lundi 12 décembre 2016
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee
Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. (Le Livre de Poche)
Premier roman de Harper Lee (et pendant longtemps son seul et unique) paru en 1960, prix Pulitzer en 1961, je crois que cela veut tout dire.
Harper Lee situe son histoire, une oeuvre de fiction mêlant des éléments biographiques, dans les années 1930, pendant la Grande Dépression.
Atticus Finch, un avocat droit et honnête, élève seul ses deux enfants Jem (Jeremy) et Scout (Jean Louise), sa mère étant morte il y a plusieurs années.
C'est la jeune Scout la narratrice de l'histoire qui, avec son frère, va se lier avec Dill, un garçon baladé de foyer en foyer.
Les trois enfants sont fascinés par leur voisin, le mystérieux et fantomatique Boo Radley, et passent leur temps à essayer de le faire sortir de chez lui pour voir enfin à quoi il ressemble.
Mais la vie de Scout et de sa famille va basculer le jour où Atticus est commis d'office pour la défense d'un homme noir accusé d'avoir violé une femme blanche.
Que dire de ce livre qui n'a pas déjà été dit ... .
Lu en août j'ai toujours du mal à mettre des mots sur mon ressenti tant cette lecture a été forte et a tenu ses promesses.
Bien entendu, cela fait des années que j'entends parler de ce livre, systématiquement en bien, pourtant j'ai retardé sa lecture parce que ... en fait je ne sais pas trop pour quelle raison, peut-être à cause de cette si grande notoriété.
L'entrée en matière du roman sert à camper le décors et les personnages, le cœur du roman est bien entendu le procès de cet homme accusé injustement er les répercussions que sa défense assurée par Atticus va avoir sur la famille de ce dernier.
Car à cette époque la ségrégation st omni-présente dans les états du sud et il est impensable qu'un noir puisse être innocent, et encore moins que son avocat démontre que la partie adverse ment effrontément.
La narration de Scout, petite fille au moment des faits, permet d'immerger le lecteur dans cette époque et lui fait vivre le procès de l'intérieur.
Et c'est sans doute parce que le ton est un peu enfantin que l'histoire percute aussi bien et touche autant.
Atticus est un homme profondément bon, qui inculque des valeurs à ses enfants et ne les élève pas dans la haine d'autrui, à tel point que Scout, bien que jeune, est lucide face aux événements : "La vie impossible qu'imposent les Blancs aux gens de couleur sans même prendre la peine de penser qu'ils sont eux aussi des êtres humains.".
La fillette prend bien évidemment fait et cause pour son père car comme lui elle est persuadée de l'innocence de Tom Robinson (à juste titre par ailleurs) : "C'est pas juste de les traiter comme ça !".
Le personnage de Scout a une prise de conscience très tôt du racisme ambiant et de mise dans cette ville, pourtant élevée comme elle l'a été elle ne va pas se laisser influencer et céder à la vindicte populaire.
Ce personnage m'a un peu rappelé celui plus récent de Skeeter dans "La couleur des sentiments".
Outre Scout, j'ai été fascinée par la personnalité du père, Attcius, un homme bon qui élève seul ses enfants et se bat pour une justice en laquelle il croit, même si à cette époque et avec toute la meilleure volonté du monde et toutes les preuves il n'avait aucune chance de gagner et d'innocenter Tom : "Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.".
Ce roman a l'intelligence de mélanger habilement plusieurs genres, une bonne partie du récit se rapprochant d'un roman policier, ce qui le rend encore plus addictif à la lecture.
S'il s'agit d'une fiction, Harper Lee y a quand même glissé des éléments autobiographiques de sa propre enfance (le personnage de Dill a par exemple été inspiré de son ami d'enfance Truman Capote) et s'est inspirée d'une histoire ayant eu lieu dans sa jeunesse pour bâtir le personnage de Tom.
Bien que l'intrigue se situe dans les années 30, ce roman a été publié en 1960, époque à laquelle les droits civiques des Afro-américains ont été retenus et de l'abolition de la discrimination dans les établissements d'enseignement ("Sweet sixteen" est justement un roman pour adolescents traitant de ce sujet).
Il est assez incroyable de se dire qu'il s'agissait là d'un premier roman tant la plume est merveilleuse et le style maîtrisé.
C'est un véritable coup de maître qu'a réalisé Harper Lee et je peux comprendre qu'elle n'ait pas souhaité récidiver, sans doute a-t-elle écrit dès sa première oeuvre le récit de sa vie, celui qui restera à jamais dans les annales de la littérature, ce qui bel et bien le cas.
Cette lecture m'a évidemment énormément touchée et il ne me reste plus qu'à voir l'adaptation cinématographique qui en a été faite sous le titre "Du silence et des ombres" avec Gregory Peck dans le rôle d'Atticus Finch.
Plaidoyer pour la justice, "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" est un bouleversant livre dont je garderai un souvenir ému à jamais.
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