vendredi 16 février 2018

La métamorphose de Franz Kafka


«Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. [...] "Que m'est-il arrivé?" pensa-t-il. Ce n'était pas un rêve. [...] "Et si je continuais un peu à dormir et oubliais toutes ces bêtises", pensa-t-il, mais cela était tout à fait irréalisable, car il avait coutume de dormir sur le côté droit et il lui était impossible, dans son état actuel, de se mettre dans cette position. Il avait beau se jeter de toutes ses forces sur le côté droit, il rebondissait sans cesse sur le dos.» (Gallimard - Folio)

Je suis allée à Prague, je me suis dit à mon retour qu'il serait de bon ton de lire au moins une oeuvre de Franz Kafka, mon choix s'est porté sur "La métamorphose".
Le principe est simple : un beau matin Gregor Samsa, jeune voyageur de commerce, tente de se lever de son lit mais la surprise qui l'attend est de taille : "En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte.".
Gregor est sur le dos, il n'arrive pas à se redresser ni même à bouger, derrière la porte sa famille (son père, sa mère et sa sœur) s'inquiètent car d'ordinaire il est déjà parti au travail.
Un représentant de son employeur passe, la voix de Gregor commence à le trahir et c'est l'horreur lorsqu'il entrouvre la porte de sa chambre et que sa famille le voit ainsi.
Sa famille l'enferme dans sa chambre tout en décidant de le garder, Gregor vit dans une solitude terrible alors qu'il ne demande qu'un peu d'amour mais se transforme bien vite en charge pour sa famille : sans rentrée d'argent tous sont obligés de travailler tout en le cachant aux yeux du monde.
Quel sera l'impact et la conséquence de cette métamorphose ?

C'est une nouvelle, soit un texte court, néanmoins le style de Franz Kafka en fait une oeuvre qu'il faut prendre le temps de découvrir et d'analyser.
Si la métamorphose de Gregor est aussi soudaine qu'inexpliquée, elle va engendrer une propre métamorphose au sein de la famille : le père va voir remonter des envies de meurtre à l'égard de son propre fils et passer d'un statut apathique à vigoureux, la mère va le prendre en pitié tout en étant incapable de le regarder sans s'évanouir, quant à la sœur elle va s'en occuper jusqu'au jour où elle décide de se prendre en main, ainsi que le reste de sa famille, et précipite le rejet de Gregor, ce frère devenu bien encombrant sous sa forme d'insecte.
C'est à cette métamorphose que le lecteur assiste, ainsi qu'au rejet et à la chute du pauvre Gregor transformé malgré lui en un insecte répugnant, et c'est sans doute cette métamorphose qui donne son titre à la nouvelle, et non celle de Gregor.
Il y a évidemment beaucoup de Franz Kafka dans cette nouvelle, écrite très rapidement et suite à une difficulté de l'auteur de s'extraire de son lit un matin tant il attendait une lettre d'une jeune femme rencontrée quelques temps auparavant.
Je m'attendais à découvrir un peu Prague dans cette nouvelle, c'est plutôt raté car l'action est concentrée dans un huis-clos familial, par contre j'ai aimé le style incisif et sombre de Franz Kafka, ce qui m'a donné envie de lire d'autres récits où j'aurai peut-être un peu plus de chance d'y retrouver Prague.

Première incursion dans l'univers de Franz Kafka avec "La métamorphose", je vais bien entendu continuer mon exploration avec d'autres de ses récits.


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