jeudi 10 octobre 2013

La malédiction des colombes de Louise Erdrich


Depuis toujours, la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, vit sous "la malédiction des colombes" : les oiseaux dévorent ses maigres récoltes comme le passé dévore le présent. Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante toujours les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente pleine d’insouciance, prend conscience de la réalité et de l’injustice… (Albin Michel)

Premier livre que je lisais dans le cadre du Challenge Romancières américaines que j'organise et énorme déception.
Pour tout dire, j'ai même arrêté de lire ce livre arrivée à sa moitié, j'ai fini par le feuilleter et lire les parties qui m'intéressaient le plus, cela m'arrive tellement peu souvent (une fois tous les 4/5 ans) que c'est à noter.
Je reproche à ce livre et à cette auteur ce qui partout ailleurs est mis en avant comme sa qualité : une chorale narrative, une multitude de voix pour raconter une histoire qui se déroule petit à petit.
D'ordinaire, j'aime assez ce principe, mais là, les voix narratives sont inégales et seule celle d'Evelina a su capter mon attention, un peu moins celle du juge, quant aux autres je les ai trouvées sans aucun intérêt.
L'histoire est trop emberlificotée : il est question au début du roman de la présence de colombes vécue comme une malédiction, voilà qui a éveillé ma curiosité, et bien il n'en est plus question pendant quelques centaines de pages et il faut attendre la fin du roman pour qu'il en soit de nouveau question; ensuite il y a la scène d'ouverture qui est mystérieuse et prenante, puis l'histoire du lynchage d'un jeune indien par d'autres hommes, apparemment en rapport avec cette scène d'ouverture, mais tout cela est d'un compliqué que les changements de voix de personnage et les aller-retour dans le passé n'aident pas à rendre plus clair pour le lecteur.
En fait, toutes les parties qui m'intéressaient réellement ne sont à chaque fois qu'effleurées et il faut attendre des pages et des pages pour apprendre la suite. J'aime bien le suspens, mais à dose raisonnable, ici cela a eu raison de ma patience.
Le traitement des Indiens est en filigrane de tout le roman, leur intégration dans la société ou bien leur rejet et l'incompréhension des autres personnes face à leur mode de vie et à leurs croyances, c'est un aspect intéressant bien que développé de façon succincte, mais c'est l'une des rares qualités de ce livre que je retiendrai.
Ils ont appris à vivre sans se soucier de ce que pensent les autres : "Tu crois que je me soucie de ce que pensent les gens ? Je ne me soucie pas de ce que pensent les gens !"
L'autre point positif, c'est le personnage d'Evelina qui est le seul à avoir su éveiller mon intérêt et dont le parcours de l'enfance à l'âge adulte est intéressant de suivre, tout comme l'évolution du personnage dont la santé mentale se dégrade : "Joseph me prend la main sans rien dire, ce qui est encore pire. Que votre frère vous prenne la main. Ça ressemble à une expérience vécue sur un lit de mort.", ainsi que son rapport aux autres et à son passé.
Pour le reste : trop brouillon, trop dispersé, pas assez ordonné, rien qui n'a réussi à me faire tenir pour achever sereinement cette lecture.

J'ai un goût d’amertume par rapport à cette lecture qui devait être ma première dans le cadre de ce challenge, je n'ai même pas l'impression d'un rendez-vous manqué mais plus celle d'une publicité mensongère sur cette auteur dont j'ai pu lire le plus grand bien un peu partout.
"La malédiction des colombes" marque-t-il une malédiction par rapport à Louise Erdrich et vais-je essayer de la vaincre ?
Seul l'avenir le dira et pour l'instant c'est clairement non.

Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines

2 commentaires:

  1. Je n'en ai lu qu'un de cet auteur " le jeu des ombres" que j'ai abandonné. Ton billet ne me donne pas envie de persévérer.

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    1. Tu n'es pas la seule à ne pas avoir accroché à cette auteur, je me sens moins seule.

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