mardi 23 septembre 2014
Un ciel radieux de Jirô Taniguchi
Une nuit d'été, un terrible accident a lieu dans une rue de la banlieue de Tokyo, entre un motard et une fourgonnette. 10 jours plus tard, le conducteur de la fourgonnette, Kazuhiro Kubota, 42 ans, meurt sans avoir repris connaissance. Au même instant, l'encéphalogramme du motard, Takuya Onodera, 17 ans, en état de mort cérébrale, montre à nouveau des signes d'activité. En une vingtaine de jours, il a repris connaissance et semble en voie de guérison totale : un vrai miracle. Mais celui qui se réveille dans le corps de Takuya, c'est Kazuhiro. Après un instant de surprise, il admet ce qui lui arrive et comprend qu'une deuxième chance lui a été donnée. Mais cette chance est temporaire : en effet, la mémoire du vrai Takuya lui revient petit à petit. Avant de rendre le corps de Takuya à son légitime propriétaire, Kazuhiro décide de transmettre coûte que coûte à sa femme et sa petite fille de 8 ans qu'il les aime et qu'il regrette de les avoir trop souvent négligées jusqu'à sa mort. Mais qui pourra croire son histoire ? (Casterman)
Tout commence lors de l'accident entre Kazuhiro Kubota, père de famille et employé surmené, et Takuya Onodéra, jeune motard.
Si le premier meurt, le second est dans le coma avant de se réveiller, sauf que c'est le corps de Takuya Onodéra mais avec l'esprit de Kazuhiro Kubota : "C'est ainsi que je fis la rencontre de mon autre moi-même.", bien décidé à dire à sa femme et à sa fille ce qu'il n'a pas eu le temps de leur dire : "Disons que c'est peut-être une chance que Dieu me donne.".
C'est ainsi que la famille du jeune Takuya Onodera récupère un garçon complètement différent et que Kazuhiro Kubota redécouvre ce qu'est une vraie famille aimante : "Ce Takuya Onodéra avait bien de la chance. Une famille aisée, la liberté, des parents pas trop répressifs j'ai l'impression, des parents aimants ... des gens bien, quoi. Par contre, moi qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai tellement honte ... Qu'est-ce que j'ai fait pour ma femme et ma fille, moi ? J'ai bossé. J'ai bossé tout le temps et pendant ce temps-là je les délaissais. Un vrai père indigne, oui !"
Dans cette histoire, Jirô Taniguchi aborde la cohabitation de deux âmes en un seul corps et de la chance incroyable offerte à un homme de dire adieu à sa famille et combien il l'a aimée.
Cette histoire est clairement ancrée dans le fantastique, mais au-delà de cette dimension, il y a dedans une grande sensibilité et beaucoup d'émotions.
Le maître mot est de ne pas avoir de regrets, mais par ricochet, Kazuhiro Kubota cherche aussi à changer le comportement de Takuya Onodéra envers sa famille, particulièrement ses parents : "Je ne voudrais pas que tu rendes ta famille malheureuse comme moi je l'ai fait !".
Takuya Onodéra se comporte comme beaucoup d'adolescents, bien que son histoire familiale soit un peu différente, il pourrait devenir en vieillissant un Kazuhiro Kubota et c'est justement ce que ce dernier cherche à empêcher.
Il est aussi question du deuil et de la façon de surmonter la mort d'un être cher.
Les messages diffusés par Jirô Taniguchi peuvent paraître simplistes et enfoncer des portes ouvertes, mais ils sont présentés ici de manière fantastique et trouvent forcément un écho chez chaque lecteur.
Jirô Taniguchi exprime par la bande dessinée ce que bien souvent nous avons ressenti lors de la mort d'un proche : les tiraillements du cœur et de l'âme, la façon de surmonter cette perte, les regrets parfois.
C'est non seulement très touchant mais aussi particulièrement juste dans le ressenti et les sentiments.
Quant aux dessins, cela fait longtemps que j'ai été séduite par le coup de crayon de Jirô Taniguchi et cette bande dessinée ne fait pas exception à la règle.
Sous couvert d'une histoire fantastique et de son coup de crayon gracieux, le magicien Jirô Taniguchi livre avec "Un ciel radieux" un très beau roman graphique tout en émotions et en grâce, à savourer de toute urgence.
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