samedi 9 novembre 2013

L'année du volcan de Jean-François Parot


1783, l’éruption gigantesque d’un volcan en Islande provoque d’importants changements climatiques. La terre se réveille : tremblements de terre, tempêtes… affaiblissent tous les pays d’Europe, la France en particulier. Le royaume commence à vaciller, les caisses se vident. Nicolas est convoqué par la Reine. Il est chargé d’enquêter sur la mort violente d’un de ses proches : le Vicomte de Trabard. L’homme est mystérieux, il fréquente le monde de la finance. Ne cherche-t-il pas à camoufler une affaire de fausse monnaie ? Tous les moyens sont-ils bon pour combler l’immense déficit du Trésor royal ? Voilà une affaire qui n’est pas sans nous rappeler quelques événements contemporains… 
Les investigations de Nicolas vont le conduire une nouvelle fois en Angleterre et le mener à deux personnages le Comte de Cagliostro et la Comtesse de la Motte, chacun au cœur d’affaires où, là aussi, l’argent est en jeu. Dans ces mondes nouveaux que Nicolas va découvrir, la mort plane encore plus proche… (JC Lattès)

Les aventures de Nicolas le Floch se suivent et ne se ressemblent pas ... pour ce qui est de l'intrigue en tout cas.
Cette nouvelle aventure se déroule en 1783, Louis XVI est un roi plutôt méconnu et terne en comparaison de ses aïeux, qui peine à s'imposer : "Le feu roi avait le jugement sain, mais s'en remettait, hélas, à ceux qui parlaient haut, estimant trop mal son propre bon sens et ses capacités. Louis XVI détenait cette même qualité de discerner le bien et le meilleur, cependant, quelle que fût sa certitude ou son raisonnement, il les conservait par-devers lui, renonçant à trancher et, en fin de compte, à imposer.", et dont la fonction lui pèse plus qu'autre chose : "Gouverner, c'est toujours faire des choix entre des inconvénients, fussent-ils rudes pour une âme tendre.".
La Reine confie une mission sous le sceau du secret au commissaire le Floch : enquêter sur la mort du Vicomte de Trabard, piétiné par un cheval, ce qui conduira le commissaire aux Affaires extraordinaires notamment en Angleterre où il n'y a pas que des amis, et à rencontrer deux personnages mystérieux : le Comte de Cagliostro et la Comtesse de la Motte.

Nicolas le Floch vieillit, il est revenu sur certaines de ses illusions mais ne mène pas pour autant une vie moins trépidante et n'en côtoie pas moins la mort : "La mort est notre attente. C'est un chemin difficile sur lequel on avance à reculons. La distance qui nous en sépare est toujours trop courte. Il faut s'y résigner.".
Il s'adoucit auprès d'Aimée d'Arranet, une jeune femme vive d'esprit aux idées féministes et rêvant d'égalité entre hommes et femmes : "N'avons-nous pas le droit je juger des choses et des gens ?", et recueille toujours des bons conseils auprès de son ami Aimé de Noblecourt, qui lui aussi vieillit et se laisse séduire par les nouvelles idées et courants de pensée qui émergent : "Janus a deux faces, Noblecourt épousait alors son siècle. Le sentiment le portait à regretter un passé qui se confondait avec sa jeunesse, mais la raison lui faisait admettre la nécessité d'un changement que les idées des philosophes et sa propre aménité imposaient.".
Les prémices de 1789 se font déjà ressentir, le peuple commence à inquiéter certaines personnes, à commencer par Nicolas le Floch, tandis que son fidèle adjoint Bourdeau laisse échapper quelques phrases laissant prévoir ce qui se déroulera quelques années plus tard, à savoir un renversement de la bourgeoisie et du clergé par les gens du peuple.
"On pouvait tout espérer du progrès et des lumières de la raison.", des progrès se font à grand pas à cette époque et les Lumières des philosophes éclairent encore les salons les plus avisés, mais l'ombre de la Révolution plane, à l'image de ce ciel assombrit, de ce soleil obscurcit, de ces multiples orages ravageurs, de la chaleur étouffante, d'un air parfois irrespirable et semant la mort venant d'Islande et d'un volcan entré en éruption.
Il serait bien naïf de croire que Jean-François Parot s'est inspiré d'un autre volcan islandais ayant semé en 2010 une petite panique en Europe, le Laki est bien entré en éruption en 1783 et ce jusqu'en février 1784, causant de nombreux dégâts et morts en Islande mais également dans d'autres pays d'Europe, et provoquant un dérèglement climatique les années suivantes qui, entre les sécheresses, les hivers très rigoureux, les orages de grêle qui détruisirent les récoltes en 1788, causât famine et pauvreté, deux facteurs importants qui provoquèrent la Révolution Française.
A l'image des autres volets des enquêtes de Nicolas le Floch, les à-côtés de l'histoire sont toujours extrêmement documentés et précis, tout comme les recettes de cuisine qui égayent aussi bien le lecteur que les personnages et le parler et les expressions de l'époque.
Jean-François Parot maîtrise son sujet et il le montre, c'est l'une des forces de cette série qui permet par la même occasion d'apprendre des anecdotes tout en retraçant de façon fidèle la vie à l'époque et les règles qui prévalaient à Versailles.
D'un autre côté, je ne peux que constater dans cette nouvelle aventure ce que j'avais déjà remarqué dans de précédents volumes, à savoir une histoire qui s'étale en longueur, qui tarde à se mettre en place et à amener des pistes et qui se résout trop rapidement à la fin, un travers que je ne trouvais pas dans les premiers volumes de cette série.
Au final, il faut attendre longtemps, trop longtemps, pour que l'enquête sur la mort du Vicomte de Trabard se mette en place, encore plus pour avoir une ébauche de pistes et non de nouveaux tiroirs qui s'ouvrent et viennent alourdir l'intrigue, alors que la résolution et les tenants et les aboutissants sont expédiés en quelques pages.
Et avec un roman ayant pour titre "L'année du volcan", je m'attendais à en entendre parler beaucoup plus, alors que tout ceci n'est qu'évoqué à certains moments, ma curiosité sur ce point n'a pas été complètement satisfaite.
Il faut alors chercher la raison de ce titre dans les faits qui se jouent pendant l'année où le volcan est venu perturber l'Europe.
Par contre, la couverture est non seulement belle et bien choisie mais trouvera son explication dans l'épilogue de cette nouvelle aventure du commissaire aux Affaires extraordinaires.

"L'année du volcan" est un bon cru des aventures de Nicolas le Floch, j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver ce personnage et son entourage ainsi que le Paris du 18ème siècle si bien rendu à la vie par Jean-François Parot, et malgré une intrigue qui tarde à se trouver et traîne en longueur ce n'est pas encore demain la veille que j'abandonnerai Nicolas le Floch à son destin, d'ailleurs, elle est pour bientôt sa nouvelle enquête ?

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