dimanche 16 décembre 2012

Peter Pan de James Matthew Barrie


Wendy, John et Michael n'auraient jamais imaginé qu'ils pouvaient voler. Ni qu'ils s'en iraient au Pays Imaginaire, affronter les Indiens et les Pirates du redoutable Capitaine Crochet. Seulement, un beau soir, Peter Pan a fait irruption dans leur vie bien tranquille. Et pour visiter le Pays Imaginaire, rien n'est plus simple : il suffit de bien connaître Peter Pan, et de posséder quelques grains de poussière des fées. (Hachette Jeunesse)

Peter Pan, ou le mythe de l'enfant qui ne grandit jamais.
Bien sûr, j'avais vu le dessin animé de Walt Disney, je connaissais les grandes lignes de cette histoire, puis l'adaptation en bande dessinée de Régis Loisel m'avait quelque peu dérangée et au final je n'y avais pas accroché, finalement, il ne me restait que l'oeuvre originale à lire pour continuer à me forger une opinion.

Tout commence dans la maison de Monsieur et Madame Darling, et de leurs trois chérubins : Wendy, John et Michael, ainsi que leur nurse, Nana, une chienne terre-neuve : "Il n'y avait jamais eu de famille plus simple ni plus heureuse jusqu'à la survenue de Peter Pan.".
Et c'est alors que Peter Pan surgit une nuit, flanquée de la méchante fée Clochette.
Peter Pan est un petit garçon qui déteste les adultes et qui veut rester enfant à tout jamais : "C'était un charmant garçon vêtu de feuilles mortes collées par la sève qui suinte des arbres mais ce qui ravissait le plus chez lui, c'était qu'il avait encore toutes ses dents de lait.", d'ailleurs pour le côté charmant il repassera, c'est un qualificatif qui ne lui va pas étant donné qu'il est vaniteux, inconséquent, insouciant et fortement égocentrique.
Un psychanalyste ferait recette avec un enfant tel que Peter Pan, c'est un personnage auquel je ne me suis pas attachée et qui m'a même énervée à plusieurs reprises (comme dans l'oeuvre de Régis Loisel d'ailleurs).
Pour le seconder dans sa tâche de kidnapper une mère, il est épaulé par Clochette, une fée.
Arrêtez tout de suite de fantasmer, non, Clochette n'est pas gentille, bonne, prompte à exaucer vos souhaits pour que vous puissiez aller au bal car votre affreuse belle-mère vous a enfermée afin que vous n'y paraissiez pas, c'est une teigne vicieuse, mais là pour le coup j'étais prévenue donc le choc a été moins rude que prévu : "Clochette n'était pas totalement mauvaise ou, plutôt, elle était totalement mauvaise à ce moment-là tandis qu'à d'autres elle était entièrement bonne. Les fées doivent être une chose ou l'autre : elles sont si petites qu'elles ne peuvent malheureusement héberger qu'un sentiment à la fois.".
En voilà un personnage bien antipathique rendu fort agréable par Walt Disney, d'un autre côté, une fée qui fait tout pour que Wendy soit tuée, ça le fait moyen dans un dessin animé pour jeunes enfants.

Donc, pour en revenir à l'histoire, Peter Pan convainc Wendy et ses deux frères de venir avec lui au Pays Imaginaire car il veut une mère et Wendy ne rêve que d'une seule chose : être mère !
Cette histoire a été écrite au début du vingtième siècle, à l'époque les filles étaient fortement conditionnées dès leur plus jeune âge à se marier très vite pour pouvoir élever des enfants et s'occuper des tâches ménagères pendant que monsieur travaille pour ramener sa paye et faire vivre la maisonnée.
De lire que Wendy est ravie d'être mère, qu'elle prend plaisir à passer des journées à faire le ménage, la lessive, à repriser les chaussettes et recoudre les vêtements, à border, à faire à manger à toute une tripotée d'enfants a été difficile, j'en avais à la fois mal au coeur pour elle et ça me révoltait.
Il s'agit d'une petite fille, pas d'une femme, là elle ne pense ni ne souhaite s'amuser, et c'est censé être un livre s'adressant à un public jeune pour le faire rêver ?

