samedi 30 mars 2013

Histoire du tableau de Pierrette Fleutiaux


Les jeunes femmes enseignantes de français s'en vont parfois exercer leur métier à l'étranger. Il a été prévu un visa d'échange pour cela, des universités prestigieuses pour les maris et des écoles françaises pour les enfants.
Mais ce qui n'a pas été prévu, c'est le peintre, rencontré par hasard dans le bas de la ville, bas-fond à vrai dire, et le peintre ne serait rien, mais il y a le tableau du peintre, et le tableau du peintre ne serait rien encore, mais il y a les couleurs du tableau du peintre ...
Et alors il ne s'agit plus de visa d'échange, ni d'enseignement, ni de mari, ni même d'enfant. Certains parleront d'empoisonnement, d'autres d'ensorcellement ... (Folio)

Il me semblait bien que le nom de l'auteur ne m'était pas inconnu et pour cause, j'ai lu il y a quelques années son livre "Nous sommes éternels" ayant reçu le Prix Femina en 1990, et je n'avais franchement pas aimé.
Afin de ne pas rester sur cette mauvaise impression j'ai lu, sans a priori, cette "Histoire du tableau" et le verdict est sans appel : le style et les histoires de Pierrette Fleutiaux ne sont pas faites pour moi.
Ca commence comme une histoire mystérieuse d'une femme mariée qui rencontre un peintre et éprouve une fascination inquiétante pour l'une de ses oeuvres et ça part dans une folie qui m'a laissée sur le bord de la route.
La narration est faite exclusivement à la première personne du singulier, par la-dite femme, mais elle est quasiment le seul personnage de tout le roman, si bien que cet enfermement du lecteur sur un personnage m'a laissé un arrière goût de claustrophobie.
Pour ne pas arranger les choses, j'ai trouvé ce personnage insipide : "Mon âme n'est pas aventureuse et je ne suis pas bohème.", la suite prouvera le contraire, "Je redoute les tracas et les responsabilités, et habituellement je cherche plutôt à les éviter qu'à leur trouver des solutions.", sur la première partie elle a raison quant à la suite elle ne pas éviter les tracas, elle va sauter dedans à pieds joints, s'y vautrer voire même s'y complaire pour finir par se réveiller, mais d'un oeil uniquement.
"Il n'y avait plus alors qu'à se livrer à l'incendie, y jeter tous les morceaux de sa chair, et dans ce grésillement vorace, jouir jusqu'à la dernière braise, jusqu'à la dernière cendre. Et peut-être après y aurait-il cette innocence dont parlent les livres.", je n'ai décidément pas compris ce personnage : si ce peintre exerçait un tel attrait sur elle, pourquoi ne pas aller au bout de sa passion avec lui ? Ce n'est certainement pas son mari et ses enfants qui la retiennent car la narratrice laisse entendre que des coups de canif dans le contrat il y en a eus quelques fois.
Certes, elle va au bout de sa passion pour le tableau en l'achetant et à partir de là sombre tout doucement dans la folie.
Cela aurait pu être intéressant mais l'histoire tombe dans la folie, dans un kaléidoscope de couleurs qui ponctuent désormais la vie de la narratrice, je n'y ai rien compris et je me suis ennuyée à la lecture avec l'impression de ramer dans le sable.
L'auteur étant focalisée sur son personnage féminin elle ne laisse que quelques indices sur l'endroit de l'histoire. J'ai vite compris qu'il s'agissait de New-York, mais pourquoi ne pas le dire explicitement ?
A force de se concentrer sur son personnage et sa fascination du tableau, plus particulièrement sur ses couleurs, l'auteur en a oublié quelques éléments essentiels d'une histoire, notamment le lieu géographique où se situe l'action, ou donner des noms à ses personnages, à commencer par sa narratrice.
C'est peut-être accessoire pour elle mais ça ne l'est pas pour moi, j'aime savoir où je mets les pieds avec une histoire et avec qui.
Ensuite, à force de parler des couleurs du tableau, de livrer mille visions toutes différentes les unes des autres de son héroïne, l'auteur m'a littéralement perdue.
Je ne sais pas à quoi ressemble ce tableau, je ne peux que l'imaginer comme un ramassi de couleurs sans queue ni tête, comme l'histoire d'ailleurs, au moins on s'accorde sur ce point-là.
Outre la claustrophobie évoquée plus haut, je me suis également sentie étouffée par la construction du roman : pas de chapitre, l'histoire est balancée d'une seule traite au lecteur et uniquement ponctuée de quelques espacements.
En somme, une lecture laborieuse pour une révélation finale très loin d'être fracassante ni même originale.

Pierrette Fleutiaux est clairement une auteur qui n'est pas faite pour moi, son "Histoire du tableau" m'a prodigieusement agacée et à aucun moment charmée.
Je n'aime ni ses histoires toujours tarabiscotées dont je n'arrive pas à comprendre l'intérêt ni son style littéraire, j'ai essayé mais la rupture est définitive.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices

Livre lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2013

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