lundi 7 décembre 2015

Bird Box de Josh Malerman


La plupart des gens n'ont pas voulu y croire, les incidents se passaient loin, sans témoins… Depuis qu'ils sont nés, les enfants de Malorie n'ont jamais vu le ciel. Elle les a élevés seule, à l'abri du danger, sans nom, qui s'est abattu sur le monde. On dit qu'un coup d'œil suffit pour perdre la raison, être pris d'une pulsion meurtrière et retourner sa violence contre soi. Elle sait que bientôt les murs de la maison ne pourront plus protéger ses petits. Alors, les yeux bandés, tous trois vont affronter l'extérieur, et entamer un voyage terrifiant sur le fleuve, tentative désespérée pour rejoindre une colonie de rescapés. Arriveront-ils à bon port, guidés seulement par l’ouïe et l’instinct ? (Le Livre de Poche)

Il y a un peu plus de quatre ans, le monde de Malorie était le nôtre, avec ses qualités et ses défauts.
Malorie, elle venait d'emménager avec sa sœur Shannon, et d'apprendre qu'elle était enceinte d'un homme avec qui elle avait passé une nuit, quand les événements ont commencé à se produire.
Mais comme c'était à l'étranger, loin des Etats-Unis, personne n'y a vraiment prêté attention.
Et puis ça a recommencé.
Et puis le phénomène s'est étendu, jusqu'à se produire au Canada, puis aux Etats-Unis.
Personne ne sait vraiment de quoi il s'agit, il suffit d'un coup d’œil et la vision d'un quelque chose, qui finit par être identifié et désigné comme "les créatures", rend les gens fous : pris de pulsion meurtrière ils tuent et finissent par se tuer.
Alors, les gens commencent à se calfeutrer chez eux, à boucher les fenêtres, et ne sortent plus qu'avec un bandeau sur les yeux.
Quand les événements se sont répandus comme de la poudre aux Etats-Unis Malorie a fui sa maison et trouvé refuge dans une autre maison, avec d'autres personnes, des survivants, comme elle.
Quatre ans plus tard, Malorie est toujours dans cette maison, avec deux enfants qu'elle appelle sobrement "garçon" et "fille", des enfants qui n'ont toujours connu le monde extérieur que derrière un bandeau.
Mais aujourd'hui, elle a pris une grande décision, elle va partir avec les enfants, naviguer les yeux protégés par des bandeaux pour essayer de rallier une autre communauté de survivants.

