dimanche 24 novembre 2013

La Strada de Federico Fellini



Gelsomina a été vendue par sa mère a Zampano, qui la brutalise et ne cesse de la tromper. Ils partent ensemble sur les routes, vivant misérablement du numéro de saltimbanque de Zampano. Surgit Il Matto (le fou), violoniste et poète, qui seul sait parler à Gelsomina. (AlloCiné)

"La Strada" est considérée, à juste titre, comme l'un des chefs-d'oeuvre de Federico Fellini et par extension du cinéma mondial.
Le cinéma italien a connu son âge d'or et Federico Fellini fait partie de ces réalisateurs qui ont marqué leur époque et leur génération et dont le nom restera gravé à jamais dans les annales du cinéma.
C'est en 1954 que ce film sort sur les écrans, racontant l'histoire de Gelsomina, une fille un peu simple, vendue par sa mère à Zampano, un forain ambulant spécialisé dans des tours de force.
Gelsomina s'attache très vite à Zampano qui le lui rend mal, la brutalisant, la traitant comme une bonne à tout faire et ne lui accordant pas la moindre attention.
La seule personne qui comprendra Gelsomina sera "le Fou", un forain réalisant un numéro périlleux de funambule.



L'histoire est somme toute assez simple et banale, mais Federico Fellini a su la mettre en scène et la filmer avec beauté et oui, même si le film est en noir et blanc, les teintes sont vraiment très belles et accentuent les côtés poétique et dramatique de l'histoire et du destin des personnages.
Intéressant également de voir que l'adaptation en français des dialogues a été faite par Raymond Queneau.
Quant aux personnages, il est très difficile de ne pas s'attacher à la simple mais si touchante Gelsomina, interprétée avec brio par Giuletta Massina, l'épouse de Federico Fellini à la ville et à vie; quant au sauvage et rugueux Zampano, interprété par Anthony Quinn, le spectateur finit par éprouver à son égard une forme d'attachement mais aussi de pitié, voyant cet homme s'enfoncer dans sa solitude et refusant le contact d'autrui.
Pourtant, le spectateur a espéré l'espace d'un instant que Gelsomina finirait par ouvrir les yeux à Zampano, mais celui-ci ne le fera que bien trop tard, homme brutal et aimant sa solitude il est et il le restera.
Difficile de ne pas éprouver une forme de chagrin envers cet homme, encore plus envers Gelsomina, une fille issue d'un milieu pauvre qui de toute sa vie n'aura pas réellement connu le bonheur, aura traîné sa misère chez sa mère et sur les routes en compagnie de Zampano, vivant de numéros attirant peu de foule et qui sans jamais tomber dans l'absurde réussiront à arracher quelques sourires et rires aux spectateurs.
Et puis il y a Richard Basehart dans le rôle d'Il Matto, le rouage qui vient déranger la mécanique bien huilée de l'étrange duo formé par Gelsomina et Zampano, avec une scène de poursuite entre les deux hommes à la fois hilarante et triste, un combat de coqs pour une femme que l'un comme l'autre n'aiment pas forcément, ou alors sans s'en rendre compte.
En tout cas, une belle façon de revisiter le triangle amoureux, avec une brute, un saltimbanque et une ingénue.
Au final, "La Strada" s'avère être un film reflétant une misère sociale dans l'Italie d'après-guerre qui peine à se reconstruire.


Mais "La Strada", c'est aussi un air musical mondialement connu composé par Nino Rota.
La musique tient un rôle très important dans ce film, elle sublime les images et l'histoire et n'y est sans doute pas pour rien dans le succès de ce film.
Et puis, il y a les magnifiques paysages d'Italie qui tiennent lieu de cadre à l'histoire, une nature ayant conservé un côté sauvage à l'image de Zampano et tout à la fois une certaine douceur à l'image de Gelsomina.
Le choix des décors naturels pour tourner ce film y est également pour beaucoup dans sa beauté, ayant le mérite de montrer un aspect de l'Italie qui n'est pas forcément le plus connu, renforçant qui plus est le côté social et miséreux montré par le réalisateur.
A cette époque d'ailleurs, Federico Fellini était encore influencé par le néoréalisme italien.
Ce qui explique aussi sans doute le côté magique de son film, car si Zampano ne connaît pas le succès avec ses numéros de saltimbanque, la magie, elle, est bien présente durant tout le film, de la première image à la dernière.


"La Strada" fait partie de ces films qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie, un film remarquable, de toute beauté, construit sur une histoire simple mais servi par des acteurs plus vrais que nature pour donner vie aux personnages.
Alors oui, "La Strada" est un film culte et ce titre n'est absolument pas usurpé mais largement mérité.


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