Pour se rendre au Pays Imaginaire (la non prochaine destination de mes vacances), il faut y aller en volant : "Ce sont seulement ceux qui sont gais, innocents et sans coeur qui peuvent voler.", et concrètement voilà à quoi ressemble ce soi-disant paradis des enfants : "De toutes les îles enchantées, le Pays Imaginaire est le plus douillet, le plus compact, pas du tout étalé et démesuré avec des distances interminables entre une aventure et une autre, mais, au contraire, agréablement concentré.".
Au Pays Imaginaire, il y a le terrible capitaine Crochet qui terrorise les populations avec son équipage, les Indiens, des sirènes (mais vu leur faible utilisation dans le récit quel était l'intérêt de les mentionner ?) et un crocodile avec un réveil dans le ventre qui poursuit inlassablement Crochet pour terminer de le dévorer tellement il a apprécié le goût d'une de ses mains.
Je m'insurge du choix de l'auteur en ce qui concerne le degré de dangerosité du capitaine Crochet, il ne peut pas exister pirate plus dangereux, plus rusé, plus roublard et mesquin que Long John Silver, c'est une référence en la matière et là, Crochet ne m'a jamais fichu la trouille et même plus jeune il n'aurait pas réussi.
J'ai d'ailleurs moyennement apprécié au cours de ma lecture les interpellations du narrateur disant qu'il aurait pu choisir telle histoire mais qu'il en présente une autre, qu'il aurait pu faire agir ainsi les personnages mais qu'il choisit une autre façon, cette interactivité n'apporte pas à mon sens grand chose à la lecture.
Des aventures, il y en a beaucoup dans ce récit, mais je dois bien avouer qu'aucune ne m'a jamais complètement transportée, ceci étant certainement lié au fait que le comportement des enfants avaient tendance à m'exaspérer, notamment leur insouciance et leur oubli très rapide de leurs parents.
Par contre, ce livre se lit très rapidement du fait d'une narration fluide et de chapitres bien proportionnés.

Au final, l'histoire de Peter Pan m'a hérissé le poil par moment, non pas parce que c'est mal écrit et/ou inintéressant, mais parce que les situations décrites me font réagir, particulièrement la situation de Wendy qui prend un immense plaisir à être mère et non pas une petite fille ainsi que l'une des coutumes du Pays Imaginaire : tout s'oublie très rapidement, les bons comme les mauvais souvenirs.
Lu par un jeune public ce livre ne dégagerait certainement pas les mêmes impressions, par contre lu par un adulte il soulève des questions et penche énormément vers le domaine de la psychanalyse, le personnage de Peter Pan étant un stéréotype exagéré de l'enfant insouciant, vantard, égoïste voire même méchant par moment.
J'en viens même à me demander si ce livre ne personnifie pas l'égoïsme de l'enfance, il ne représente pas en tout cas pour moi un éloge de l'enfance et une incitation à ne pas devenir adulte, au contraire.

"Peter Pan" de James Matthew Barrie n'est pas un conte, c'est au contraire un livre qui pousse à la réflexion et qui plante les bases de ce qui est désigné par le "syndrome de Peter Pan" en psychanalyse.
Plutôt que d'inviter au rêve, il soulève beaucoup de questions et il faut en faire une lecture à deux niveaux pour saisir toute la profondeur de ce livre.
Walt Disney en a proposé une version édulcorée en dessin animée, lire l'oeuvre de James Matthew Barrie permet de rétablir la vérité sur ce personnage et les implications qui en découlent.
Alors, grandir ou pas grandir ?

Livre lu dans le cadre d'une lecture commune organisée par isallysun

Livre lu dans le cadre du challenge La face cachée des Disney


Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre B

2 commentaires:

  1. Alors mon avis n'est pas tout à fait le même que le tien concernant ce livre ; je m'explique :

    Je ne trouve pas que Peter pan soit méchant ou vaniteux .

