dimanche 11 février 2018

Voyage aux îles de la Désolation d'Emmanuel Lepage


Pour la mer — afin de la comprendre et de savoir la dessiner —, pour les Terres australes — qui sont comme la promesse d’un temps qui n’est plus —, en mars et avril 2010, pendant plusieurs semaines, Emmanuel Lepage a embarqué sur le Marion Dufresne, au départ de Saint-Denis de La Réunion, pour faire le voyage dans les T. A. A. F., les Terres Australes et Antarctiques Françaises. Les Terres australes : îles de Crozet, d’Amsterdam, de Saint-Paul et, la plus connue, de Kerguelen, jadis surnommées les îles de la Désolation. Des confettis d’empire, égarés dans l’immensité bleue à des milliers de kilomètres de toute terre habitée. Îles inconnues, sauvages, inhospitalières, mystérieuses. Battues par des vents violents, elles ne comptent d’humains que les scientifiques, de toutes disciplines, venus le temps de missions pouvant durer plusieurs mois, et les quelques militaires et contractuels chargés de faire fonctionner leurs bases d’habitation et de travail. Emmanuel Lepage, le Breton, en toute contradiction, n’avait jamais pris la mer. Il a été servi ! Cap au Sud ! (Futuropolis)

J'étais prévenue, une oeuvre d'Emmanuel Lepage est d'une beauté à couper le souffle, mais j'ai tout de même été surprise, et éblouie.
Pour ce récit, Emmanuel Lepage a pris la mer, direction les Terres Australes, à bord du Marion Dufresne en compagnie de scientifiques, pour essayer d'approcher ces îles lointaines, si sauvages et si belles : Crozet, Amsterdam, Saint-Paul, Kerguelen.
Belles et fascinantes, j'ajouterai : "Il me faudrait des jours, des semaines,, des mois même, pour appréhender ces lieux, en saisir l'essence, percer l'étrange fascination qu'ils exercent. Mais le temps manque et je ne suis pas seul. Une sourde frustration s'installe en moi et ne me quittera plus. Je ne fais que passer.", autant pour le lecteur que pour Emmanuel Lepage qui malgré sa crainte réussit à retranscrire toute la complexité et la beauté de ces paysages, de ces îles qui aujourd'hui ne servent que pour la recherche et qu'il faut préserver le plus possible de l'empreinte humaine.
Cette bande dessinée a un aspect documentaire intéressant à explorer et à découvrir, d'autant que ce sont des endroits que peu de personnes fréquentent et que le commun des mortels n'a même aucune chance d'aborder de près.
C'est aussi une aventure humaine que vit Emmanuel Lepage, en rencontrant des scientifiques, des personnes habituées à ces îles qui y retournent régulièrement dans le cadre de leur travail, mais aussi les marins du Marion Dufresne, toutes ces personnes enrichissant à la fois l'auteur et le lecteur par leurs anecdotes, leurs souvenirs.
Ce fut une communauté, des liens qui se créèrent comme seul une odyssée de ce type le permet : "C'est le crépuscule de notre communauté. Celle du Marion. Nous chemins vont s'éloigner, nous nous perdrons sans doute de vue, mais cela n’altérera en rien l'intensité de ce que nous avons vécu ensemble.", comme j'aurai aimé en faire partie !
Comme j'aimerai voir ces endroits au moins une fois dans ma vie !
Emmanuel Lepage offre des dessins qu'une qualité exceptionnelle, les paysages de ces îles sont à couper le souffle, il y a des planches en pleine page dont le terme magnifique pour les qualifier est encore trop peu, non seulement j'ai voyagé mais j'ai aussi eu l'impression d'être transportée dans un autre monde, voire sur une autre planète.
Difficile d'imaginer que de tels paysages existent bien sur Terre, c'est pourtant le cas et cette bande dessinée a le mérite de les mettre en lumière.
J'ai également été très sensible à la dimension écologique de ce récit, il met en lumière l'importance de préserver ces paysages et les espèces animales qui les peuplent, d'autant que l'on peut voir les dégâts que le présence de l'Homme ont pu causer à certains endroits.
Et alors je suis littéralement sous le charme du coup de crayon d'Emmanuel Lepage.

"Voyage aux îles de la désolation" est une bande dessinée de toute beauté qui invite au voyage et qui permet à chacun de s'enrichir sur un plan personnel, un voyage littéraire qui m'a bouleversée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire