samedi 3 février 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 7 de Keiji Nakazawa


Dans ce septième volume qui se déroule sur quelques semaines seulement (de la fin de l'été au début de l'automne 1949), et où les pénuries se font moins cruelles, la situation semble s'améliorer un peu pour Gen et les siens. L'une des préoccupations essentielles de nos jeunes héros devient maintenant de laisser à la postérité un témoignage de l'horreur qu'ils ont vécue. Cependant, ils vont de nouveau être frappés par un terrible coup du sort. (Vertige Graphic)

Ce septième volume de "Gen d'Hiroshima" se déroule de nouveau sur une période condensée : de la fin de l'été au début de l'automne 1949.
"Le feu appelant le feu, Hiroshima se transforma peu à peu en un immense brasier.", ces mots résonnent toujours, quatre ans après la fin de la guerre.
La bombe atomique n'a toujours pas fini de révéler toute l'ampleur de son horreur, les protagonistes vont encore une fois en faire l'amère expérience, entre le père adoptif des enfants abandonnés qui se révèle mourant et la mère de Gen qui, bien que sortie de l'hôpital, n'en a plus que pour quelques semaines à vivre.
Le vieil homme qui avait accepté de s'occuper des orphelins amis de Gen pour retrouver goût à la vie est rattrapé par les radiations, il crache du sang mais a écrit un livre, un témoignage sur la guerre qu'il veut à tout prix faire éditer.
Sauf qu'aucun éditeur n'accepte, pour ne pas se mettre mal avec les Américains, Gen a alors l'idée d'en parler à Monsieur Pak, son ancien voisin Coréen, qui ne porte ni les Japonais ni les Américains dans son cœur, et accepte de faire imprimer le livre : "Ça ne doit jamais se reproduire. Alors si vous devez faire un livre pour faire connaître la bombe, je vous aiderai.".
En le lisant, tous les enfants replongent une nouvelle fois dans l'horreur de la guerre et de la journée funeste où la bombe atomique a été lâchée sur Hiroshima, le lecteur aussi par la même occasion : "Les brûlures de ceux qui étaient en noir étaient particulièrement horribles. La chaleur de l'explosion avait imprimé le dessin de leurs vêtements sur leur peau. Seuls les habits blancs étaient encore intacts.".

Le bombardement atomique et ses répercussions est au cœur de cet ouvrage, si depuis quelques tomes le lecteur n'avait plus de visions d'horreur elles reviennent ici en plein cœur de l'ouvrage et lui rappellent que les scènes de chaos, d'agonie et de mort qui ont suivi sont inoubliables, dans le sens terrible du terme.
Gen va se trouver confronter à un nouveau drame, outre le retour de son frère aîné qui non seulement n'a pas gagné d'argent mais a dilapidé le peu de monnaie qu'il avait dans l'alcool, c'est sa mère qui cette fois-ci n'en a plus pour longtemps à vivre.
Il aura le temps de l'amener à Kyoto pour un dernier voyage auquel elle tenait, elle aura le temps de raconter à ses enfants survivants sa rencontre avec leur père, puis elle mourra.
Et qu'elle ne sera pas la surprise en faisant incinérer son corps de découvrir qu'il n'y a plus aucun os dans son corps, tous rongés par les radiations de la bombe (là encore c'est véridique, c'est ce qu'a vécu et découvert l'auteur lors de la mort et de l'incinération de sa mère).
Le monde n'a toujours pas fini de découvrir les effets de la bombe, les victimes continuent d'en souffrir et les personnages de cette histoire se trouvent bien seuls confrontés à tout cela : "Il faut être deux pour se battre, pourquoi on est les seuls à payer ?".
Toutefois, il y a moins de privation, l'économie du pays repart ainsi que l'industrie du cinéma, mais c'est une nouvelle chasse qui se met en oeuvre : celle des communistes.
Gen et Ryûta se retrouvent prisonniers, des personnes cherchent à les transformer en espion mais ils parviennent à être relâchés grâce à la ruse.
A travers cet épisode, l'auteur aborde les tortures et les méthodes de l'armée Américaine sous le nom de code "Cellule Z", méthodes qui finiront par provoquer un scandale national en 1952 lorsque réapparaîtra un romancier qui révélera avoir été séquestré et torturé pendant des mois sans motif ni jugement.
Encore un pan de l'histoire passé sous silence que j'ai découvert dans ce tome.

A la fin de ce septième tome les interrogations sont nombreuses quant au devenir de Gen et de ses frères, et surtout comment le garçon va continuer à se reconstruire, sans adultes désormais à ses côtés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire