samedi 12 septembre 2015

La belle saison de Catherine Corsini



1971. Delphine, fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial et gagner son indépendance financière. Carole est parisienne. En couple avec Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole se rencontrent, leur histoire d'amour fait basculer leurs vies. (AlloCiné)


De Catherine Corsini, j’avais vu "Partir", avec une Kristin Scott-Thomas déchirée entre son mari qu’elle n’aime plus et son amant qu’elle aime à la folie.
Et puis il y a eu ce film, "La belle saison", qui m’a attirée pour son titre, son histoire, mais surtout pour ses deux actrices.
Certes, Cécile de France a déjà joué le rôle d’une homosexuelle dans des films de Cédric Klapisch, mais il y a ici une dimension historique qu’il n’y a pas dans les films de ce dernier.
Et puis Izïa Higelin, je la connais surtout pour ses performances scéniques en tant que chanteuse, alors après "Samba" j’avais envie de voir si elle garderait la même énergie à l’écran.
Et bien j’ai été enchantée par le jeu de ces deux actrices et le couple qu’elles forment à l’écran.
Je trouve qu’Izïa Higelin a un côté lumineux qui ressort particulièrement à l’écran de par son jeu, même dans ce rôle moins gai pour lequel on ne penserait pas forcément à elle en premier lieu.
Delphine, son personnage, n’est pas complètement émancipée. Elle a certes quitté la ferme de ses parents pour la capitale, mais elle a du mal à assumer non pas son homosexualité mais sa relation avec Carole, particulièrement vis-à-vis de sa mère.
Elle se soucie trop de ce que penseront les gens, de ce qu’ils pourraient voir, de ce qu’ils pourraient dire.
Et si pendant un temps l’histoire laisse à penser que leur amour est bien parti pour durer, le carcan que Delphine s’impose à elle-même va empiéter sur sa relation avec Carole.
Même si cela se passe en 1971, je ne suis pas sûre pour autant qu’aujourd’hui des personnes ne s’imposent pas les mêmes contraintes que Delphine, ce qui en fait finalement un film de quasi actualité.
Le personnage de Carole est lui aussi très intéressant, car elle est en couple avec Manuel lorsqu’elle rencontre Delphine, elle aussi au début lutte et dit qu’elle n’aime pas les filles, pourtant elle va aimer Delphine.
Elle ne vient clairement pas du même milieu que Delphine, elle appartient à un certain cercle intellectuel à Paris et participe activement aux débuts du féminisme, pourtant elle va finir par foutre en l’air son petit confort, sa gentille relation bien comme il faut pour suivre Delphine retournée dans l’exploitation familiale à la suite de l’accident vasculaire de son père.
Parce qu’elle aime Delphine et qu’elle ne peut plus vivre sans elle.
C’est aussi pour cela qu’elle va accepter de ne rien dire face à la mère de Delphine, se faire passer juste pour une amie, attendre patiemment que Delphine s’accepte et fasse accepter aux autres leur relation.


Outre les relations entre les deux personnages féminins, ce film m’a aussi plu car il s’intéresse au féminisme dans les années 70.
C’est d’ailleurs en quelque sorte un hommage rendu à toutes les femmes qui se sont engagées dans ce mouvement.
J’ai failli rire à la scène de rencontre entre les deux personnages car Carole avec d’autres féministes sont en train de mettre la main aux fesses des hommes croisés dans la rue, un geste que ces messieurs n’apprécient pas alors qu’ils ne se gênent pas pour le faire dans le cas contraire.
Failli rire parce que c’est une idée que j’ai évoqué plusieurs fois de mettre en pratique, pour voir les réactions.
Je n’ai absolument rien inventé et d’autres l’ont fait avant moi, si le féminisme a progressé depuis quelques dizaines d’années il reste encore du chemin à faire.
J’ai pu voir les débuts du féminisme, l’organisation du mouvement, je ne savais finalement que peu de choses là-dessus et le personnage de Carole vient éclairer Delphine sur tout cet aspect, et le spectateur qui comme moi n’a pas connu cette époque.
Là où Catherine Corsini aurait pu tomber dans la facilité en présentant des personnages masculins caricaturaux elle ne le fait pas.
Car les rares personnages masculins ne cherchent jamais à attacher la femme, à l’empêcher d’évoluer. Ils la soutiennent au contraire, à l’image du compagnon de Carole.
Si je devais reprocher un tout petit quelque chose à ce film, cela serait une mise en scène qui a parfois tendance à rabâcher les choses, ainsi il n’était peut-être pas utile de montrer cinq fois Delphine sur un tracteur, tout le monde a bien compris qu’elle fait et tient la place d’un homme dans la ferme.
D’un autre côté, il y a aussi de très belles scènes qui se passent de dialogues pour être comprises, tout comme les scènes de nudité ne sont pas superflues mais contribuent à renforcer la passion qui habite les deux personnages.



Avec "La belle saison" de Catherine Corsini il n’y a pas à en douter, en cette rentrée l’amour est bel et bien dans le pré.



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