    En ce qui concerne le pays imaginaire ,cela en revanche me fait bondir car dans ce pays les adultes n'existent pas et n'ont pas le droit d'exister , il y a un véritable refus de grandir dans ce livre ce que je trouve dangereux car le message au final de ce livre c'est "Les enfants surtout ne grandissez pas car vous allez devenir des êtres épouvantables " alors il n'y a pas mieux comme message pour foutre le bazar dans la tête d'un enfant il va finir par être tiraillé entre le monde adulte et le monde de l'enfance déjà qu'a l'adolescence l'enfant l'est déjà donc il est inutile d'enfoncer le clou avec une histoire telle que Peter Pan et se réfugier dans un monde imaginaire n'est pas vraiment une solution en ce sens le livre est un danger et il y a un vrai problème psychanalyste dans ce livre qui relève de l'ordre de la névrose chez l'auteur qui ne prône pas l’égoïsme enfantin , je pense plutôt que l'écrivain est vraiment atteint du syndrome de Peter Pan et qu'il refuse de grandir de manière maladive.

    En ce qui concerne Wendy , je ne suis pas d'accord non plus avec le fait que tu penses que le message de l'auteur est de faire des femmes au foyer car après réflexion j'ai vu dans beaucoup de littératures enfantines des petites filles jouer à être des « mamans «  ou qui voulaient jouer les femmes au foyer je pense en particulier au club des cinq " d’en id Blyton où la petite Annie âgée de 9 ans fait la cuisine , le ménage le repassage et elle adore faire tout cela , elle le dit elle même :je cite " j'aime servir de maman à mes frères et à ma cousine » " sauf que je me sentais plus concernée par sa cousine Claude véritable garçon manqué et je n'ai pas de peine pour wendy comme pour Annie car si ça L'amuse pourquoi pas et il y a des petites filles qui quand j'étais enfant se comportaient de la même manière à savoir si elles resteront ainsi à l'âge adulte je ne le pense pas mais je me dis en voyant Wendy faire qu'elle a plus un coté tarte et je ne me reconnais pas dans ce genre de petite fille .

    Je suis en revanche entièrement d'accord pour le capitaine crochet pour ma part je le trouve ennuyeux ,fatigant ,il ne fait pas peur c'est un personnage que je n'aime pas du tout .
    je suis d'accord aussi avec toi sur l'insouciance des enfants effectivement un enfant ne l'est pas fatalement car il a les problèmes en rapport avec son age et en général ils pleurent plutôt à l'age de Peter pan pour voir leurs parents .

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  2. commentaire partie 2
    C'est un livre qui se lit trais facilement qui est bien écrit je ne peux pas dire le contraire mais il délivre un message trop dangereux à mon sens .

    quand à ta dernière question grandir ou pas ?

    oui en gardant son âme d'enfant , les adultes sont là pour aider ces derniers à grandir le mieux possible à les guider dans la vie et heureusement qu'on est là pour eux car quand un enfant tombe moralement ou physiquement c'est un adulte qui le relève quand on voit d'autres enfants de moquer des autres à l'école par exemple qui intervient un adulte.

    L'absence des parents et le refus de mettre ces derniers dans le monde imaginaire est une aberration quel enfant n'a pas besoin de l'aide de ses parents ?


    Il faut laisser aux enfants le temps de grandir , il faut conserver la part de magie que l'on a en nous , savoir garder un pied dans l'enfance savoir y revenir quand on en a envie mais refuser de grandir est impossible Steven Spielberg l'a bien compris en faisant au cinéma la suite de Peter Pan adulte dans « Hook » et Peter refusera dans ce film le monde imaginaire , il reviendra à la réalité moins austère et beaucoup plus souple envers ses enfants et les gens comme Steven Spielberg n'ont il pas gardé leur âmes d »enfants pour créer des films comme et par exemple E.T .

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