lundi 5 décembre 2016
Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre et Christian De Metter
1919. Au sortir de la guerre, la société française peine à ménager une place aux anciens poilus devenus encombrants, et les trafics les moins glorieux vont bon train. Albert Maillard, modeste comptable qui a sauvé la vie d’Édouard Péricourt, jeune fils de bonne famille, juste avant la fin des combats, tente de les faire vivre de retour à Paris. Édouard, défiguré, refuse de reprendre contact avec les siens et imagine une gigantesque arnaque à la nation pour tenter de se projeter dans une vie nouvelle, ailleurs. (Rue de Sèvres)
Tout commence pendant la Guerre, la Grande, celle de 14-18, qui d'ailleurs est en train de toucher à sa fin, pour la plus grande joie de certains soldats mais aussi pour le plus grand désespoir d'autres : "Pour un héros, une fin de guerre, c'est comme une défaite.".
C'est pourquoi, afin de se couvrir encore de gloire, le lieutenant Pradelle n'a pas hésité à mentir à ses hommes pour les envoyer à la mort, dans un sursaut de gloire et de dernier geste héroïque.
Le souci, c'est que sa petite combine n'a pas été oubliée car, malheureusement pour lui, le soldat Albert Maillard, modeste comptable dans le civil, s'en est sorti et a au passage a sauvé la vie Edouard Péricourt, fils de bonne famille, qui s'en tire tout de même avec une moitié de gueule arrachée.
Le lieutenant Pradelle a beau faire pour se débarrasser de ces deux soldats encombrants, il n'y arrive pas : "Il essaie de se débarrasser de moi de moi et de mon pote.".
Qu'importe, car en 1919 Pradelle s'est refait une santé en épousant une fille de bonne famille, tandis que des poilus comme Albert Maillard peinent à retrouver une place dans la société civile, d'autant qu'il traîne avec lui le défiguré Edouard qui refuse de revoir sa famille ainsi.
Mais si Edouard n'est plus doué de la parole et n'a qu'une moitié de visage, il va avoir l'idée du siècle, enfin l'arnaque du siècle : vendre des monuments aux morts, les dessins, et se barrer à l'étranger avec l'argent récolté : "Non, vous vendez les monuments, c'est tout. Vous touchez les acomptes et après vous vous barrez avec la caisse ! Et vous partez dans les colonies !", ça a du panache comme idée, et quel beau pied de nez à cette société civile qui ne veut pas entendre parler des soldats et encore moins des mutilés.
Je résiste depuis quelques temps déjà et malgré les avis élogieux à lire le roman de Pierre Lemaitre.
Toutefois, apercevant la bande dessinée qui en a été tirée sur un rayonnage de bibliothèque, j'ai décidé de découvrir cette histoire ainsi.
Et ce ne fut peut-être pas le choix le plus judicieux, car qui dit bande dessinée dit condensé et là, l'histoire l'a sans doute sacrément été car j'ai pour ma part bien ressenti les ellipses lors de la lecture.
Parfois l'intrigue s'accélérait, j'avais presque l'impression qu'il manquait des passages et je n'ai surtout pas compris pourquoi il y avait par moment en filigrane la mère d'Albert Maillard qui commentait la vie de son fils.
Je me suis dit qu'elle avait certainement un autre rôle ou alors une place dans la narration dans le roman.
Dans le fond, j'ai bien aimé cette histoire d'escroquerie sous forme de revanche envers la nation, mais j'ai bien compris qu'il y avait aussi quelques vides à combler avec le roman.
Sur l'aspect graphique de la bande dessinée, je suis partagée.
La mise en couleurs est vraiment belle, avec des dominantes de couleurs en fonction de l'intrigue : marron pour la guerre, bleuté et nuances d'automne, qui cadrent bien avec le contexte et les personnages.
Par contre j'ai très moyennement apprécié les traits des personnages, j'ai mis du temps à bien les distinguer et à les reconnaître, ce qui est d'autant plus vrai au début lorsque l'action se passe dans les tranchées, alors quand en plus l'histoire est synthétisée ... .
Et alors je ne comprends absolument pas le choix de l'illustration pour la couverture car cela dévoile un moment clé de cette histoire, c'est vraiment un choix de mauvais goût et il y avait sûrement mieux à proposer.
Bref, je ne suis pas totalement fan du travail de Christian De Metter mais cette bande dessinée a au moins le mérite de m'avoir donné envie de lire le roman qui est certainement plus dense et qui permettra, je n'en doute pas, de donner encore plus de poids aux personnages et de combler les blancs constatés à la lecture de cette bande dessinée.
"Au revoir là-haut" peut être intéressant à découvrir pour qui a déjà lu le roman, je suis partagée sur cette bande dessinée qui a de bons et de moins bons aspects mais qui m'a en tout cas convaincue que j'avais sans doute plus à y gagner à lire le roman dont elle est tirée.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Le roman est tout à fait épatant !!
RépondreSupprimerIl paraît, je le lirai un peu plus tard.
Supprimer