samedi 21 décembre 2013

L'étrange Histoire de Benjamin Button suivie de Un diamant gros comme le Ritz de Francis Scott Fitzgerald


Jamais Roger Button n'aurait pensé que la seule évocation de son nom puisse, un jour, faire trembler d'effroi un hôpital voire une ville tout entière… Et pourtant… En ce matin de septembre 1860 M. Button, n'en croit pas ses yeux. En pleine maternité, se dresse dans le berceau de son nouveau né tant attendu, un homme de 70 ans à la barbe vénérable ! Et il s'agit bien de son fils ! 
 Après cette entrée en fanfare dans la vie, Benjamin Button ne pouvait mener une existence comme les autres : né vieillard, il va vieillir jeune, à rebours des autres, de la nature, des ans. Il va voir ses parents se voûter, s'éteindre, sa jeune femme s'empâter et décliner tandis qu'il va retrouver peu à peu santé, vigueur, s'illustrer brillamment à la guerre, courir les fêtes et les mondanités… 
 Au bout du voyage ? Une histoire étrange, extraordinaire et… le néant. (Pocket)

Étrange histoire que celle de Benjamin Button : né vieux, plus il avance en âge plus il rajeunit physiquement, vivant sa vie à rebours.
Son cas est unique, personne ne comprend ce qui a bien pu se passer, considéré comme un monstre par certains et finalement aimé de ses parents, Benjamin rajeunit avec l'espoir que ce processus finira par s'arrêter : "Il avait alors espéré que, lorsque son apparence physique coïnciderait avec son âge réel, le phénomène aberrant dont il était victime depuis sa naissance s'arrêterait de lui-même. Il frémit de tout son corps. Son destin lui semblait incroyable et affreux.", malheureusement c'est en nouveau né qu'il achèvera sa vie.
Il y a beaucoup d'amertume dans cette nouvelle qu'il ne faut d'ailleurs pas vraiment rapprocher du film qui en a été tiré.
Il n'y a pas de magie, pas de belle histoire, mais au contraire celle plus dérangeante et au final triste de Benjamin Button, né avec la parole et qui ne cessera de régresser sa vie durant jusqu'à perdre tout souvenir et à retomber dans le néant : "Le passé - la charge héroïque à la tête de ses hommes à l'assaut de San Juan Hill; les premières années de son mariage quand, l'été, dans la rumeur de la ville, il travaillait jusqu'à une heure avancée de la nuit pour l'amour de la jeune Hildegarde; et, avant encore, quand il restait assis à fumer avec son grand-père, tard dans la nuit dan la vieille et sombre demeure des Button à Monroe Street -, tout cela avait disparu de sa mémoire, comme si rien n'avait jamais existé. Il ne se souvenait pas.".
Voilà un mal sans doute pire qu'Alzheimer : ne plus se souvenir de rien, n'être plus rien ou presque en somme; indiquant par là qu'il n'y a finalement sans doute pas de solution miracle au bonheur, que l'on naisse jeune ou vieux n'influe pas sur notre bonheur et notre façon de vivre notre vie.
En attendant, Francis Scott Fitzgerald signe une nouvelle fois avec cette histoire troublante une critique de la société bourgeoise, glissant avec le personnage de Benjamin Button un boulon dans la mécanique si bien huilée de la bourgeoisie de Boston de cette fin de 19ème siècle et début du 20ème, avec une fin qui, si elle est cruelle, revêt toutefois une forme de poésie sous la plume de l'auteur.

"Un diamant gros comme le Ritz" est elle aussi une nouvelle pouvant être qualifiée d'étrange et basculant dans le fantastique, comme la première de ce recueil.
Tout commence lorsque John Unger se lie d'amitié avec Percy qui lui fait une révélation étrange : "Mon père a un diamant plus gros que l'hôtel Riz-Carlton.".
Invité à passer les vacances d'été dans la luxueuse demeure de son camarade, il y découvre le secret de leur richesse et tombe amoureux de la jeune sœur de son camarade, et c'est alors que les ennuis commencent et que le vernis craque.
Cette nouvelle tarde à démarrer et finit même par s'enliser dans une narration où le lecteur ne comprend pas où l'auteur cherche à en venir, et puis tout à coup l'histoire prend une tournure différente qui a enfin éveillé mon intérêt.
Savant mélange de conte de fées et de fantastique, "Un diamant gros comme le Ritz" finit par intriguer, avec son côté "ogre", sombre, et cette richesse liée à une montagne étant à elle seule un diamant.
Si la nouvelle ne commence pas par "Il était une fois" cela aurait très bien pu être le cas.
J'y ai surtout retrouvé l'aspect de solitude qui accompagne une immense richesse comme dans "Gatsby le magnifique", ainsi que le fait que la puissance et la domination finissent par entraîner une déchéance, avec un homme qui domine tous les autres par sa richesse et qui n'a au-dessus de lui que Dieu : "Dieu était le seul avec lequel il avait jamais eu à traiter ou à négocier.", qui finit pourtant par chuter de son piédestal le jour où sa fortune disparaît.

"L'étrange histoire de Benjamin Button" et "Un diamant gros comme le Ritz" sont deux nouvelles certes intéressantes de Francis Scott Fitzgerald mais qui ne sont toutefois qu'un pâle reflet de son oeuvre et qui n'ont pas l'éclat et la puissance d'un "Gatsby le magnifique".
A lire pour avoir un aperçu du style littéraire de Francis Scott Fitzgerald.

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