatismes de leur enfance, pour Guillaume Gallienne, c'est à travers la scène et un spectacle devenu aujourd'hui un film qu'il a exorcisé ses démons.
Dernier rejeton d'une famille bourgeoise, il est mis de côté par son père car il n'aime pas le sport ou toute autre activité à consonance masculine, tandis qu'il cherche à briller aux yeux de sa mère, la femme qu'il admire le plus au monde et à laquelle il s'identifie, dans un souci de lui plaire car en dernier enfant elle aurait bien voulu une fille plutôt qu'un garçon, et que ses deux frères le chambrent pour son côté efféminé.
Heureusement qu'il y a sa grand-mère, sans doute la personne de sa famille qui le comprend le mieux et l'accepte tel qu'il est.
Sinon pour ses parents, particulièrement sa mère, il rate tout ce qu'il entreprend, passe son temps à geindre et à gémir sur son sort, bref, il faut éloigner cet enfant si peu conforme aux attentes en le mettant dans une pension en province, puis en Angleterre (plus c'est loin, mieux c'est).



Aux yeux de sa famille, Guillaume est homosexuel.
Mais ce n'est pas la raison pour laquelle il s'amourache de garçons dans sa pension privée anglaise très chic, puisqu'il est persuadé être une fille, il n'y a rien de plus normal pour une fille que d'être amoureuse d'un garçon.
Tout comme il n'y a rien de répréhensible à vouer une admiration sans borne à la mère de Sissi et par ricochet aux ducs de Bavière, et à aimer se déguiser avec sa couette pour en faire une robe.
Tout cela peut faire rire, d'ailleurs c'est réussi puisque le public rit énormément, mais derrière cela il y a beaucoup de gravité et une forme de malheur, de mal être.
A force d'entendre dire qu'il aime les garçons et qu'il ne peut pas en être autrement, Guillaume Gallienne s'est posé beaucoup de questions, il s'est cherché pendant longtemps, a suivi plusieurs thérapies et a essayé d'être avec des garçons, pour voir si le contact passait, si la petite étincelle était là.
Cela va chercher très loin, c'est grave d'en arriver au point de détruire ou presque psychologiquement son propre enfant parce qu'il n'est pas conforme à ce que l'on attendait.
Finalement, Guillaume a rencontré Amandine au cours d'un dîner chez une amie, depuis il vit très heureux avec elle.



"Les garçons et Guillaume, à table !" n'est pas qu'un film drôle, il y a de l'émotion et c'est ce juste mélange qui en fait toute sa force et sa beauté.
Il y a des passages extrêmement drôles, certains où il est même difficile de s'arrêter voire où on hurlerait de rire, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri au cinéma; et puis à côté, il y a des passages très émouvants.
Guillaume Gallienne réussit la performance d’interpréter son propre rôle et celui de sa mère, c'en est bluffant.
C'est une véritable performance qu'il livre devant la caméra qu'il dirigeait lui-même, car comme le dit la maxime : "On n'est jamais mieux servi que par soi-même".
Il a un don remarquable pour raconter les gens et les choses sans jamais s'apitoyer sur son sort et en réussissant toujours à faire rire, ce n'est pas dû à tout le monde mais Guillaume Gallienne s'en sort haut la main pour sa première réalisation issue de son spectacle.
Le casting y est également pour beaucoup car les seconds rôles sont tous plus savoureux les uns que les autres et le manque d'artifice pour rajeunir les personnages ne gêne absolument pas, bien au contraire, comme c'était déjà le cas dans "Camille redouble".


Il n'est pas étonnant que "Les garçons et Guillaume, à table !" soit devenu un phénomène dès sa sortie, c'est une véritable bouffée d'oxygène dans le cinéma français et un très bon remède à la morosité ambiante, passer un bon moment est en effet une garantie.
Alors, si ce n'est déjà fait, il est encore temps de courir dans une salle obscure pour voir ce film français qui fait incontestablement partie des meilleurs de cette année 2013 !

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