1971.
Delphine, fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial
et gagner son indépendance financière. Carole est parisienne. En couple avec
Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole
se rencontrent, leur histoire d'amour fait basculer leurs vies. (AlloCiné)
De Catherine
Corsini, j’avais vu "Partir", avec une Kristin Scott-Thomas déchirée
entre son mari qu’elle n’aime plus et son amant qu’elle aime à la folie.
Et puis il y
a eu ce film, "La belle saison", qui m’a attirée pour son titre, son
histoire, mais surtout pour ses deux actrices.
Certes,
Cécile de France a déjà joué le rôle d’une homosexuelle dans des films de
Cédric Klapisch, mais il y a ici une dimension historique qu’il n’y a pas dans
les films de ce dernier.
Et puis Izïa
Higelin, je la connais surtout pour ses performances scéniques en tant que
chanteuse, alors après "Samba" j’avais envie de voir si elle
garderait la même énergie à l’écran.
Et bien j’ai
été enchantée par le jeu de ces deux actrices et le couple qu’elles forment à
l’écran.
Je trouve
qu’Izïa Higelin a un côté lumineux qui ressort particulièrement à l’écran de
par son jeu, même dans ce rôle moins gai pour lequel on ne penserait pas forcément
à elle en premier lieu.
Delphine,
son personnage, n’est pas complètement émancipée. Elle a certes quitté la ferme
de ses parents pour la capitale, mais elle a du mal à assumer non pas son
homosexualité mais sa relation avec Carole, particulièrement vis-à-vis de sa
mère.
Elle se
soucie trop de ce que penseront les gens, de ce qu’ils pourraient voir, de ce
qu’ils pourraient dire.
Et si
pendant un temps l’histoire laisse à penser que leur amour est bien parti pour
durer, le carcan que Delphine s’impose à elle-même va empiéter sur sa relation
avec Carole.
Même si cela
se passe en 1971, je ne suis pas sûre pour autant qu’aujourd’hui des personnes
ne s’imposent pas les mêmes contraintes que Delphine, ce qui en fait finalement
un film de quasi actualité.
Le personnage
de Carole est lui aussi très intéressant, car elle est en couple avec Manuel
lorsqu’elle rencontre Delphine, elle aussi au début lutte et dit qu’elle n’aime
pas les filles, pourtant elle va aimer Delphine.
Elle ne
vient clairement pas du même milieu que Delphine, elle appartient à un certain
cercle intellectuel à Paris et participe activement aux débuts du féminisme,
pourtant elle va finir par foutre en l’air son petit confort, sa gentille
relation bien comme il faut pour suivre Delphine retournée dans l’exploitation
familiale à la suite de l’accident vasculaire de son père.
Parce
qu’elle aime Delphine et qu’elle ne peut plus vivre sans elle.
C’est aussi
pour cela qu’elle va accepter de ne rien dire face à la mère de Delphine, se
faire passer juste pour une amie, attendre patiemment que Delphine s’accepte et
fasse accepter aux autres leur relation.
Outre les
relations entre les deux personnages féminins, ce film m’a aussi plu car il
s’intéresse au féminisme dans les années 70.
C’est
d’ailleurs en quelque sorte un hommage rendu à toutes les femmes qui se sont
engagées dans ce mouvement.
J’ai failli
rire à la scène de rencontre entre les deux personnages car Carole avec
d’autres féministes sont en train de mettre la main aux fesses des hommes
croisés dans la rue, un geste que ces messieurs n’apprécient pas alors qu’ils
ne se gênent pas pour le faire dans le cas contraire.
Failli rire
parce que c’est une idée que j’ai évoqué plusieurs fois de mettre en pratique,
pour voir les réactions.
Je n’ai
absolument rien inventé et d’autres l’ont fait avant moi, si le féminisme a
progressé depuis quelques dizaines d’années il reste encore du chemin à faire.
J’ai pu voir
les débuts du féminisme, l’organisation du mouvement, je ne savais finalement
que peu de choses là-dessus et le personnage de Carole vient éclairer Delphine
sur tout cet aspect, et le spectateur qui comme moi n’a pas connu cette époque.
Là où
Catherine Corsini aurait pu tomber dans la facilité en présentant des
personnages masculins caricaturaux elle ne le fait pas.
Car les
rares personnages masculins ne cherchent jamais à attacher la femme, à
l’empêcher d’évoluer. Ils la soutiennent au contraire, à l’image du compagnon
de Carole.
Si je devais
reprocher un tout petit quelque chose à ce film, cela serait une mise en scène
qui a parfois tendance à rabâcher les choses, ainsi il n’était peut-être pas
utile de montrer cinq fois Delphine sur un tracteur, tout le monde a bien
compris qu’elle fait et tient la place d’un homme dans la ferme.
D’un autre
côté, il y a aussi de très belles scènes qui se passent de dialogues pour être
comprises, tout comme les scènes de nudité ne sont pas superflues mais
contribuent à renforcer la passion qui habite les deux personnages.
Avec "La
belle saison" de Catherine Corsini il n’y a pas à en douter, en cette
rentrée l’amour est bel et bien dans le pré.
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