dimanche 27 octobre 2013

Hate List de Jennifer Brown


Lorsque Valérie franchit le seuil du lycée, elle sait que rien ne sera plus jamais pareil. Cinq mois plus tôt, Nick, son petit ami, a ouvert le feu dans la cafétéria de l’école, tuant une dizaine d’élèves avant de se suicider. Des élèves agaçants, pénibles et arrogants qui figuraient sur la liste que Valérie et Nick ont tenue pour se défouler. Pourquoi ce qui n’était qu’un jeu est devenu un drame ? Comment va-t-on accueillir son retour au lycée ? Est-elle aussi coupable que Nick ? (Albin Michel Jeunesse)

Tout le monde ou presque a entendu parler au moins une fois des tueries en milieu scolaire, l'une des plus célèbres, ou tout du moins des plus évoquées au cinéma, étant celle de Columbine.
La fusillade scolaire est une partie de ce roman, l'autre s'attachant particulièrement au retour de Valérie au lycée pour sa dernière année et aux émotions qui habitent ce personnage et son entourage.
C'est par le biais d'articles de presse et des souvenirs de Valérie que le lecteur découvre ce qui s'est passé ce matin du 2 mai 2008 lorsque Nick, le petit ami de Valérie, a ouvert le feu sur les personnes présentes dans la cafétéria, plus particulièrement sur celles figurant dans leur liste de la haine.
La liste de la haine, c'est tout simplement les noms des personnes qu'ils ne supportent pas, celles qui se moquent d'eux parce qu'ils sont différents, qui prennent un malin plaisir à les ridiculiser en public ou à les ignorer.
Je ne fais pas l'apologie du principe d'une liste de la haine, mais c'est quelque chose que chacun pourrait faire à un moment donné de sa vie, sans pour autant mettre à exécution un tel plan meurtrier.
Cela fait-il de Valérie une coupable, au même titre que Nick, même si elle n'a tiré sur personne ? Cela doit-il la rendre mauvaise aux yeux de tous, à commencer par ceux de ses propres parents qui n'ont plus aucune confiance en elle, voire même ont envie de la rayer de leur existence ?
Valérie est rejetée par son père et coupable aux yeux de sa mère :  "Parce que c'était moi la méchante. Quoi que je dise, quoi que je fasse, jamais je ne changerais aux yeux de ma mère.".
Elle a l'impression que personne ne la comprend, ses anciens amis ne lui adressent plus la parole et chose encore plus surprenante, c'est une de ses anciennes ennemies qui désormais souhaite être son amie.
Aux yeux de Valérie, la seule personne qui la comprenait, c'était Nick, avec qui elle vivait une relation fusionnelle, sans doute trop : "Toi et moi contre le monde entier. Juste nous deux.".
C'est également par le biais de la voix de Valérie que le lecteur découvre la vie actuelle de cette jeune fille, ce qu'elle ressent et comment elle vit son retour au lycée, sa vie familiale, ses relations avec les autres : "En réalité, la plupart du temps, j'avais beau prendre sur moi, j'étais incapable d'éprouver de la reconnaissance. Et j'aurais été incapable de dire dans quel état je me sentais : triste, parfois, ou soulagée, ou alors confuse, ou incomprise. Mais très souvent, en colère.".
Ce roman pose beaucoup de questions mais au final n'y répond pas vraiment, ou plutôt, de manière simplifiée.
Le personnage de Valérie est très complexe, que la narration se fasse à la première personne du singulier était une évidence, maintenant je suis plus partagée sur la fin de ce roman qui résout un peu trop facilement certains points tout en laissant une porte ouverte, comme si l'auteur s'était ménagée la possibilité d'écrire une suite.
Après avoir lu tant de noirceur, de colère, de douleur, je ne m'attendais pas à ce type de fin et je ne suis pas persuadée qu'il fallait à tout prix délivrer un message d'espoir.
Il y a des passages très beaux, très forts en émotion, de la justesse dans le récit et la réaction des personnages, mais il y a aussi, malheureusement, quelques clichés (par exemple une professeur d'art décalée) qui font que cette lecture, bien qu'étant intéressante, ne me laissera pas non plus un souvenir indélébile.
Jennifer Brown a su se placer dans la tête d'une adolescente de dix-sept ans, elle pose bien souvent des questions justes, notamment sur la façon dont Valérie appréhende son retour au lycée ou la réaction des autres personnes vis-à-vis de ce qui s'est passé quelques mois plus tôt, elle a construit des dialogues intelligents entre Valérie et ses parents, mais elle tombe aussi dans la facilité, notamment par rapport à la relation entre Valérie et son psychothérapeute, je doute qu'une seule année suffise pour régler tous les traumatismes de Valérie, c'est peu crédible; et manque parfois de noirceur et d'une certaine forme de maturité dans la trame de son histoire.
Finalement, la violence n'est présente que par le jeu des flashbacks, comme si l'auteur n'avait pas voulu s'y risquer alors que pour ce type de roman c'est au contraire ce que j'attends : une prise de risque dans la narration des faits, ne pas chercher à épargner le lecteur, la mise en place d'une atmosphère oppressante, autant d'aspects que je n'ai pas trouvés au cours de ma lecture.

"Hate List" est un bon roman pour un lecteur adolescent, moins pour un lecteur adulte, en tout cas un roman qui ne me laissera pas un souvenir impérissable bien que l'idée de départ soit bonne et que certaines questions soulevées sonnent justes.
Il s'agissait là du premier roman de Jennifer Brown, une auteur qui à mon avis à un avenir dans cette tranche littéraire mais qui doit encore acquérir de la maturité dans son style et la maîtrise de ses histoires.

4 commentaires:

  1. Je n'ai pas aimé du tout du tout... As-tu lu le faire ou mourir ? Un indispensable :)

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  2. Malgré les avis négatifs que j'ai pu lire j'aimerais tout de même découvrir ce premier roman :)

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    1. Il y a aussi des avis positifs. Pour ma part c'est mitigé, mais la meilleure solution est bien de lire le livre par soi-même.

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