mercredi 18 mai 2016

En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut


Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom. (Finitude)

Tout le monde connaît Nina Simone ?
Oui, parfait question suivante.
Tout le monde connaît sa chanson "Mr. Bojangles" ?
Non, rassurez-vous vous n'êtes pas seul(e) dans ce cas-là.
Tout le monde a entendu parler d'Olivier Bourdeaut ?
Difficile de ne pas avoir au moins entendu ce nom, ou aperçu la soit dit en passant très belle couverture, avec son premier roman Olivier Bourdeaut n'a rien moins reçu que le Grand Prix RTL-Lire 2016, le Prix France Culture-Télérama 2016, le Prix Roman France Télévisions 2016.
J'avais donc envie de me pencher sur ce nouveau phénomène littéraire du début d'année 2016.

"En attendant Bojangles" parle bien entendu de musique, de Nina Simone, et de cette chanson que les parents du narrateur affectionnent si particulièrement et sur laquelle ils dansent pendant des heures; mais également d'amour, d'un amour fou entre les parents du narrateur et vis-à-vis de leur fils.
Il y a plusieurs années de cela, le père a rencontré une femme qui a aussitôt plongé dans son doux délire et ses mensonges : "Le temps d'un cocktail, d'une danse, une femme folle et chapeautée d'ailes, m'avait rendu fou d'elle en m'invitant à partager sa démence.", il en est devenu fou amoureux (et réciproquement) mais il commence à se poser des questions : "Que vais-je faire de cet amour fou ?".
Car il ne faut pas avoir fait médecine pour comprendre que la femme, même si elle est belle, charmante, envoûtante, a un réel grain de folie dans la tête, et que son extravagance a une raison médicale plus profonde.
Mais voilà, il l'aime, il ne peut vivre sans elle : "Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l'horloge, y dévorant chaque instant.", ensemble ils ont un garçon qu'ils aiment sincèrement, et tous les jours le père va faire son possible pour que la fête continue, aidé de son fils, mais ceci n'est que repousser l'inéluctable.

"En attendant Bojangles" contient beaucoup de fantaisie mais tout autant de noirceur, et j'ai aimé ces deux aspects.
Du côté de la fantaisie, il y a bien entendu les parents qui font que la vie est une fête continue, le garçon ne va pas à l'école, par contre il participe à toutes les soirées, y rencontre des personnages plus ou moins importants et plus ou moins publics, il y a les délires de la mère qui ne cesse de repousser les murs de ses folles envies, il y a le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un oiseau exotique qui se promène comme si de rien n'était dans l'appartement.
Du côté de la noirceur, il y a bien entendu la maladie psychiatrique de la mère qui va finir par plonger la famille dans une fuite en avant à l'issue inévitable.
Comment ne pas être charmé(e) par l'aspect fantaisiste et entraînant de ce roman, c'est plutôt difficile, mais pour ma part j'ai gratté le vernis et je ne partage pas complètement l'enthousiasme et l’engouement suscités par ce roman.
Certes, la plume est légère, ce livre se lit facilement et rapidement, mais il y a beaucoup à dire sur le comportement des parents qui agissent à la fois par amour envers le fils et se révèlent également très égoïstes, ceci est particulièrement vrai concernant le père.
Il y a un fond de "L'écume des jours" dans ce roman, mais sans le côté brillant de Boris Vian, d'ailleurs n'est pas Boris Vian qui veut.
Et c'est sans doute ce qui m'a le plus gênée, je me demande si l'auteur a cherché à faire une pâle copie de ce roman ou s'il a au contraire cherché à innover, dans un cas comme dans l'autre le travail est à moitié fait.
Il n'y a pas de réelle innovation dans le procédé narratif, l'auteur se contente d'utiliser des jeux de mots assez communs.
Sur le moment ce roman séduit mais très vite je me suis demandée ce que j'allais en garder et si je ne l'aurai pas très vite oublié, et c'est sans doute ce qui va se passer.

"En attendant Bojangles" est un roman qui sur le moment a su me séduire mais bien vite je me suis interrogée sur ce que j'allais en garder, d'ailleurs le souvenir de cette lecture commence d'ores et déjà à s'estomper.

2 commentaires:

  1. Je l'ai lu aussi, et je pense que je vais en garder longtemps un sourire ému.

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    1. Je suis plus partagée sur la pérennité de ce roman.

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