samedi 24 février 2018

Jessie de Stephen King


II ne fallait pas jouer à ce petit jeu, Jessie. Vous voilà enchaînée sur votre lit, le cadavre de Gerald à vos pieds, condamnée à vous enfoncer dans la nuit, la terreur et la folie. Les femmes seules dans le noir sont comme des portes ouvertes... si elles appellent à l'aide, qui sait quelles créatures horribles leur répondront ? (Albin Michel)

Après "Dolores Claiborne", voici un autre roman de Stephen King faisant partie de sa trilogie féministe.
Jessie, mariée depuis de nombreuses années à Gerald, se retrouve dans l'un de leurs jeux amoureux enchaînée sur le lit.
Sauf que Jessie ne veut plus, mais que Gerald ne l'entend pas, ou pire, qu'il l'entend mais choisit volontairement de l'ignorer : "Elle le regarda de plus près et vit une chose terrible : il savait. Il savait qu'elle était sérieuse en disant ne pas vouloir continuer. Il savait, mais il avait choisi de ne pas savoir qu'il savait. Était-ce humainement possible ?".
Un accident fatal arrive à Gerald et voici Jessie seule dans la chambre, enchaînée au lit sans accès aux clés des menottes, et de surcroît seule dans une maison isolée près d'un lac où bientôt un chien errant pénètre, et peut-être un autre individu.
Ou est-ce l'esprit de Jessie qui divague ?
Jessie peut-elle se sortir de cette situation ? Si oui comment, et à quel prix physique et mental ?

Nouveau drame psychologique signé Stephen King où l'horreur ne se situe pas forcément là où on l'attend.
Si "Dolores Claiborne" était un monologue et une forme de huis-clos, "Jessie" est un monologue plongeant le lecteur dans l'esprit de Jessie et un huis-clos, l'action prenant uniquement place dans la chambre.
J'étais quelque peu sceptique au début de cette lecture, comment l'auteur allait-il faire pour tenir plus de trois cents pages avec une héroïne menotté à un lit ?
Et bien Stephen King y arrive !
Et il ballade le lecteur dans la tête de Jessie, dans les frayeurs de celle-ci, dans ses pensées les plus profondes et les plus intimes mais aussi ses terreurs refoulées qui manifestement prennent forme humaine à un moment donné.
Ou bien est-ce tout simplement Jessie qui délire et sombre dans la folie.
Si comme moi vous lisez ce roman avec (la grippe et) de la fièvre, vous verrez que cette introspection intérieure prend une toute autre dimension.
Limite je vivais ma propre folie en même temps que celle de Jessie.
J'ai aimé ce personnage de Jessie, menottée, dans une situation plus qu'inconfortable et qui essaye à tout prix de s'en sortir tout en vivant des moments de doute, d'abattement et finissant par s'en remettre à sa destinée : "Que Dieu m'accorde la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer, et la sagesse de faire la différence entre les deux. Amen.".
Comme pour le personnage de Dolores Claiborne, je trouve que la personnalité de Jessie est bien cernée par Stephen King et qu'il a savamment orchestré ses heures de torture, en la faisant passer par des phases d'euphorie et d'autres de découragement, en retranscrivant ses doutes et ses vaines tentatives, même les plus stupides, pour essayer de se sortir de cette situation.
Stephen King a décidément la faculté de se mettre dans la tête de ses personnages pour décrire assez justement les épreuves qu'il traverse, encore une fois cela rattrape son style qui n'est pas flamboyant, il faut bien le reconnaître.
Et quelle riche idée d'introduire également dans ce roman  l'éclipse solaire de 1963, si vous avez lu "Dolores Claiborne" vous savourerez ce clin d’œil qui explique l'une des choses vécues par l'héroïne de ce roman durant l'éclipse.
J'ai maintenant très envie de voir le film de Mike Flanagan sorti l'année dernière qui, me semble-t-il, a l'air d'être fidèle au roman.

"Jessie" est un drame psychologique signé Stephen King, l'un des maîtres du genre, et constitue là aussi une bonne introduction pour découvrir (ou re-découvrir) l'oeuvre de cet auteur, surtout si vous ne cherchez pas à avoir peur et à trembler dans le noir toute la nuit.

2 commentaires:

  1. Excellent roman !! Avec une chute, le dénouement de l'histoire du monstre, qui est parfaite !
    L'adaptation produite par Netflix est brillante !

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    1. J'ai prévu de la regarder d'ici peu.
      C'est vrai que le dénouement a de quoi surprendre.

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