dimanche 27 mars 2016
Evariste de François-Henri Désérable
À quinze ans, Évariste Galois découvre les mathématiques ; à dix-huit, il les révolutionne ; à vingt, il meurt en duel. Il a connu Raspail, Nerval, Dumas, Cauchy, les Trois Glorieuses et la prison, le miracle de la dernière nuit, l'amour et la mort à l'aube, sur le pré. C'est cette vie fulgurante, cette vie qui fut un crescendo tourmenté, au rythme marqué par le tambour de passions frénétiques, qui nous est ici racontée. (Gallimard)
Cher François-Henri Désérable,
Puisque vous avez choisi de vous positionner en narrateur masculin de cette histoire à l'attention d'une jeune fille (dont j'ai bien senti que vous aviez envie de lui ôter ses vêtements et pas uniquement de lui conter fleurette, mais ceci est une autre histoire), à mon tour de vous rendre la pareille et de partager avec vous mon avis sur votre récit.
Soyez assuré que je ne peux détester votre roman, citer dans un texte mon film de référence sur la Révolution Française avec cette scène mythique d'ouverture ne pouvait que vous attirer mes bonnes grâces.
Néanmoins, il n'est ici point question de révolution, quoi que, mais de la vie, de l'oeuvre et de la mort d’Évariste Galois : "Car cette histoire, mademoiselle, n'est pas celle du gladiateur sans nom à la merci d'un seul doigt; non, cette histoire est celle d’Évariste Galois, mathématicien de génie qui mourut en duel à vingt ans.".
Même Arthur Rimbaud, auquel vous vous référez dans votre récit, a réussi à être une étoile moins filante qu’Évariste Galois.
Évariste Galois a eu en tout et pour tout cinq ans pour révolutionner les mathématiques (finalement il est bien question de révolution dans ce qui constitue votre deuxième récit).
Je vous ai lu, j'ai tout compris à Évariste Galois.
Oh rassurez-vous, en disant cela je ne fais pas allusion à la théorie mathématique qu’Évariste a développé, je laisse ce soin à des cerveaux bien plus féconds que le mien dans ce domaine, mais bien à l'essence même qui faisait Évariste Galois, ce génie incompris qui s'est ennuyé ferme sur les bancs du lycée Louis-le-Grand, qui a échoué par deux fois au concours d'entrée à Polytechnique, qui, en désespoir de cause, est entré à l'Ecole Normale Supérieure et a fini par participer à la Révolution de Juillet et a séjourné en prison.
Évariste aurait pu jeter l'éponge, mais que nenni : "Et alors on se dit qu’Évariste aurait pu se morfondre, se révolter, de guerre lasse envoyer chier les mathématiques, mais il aimait les mathématiques, il les aimait passionnément, furieusement, et de nouveau il s'y adonna tout entier, comme Galilée sa lunette braquée sur les étoile s'adonnait à l'astronomie, comme Commode dans Rome à quatre pattes s'adonnait aux sexes des gitons, comme la Rimbe venant de Charleville s'adonnera aux bouts rimés (et peut-être qu'à quatre pattes lui aussi ...).", le voilà reparti de plus belle à noircir des pages et des pages sur sa vision des mathématiques.
Mais voilà, Évariste s'amourache d'une personne du beau sexe, il se retrouve pris dans un micmac sentimental, convoqué à un duel et pan !
C'est le coup fatal, il a vingt ans, il n'a plus le temps de finir ses écrits, ni de les remettre au propre, ni de les compléter, il n'a plus le temps de rien : "Il a vingt ans. Il va mourir. Il n'est pas prêt.".
Clap de fin, au revoir Évariste et claque de plusieurs décennies pour l'avancée des mathématiques, perte d'un génie, d'un enfant pour sa mère, d'un être humain fauché dans la fleur de l'âge.
Jusqu'alors, Évariste Galois était surtout un nom et une théorie de mathématiques, désormais c'est une personne à part entière à qui vous avez redonné vie, même si vous avez beaucoup brodé, parce qu'il n'existe que très peu d'écrits sur lui, même s'il est difficile de se le représenter tant il existe peu de portrait de lui.
De vous je ne connaissais rien, pas même votre précédent écrit, pas même votre seconde vie de hockeyeur sur glace (ni votre minois ma foi assez charmant).
J'ai beaucoup aimé votre style enlevé, vos références culturelles (non mais "La Révolution Française" de Robert Enrico et Richard Effron, si vous saviez ce que j'ai pu regarder ce film en étant jeune ... et même en grandissant ... et la danse de la joie que j'ai faite lorsqu'il a enfin été édité en DVD, parce que ma copie VHS était plus qu'usée), la façon que vous avez de raconter et de jouer avec le lecteur (bon je me demande si l'effet est le même si votre lecteur est de sexe masculin), votre découpage de l'histoire en vingt chapitres, comme l'âge auquel est mort ce génie qu'était Évariste Galois.
Souvent, je suis assez partagée sur l'utilisation du langage moderne et grossier dans un texte narrant une époque bien particulière, finalement ici cela passe très bien et ne m'a pas gênée au cours de ma lecture.
Je dois vous avouer que je suis désormais très curieuse de lire votre précédent ouvrage consacré à Danton (pour ma part j'ai un petit faible pour le meilleur ami bègue de Robespierre, des fois que vous auriez envie d'écrire un nouveau récit autour d'un personnage de la Révolution Française) et que j'attends avec impatience votre prochain match de hockey sur glace même si je ne connais rien non plus à ce sport, ah non pardon, il est ici question de littérature, c'est donc votre prochain roman que j'attends avec impatience.
Soyez assuré, cher François-Henri Désérable, que je n'oublierai pas de montrer votre livre au peuple : il en vaut la peine.
Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2015
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Tu parles bien de ce livre que j'ai aussi pas mal apprécié !
RépondreSupprimerJe me suis dit qu'il fallait faire dans l'original pour une fois pour en parler.
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