samedi 4 janvier 2014

Jeune fille vue de dos de Céline Nannini


Jeune fille vue de dos est le premier roman d’une jeune femme perdue. La narratrice a les qualités et les défauts des jeunes filles de sa génération. Elle a la culture. Les études. Les parents. Un appartement. La liberté. Alors que la vie semble bien remplie, remonte à la surface ce sentiment de vide. La jeune fille décide d’écrire. Elle observe, transcrit les moindres faits vécus, témoigne de son quotidien et surtout de ses hésitations. Elle note cette impossibilité. (Mémoire d'encrier)

"Je n'arrive à faire face à rien. On ne peut me voir que de dos. C'est le journal de cette incapacité.", ainsi débute ce cahier de pensées jetées ça et là d'une jeune fille de notre époque.
Elle se raconte à la première personne du singulier : est-ce l'auteur elle-même ou bien un personnage de fiction ?
Difficile à dire, d'autant plus que cette narratrice n'arrive jamais à se fixer et ne suit pas forcément une ligne directrice : "J'ai du mal à déployer mon horizon sur plus d'un mois, sans projet, je suis en pointillé.".
De ce récit, le lecteur ressent la quête de liberté, l'impossibilité de tenir en place et la fuite toujours en avant de la narratrice : "Je suis en prison à l'intérieur de moi et j'étouffe.", à la recherche d'un quelque chose ou d'un endroit qui n'est jamais défini ni précisé dans le texte mais également dans sa tête, et c'est là que le bât blesse.
Finalement, cette jeune fille ne sait pas ce qu'elle veut, elle papillonne d'un endroit à l'autre, d'un travail à l'autre, elle voit des amis, elle boit des verres, elle lit, beaucoup et d'auteurs diversifiés, elle écoute de la musique, elle sort, elle voyage, elle essaye d'écrire mais elle reste floue pour le lecteur et creuse dans sa vie : "Moi j'ai toujours été veuve de ma propre vie dans cet espace géant, trop vaste pour même rêver l'embrasser.".
Ce court récit est constitué de brefs chapitres et parfois de poèmes en prose, ça veut ressembler à du spleen de Charles Baudelaire mais c'est loin d'en avoir la beauté et la forcé évocatrice.
Cette jeune fille n'est pas vue que de dos, elle l'est aussi de loin et n'arrive jamais à se poser ou à poser ses idées dans une certaine forme de logique et de construction.
Elle n'est presque intéressante que lorsqu'elle parle de ses lectures, ses voyages relèvent de la chimère tant ils manquent de substance et de corps, le restant de sa vie étant finalement banal.
Pourtant le titre de ce roman était prometteur, tout comme la belle couverture, mais le contenu ne révèle que les défauts de l'ellipse et s'oublie aussi vite qu'il s'est lu.
Au final, le lecteur n'arrive pas à s'attacher à cette narratrice qui transpire l'ennui et l'incertitude, dommage pour Céline Nannini qui, avec son premier roman, ne laissera pas une trace indélébile dans la littérature.

Livre lu dans le cadre du Prix Océans

8 commentaires:

  1. Belle critique ! Je te rejoins sur de nombreux points ! Je déplore également l'ellipse outrancière. Ta comparaison avec Baudelaire est très juste.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ! J'ai vu que pour l'instant on partageait tous le même avis.

      Supprimer
  2. Pas encore attaqué ce titre... Mais ton avis ne m'inspire guère ! :p

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai commencé par celui-là, pas forcément la bonne pioche mais la couverture me plaisait.

      Supprimer
  3. Au contraire, j'ai été touchée par ce roman. Je ne dis pas ce que c'est un chef d'oeuvre, même pas sûre que ce soit de la littérature. Mais c'est un texte intime qui exprime beaucoup et qui m'a parlé ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne me suis pas du tout reconnue dans le personnage féminin, elle ne m'a pas parlé et je partage pas vraiment sa philosophie de vie, je pense que cela explique en partie mon avis.

      Supprimer
  4. Je suis passée à côté de ce roman. Pas accroché du tout.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois qu'on est tous à peu près dans le même cas.

      Supprimer