Amateurs/trices de sensations et de sueurs froides, ce roman est fait pour vous !
Outre la belle couverture de ce roman, c'est surtout la quatrième de couverture qui m'a intriguée et m'a donné envie de découvrir de quoi il en retournait.
Honnêtement, cela faisait bien longtemps qu'une lecture ne m'avait pas fait aussi peur.
Car l'univers post-apocalyptique qui est décrit dedans fout littéralement les chocottes, dans le sens où le lecteur est comme les personnages : complètement aveugle ! Et qu'il ne cesse de s'interroger sur ces créatures : qui sont-elles, comment sont-elles, que viennent-elles faire là, comment sont-elles arrivées, pourquoi leur simple vue provoque une telle réaction de violence, ont-elles seulement conscience de ce qu'elles provoquent sur la grande majorité des humains, autant de questions qui tournent et retournent durant toute la lecture.
Le lecteur est comme Malorie, il ne sait pas et ne peut que faire des suppositions : "Une limace, c'est une créature. Un porc-épic aussi. Mais les choses cachées au-delà des fenêtres drapées, celles qui l'ont contrainte à garder un bandeau sur les yeux, aucun exterminateur ne pourrait en venir à bout.".
Quand Malorie sort avec un bandeau sur les yeux, le lecteur est avec elle, derrière le bandeau, et c'est là l'une des grandes réussites de ce roman : l'auteur a mis son lecteur dans la même situation que ces personnages, et comme eux il n'en saura finalement pas plus et ne pourra que rester avec ses suppositions et ses conjonctures.
Et c'est sans doute ce qui est le plus flippant dans tout ça, parce que tout est possible et des hypothèses, j'en ai émis un paquet pendant ma lecture.
C'est aussi légèrement agaçant, il faut bien le reconnaître, car je suis de nature curieuse et de ne pas savoir ça titille mon imagination et ça me frustre quelque part (mais dans le bon sens du terme).
L'histoire est construite sur le principe du flash-back, pendant que Malorie rame (à l'aveugle, je vous le rappelle), uniquement guidée par ses enfants qu'elle a en quelque sorte "dressés" à écouter, analyser et identifier tous les bruits autour d'eux, elle se remémore également les débuts du phénomène, son arrivée dans la maison et les autres locataires, ainsi que sa vie en communauté avec eux jusqu'à son accouchement (grand moment du roman, limite l'apothéose de l'horreur); et puis elle attend fébrilement le moment fatidique, celui qu'elle sait incontournable, celui où elle va devoir retirer son bandeau et ouvrir les yeux un bref instant : "Et qu'est-ce qui l'effraie le plus - le risque de découvrir une créature devant ses yeux ? Ou l'insondable palette de couleurs qui exploseront devant elle quand elle les ouvrira ?".
L'adaptation est un aspect intéressant de ce roman, l'Homme peut s'adapter à bien des choses, voire à toutes, ici Malorie finit par avoir plus peur du ciel, du nuage, du soleil que des créatures elles-mêmes, trop habituée qu'elle est devenue à ce bandeau noir posé sur ses yeux et qui est devenu son unique horizon : "Y a-t-il un moment, s'interroge Malorie, où les nuages dans le ciel se dépouillent de toute réalité, où l'unique chose existante devient le tissu noir de leur bandeau ?".
D'ailleurs, elle le dit même à l'un des enfants : "Ce monde ne propose rien que tu aies envie de voir.", pour reprendre la chanson : "Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir".
Il y a du rythme, c'est une lecture très prenante car le lecteur n'a de cesse de tourner les pages pour découvrir ce qui s'est passé et ce qui va advenir de Malorie et de ses enfants (et par la même occasion, découvrir ce qu'il est advenu des autres résidents de la maison).
Il y a une véritable tension et j'ai été littéralement scotchée à ma lecture.
Je conseille aux futurs lecteurs d'éviter cette lecture le soir juste avant de s'endormir, à moins que vous aimiez avoir la frousse et cauchemarder durant toute la nuit.
Car c'est le fait de ne rien savoir qui rend la chose encore plus terrifiante, de ne pas pouvoir mettre un nom ou tout du moins une description sur l'apparence de ces créatures, ni d'avoir la moindre idée de ce qui chez elle provoque une telle réaction, pour les personnes en arrivent à se suicider je me dis que ça doit être particulièrement grave, et pas forcément horrifique.
Peut-être sont-elles un miroir vivant de la noirceur de l'âme humaine.
Si vous vous interrogez sur la signification du titre, je vous invite à lire ce roman pour en découvrir la raison.
Le seul petit bémol que j'y mettrai, c'est dans la description de l'accouchement de Malorie, c'est un homme qui a écrit le roman et ça se ressent un peu, j'ai l'impression qu'il a écrit son idée de l'accouchement et que la réalité doit quelque peut différer.
Mais là c'est vraiment du chipotage car tout le reste est très bon.
D'ailleurs, j'ai trouvé que ça donnerait une excellente adaptation cinématographique, apparemment les droits ont été achetés, il ne reste plus qu'à croiser les doigts pour que la réalisation et le scénario soient à la hauteur de la tension qui règne dans le livre.

Le film "Alien" avait son slogan : "Dans l'espace on ne vous entend pas crier", ici c'est : "Si vous regardez, c'est déjà trop tard".
Et bien je vous dis : si vous ne lisez pas "Bird Box" je vais devenir votre pire cauchemar.
Enfin, je vais essayer.
J'espère en tout cas vous avoir convaincu que c'était le roman post-apocalyptique le plus angoissant que j'ai lu depuis bien des années et que pour un premier roman, c'est une réussite.

Je remercie Babelio et les éditions Le Livre de Poche pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique.

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