jeudi 17 avril 2014

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé


Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l'ordre qu'elle avait cru installer dans sa vie s'en trouve bouleversé. Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l'adopter Peeleete, le fils de sa soeur. Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles). Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l'esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n'est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d'un père, à la folie d'une mère et à la jalousie d'une sœur. Elle n'est plus non plus l'amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu'elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d'emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l'écriture au cœur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands. (Les Editions de l'Olivier)

Dommage qu'il faille attendre la dernière phrase de ce roman pour comprendre pleinement son titre, et par la même occasion dommage pour le choix de cette couverture sans rapport aucun avec le contenu de ce roman.
Il y a  également quelque chose de déroutant dans cet itinéraire atypique de Maria Cristina Väätonen née dans une petite ville du Grand Nord : Lapérouse, et venue à l'âge de 16 ans habiter et étudier à Santa Monica, dans la Cité des Anges.
Maria Cristina est en quelque sorte un ange, en tout cas c'est ainsi que Véronique Ovaldé la représente, une jeune fille pure qui va découvrir les vices de la grande ville moderne et tenter d'y résister : "Il y avait en revanche dans Los Angeles et sa désinvolture, son format si fondamentalement horizontal, son climat étrange, séduisant et donc suspect, un climat qui paraissait avoir été en tout point siliconé, il y avait dans ce Pacifique grisouille, ce soleil brouillé, ces plages colonisées, ces palmiers aussi indifférents, supérieurs et exotiques que des putes de luxe, ces banlieues qui s'étendaient sans fin et sans clôture, ces voitures bicolores décapotables qui tanguaient mollement sur les boulevards, quelque chose d'une langueur décadente.".
Maria Cristina va vouloir sa part de rêve américain en devenant une écrivain de renom et ce, dès son premier roman, en suivant les conseils de Joanne, son amie hippie : "Enfile les mules à paillettes sans te préoccuper de qui les a fabriquées et de l'état du talon. Porte-les tant que tu peux les porter.", sous la houlette de Rafael Claramunt, ex-écrivain célèbre, premier amant de la demoiselle et son mentor dans le domaine de l'édition.
Maria Cristina est un être étrange, elle aime sa solitude et s'est bâtie ainsi sa vie : "Maria Cristina n'écrirait jamais cela, il lui manquerait toujours cette possibilité du pluriel, elle ne pourrait jamais être autre chose qu'un être dignement solitaire.", mais elle n'hésite pas non plus à retourner à Lapérouse chercher Peeleete, le fils de sa sœur, pour l'emmener avec elle.
Maria Cristina a su peupler sa vie et son vide par la modernité et les apparences : "L'existence de Maria Cristina Väätonen est une existence moderne, une existence qui aime le simulacre de l'occupation maximale et de la saturation ordinaire.", mais l'arrivée de Peeleete dans sa vie va être l'élément catalyseur qui va enfin lui donner une toute autre envergure et lui permettre de se détacher de l'influence somme toute néfaste de Claramunt pour découvrir la paix auprès de Judy Garland, homme-taxi au nom d'emprunt de Claramunt et d'autres personnalités connues.
Je parlais d'un côté déroutant, il est tout simple : malgré ce parcours semé d'embûches je n'ai fait que le regarder de haut, le suivre en spectateur tout au long de ma lecture, une expérience quelque peu étrange car à aucun moment je n'ai ressenti de réelle empathie pour le personnage de Maria Cristina.
A noter que je ne l'ai pas non plus particulièrement détesté, il m'a juste laissée neutre, sans opinion dans un sens ou dans l'autre.
Je n'ai pas bien compris l'intérêt de placer cette histoire à Los Angeles, ni l'importance réelle que pouvait avoir cette époque tant cette histoire est transposable un peu partout et un peu n’importe quand.
Je n'ai pas non plus été subjuguée par le style de l'auteur, somme toute assez terne, à l'image de ce livre et des personnages.
Quant à la fin, je ne l'ai pas franchement appréciée tant son côté est expéditif et trop simpliste vis-à-vis du personnage de Maria Cristina.

"La grâce des brigands" est un roman que je n'ai ni aimé ni détesté, je l'ai juste contemplé en tant que lectrice et ai quelque peu regretté que les thèmes abordés ne soient pas plus creusés et que l'héroïne ne soit pas plus charismatique.
Une première rencontre avec cette auteur en demi-teinte.

Livre lu dans le cadre du Prix Océans


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