Mustang et
moi au cinéma, c’est un rendez-vous loupé à deux reprises, pourtant j’étais
assez curieuse de voir ce film dont tout le monde en dit le plus grand bien.
Pour être
tout à fait honnête, lorsque j’ai lu le pitch du film j’ai immédiatement pensé
à "Virgin Suicides" de Sofia Coppola et effectivement,
"Mustang" a un faux air de "Virgin Suicides" Turque, mais
pas que.
Elles sont
cinq sœurs, c’est le début de l’été et la fin des cours, aussi en rentrant de
l’école elles vont jouer avec des garçons au bord de la mer, à se jeter de
l’eau, à faire des batailles fille contre fille, chacune sur les épaules d’un
garçon.
Vivant avec
leur grand-mère (les parents sont morts il y a plusieurs années), le village
s’empresse bien entendu d’aller lui rapporter ce qu’ils ont vu, et c’est le
scandale.
Les cinq
sœurs se retrouvent enfermées, la maison familiale se transforme au fur et à mesure
en véritable prison : rehaussement des murs, barrières aux fenêtres,
tandis que les cours de cuisine remplacent les leçons d’école et que les
mariages comment à s’arranger.
Mais les
cinq sœurs ne sont pas décidées à en rester là et bientôt elles trouvent des
subterfuges pour détourner les limites que l’on cherche à leur imposer.
Cette
histoire de jeunes filles se retrouvant prisonnières de leur domicile et de
leur famille n’est pas une première au cinéma, sauf qu’ici l’histoire se
déroule à notre époque en Turquie.
Il y a un
problème générationnel et de coutume, le spectateur comprend bien que la
grand-mère n’est pas hyper stricte et que jusqu’à présent elle avait laissé les
cinq filles plutôt libres de mouvements.
Mais voilà
que le restant masculin de la famille s’en mêle, il faut enfermer ces filles,
comme si cela allait leur couper les ailes, les éduquer à devenir de bonnes
cuisinières, des femmes humbles faisant de parfaites épouses, comme si cela
allait suffire pour supprimer des années de liberté.
Lale est la
plus jeune des sœurs et c’est à travers ses yeux que le spectateur va suivre
l’histoire et l’évolution de cette fratrie.
Mais c’est
aussi la plus déterminée, la plus farouche et en un sens la plus émancipée des
sœurs, sans nul doute la plus attachante.
Très vite on
sent qu’il y a un drame sous-jacent, qu’à un moment donné toute cette parfaite
comédie si bien rôdée va voler en éclat, mais quand ?
Il y a une
tension qui se crée, le spectateur sent bien que l’une de ces jeunes filles va
exploser en plein vol, mais laquelle.
Alors il
cherche, il émet des hypothèses, et puis petit à petit il devine.
Et ce n’est
pas pour autant que lorsque le drame arrive il en est moins douloureux.
L’atmosphère
finit à un moment donné par être étouffante, la vie se résume aux murs de la
maison, c’est l’été et il fait chaud, mais il faut rester enfermer.
Pour son
premier long métrage, Denis Gamze Ergüven a su manier habilement sa caméra,
elle arrive à sublimer ces jeunes filles, à les faire briller au milieu de tant
de noirceur d’étroitesse d’esprit, à leur donner un côté sauvage tel l’animal
qui donne son titre au film, mais sa mise en scène est à mes yeux un peu trop
classique et manque d’une certaine forme d’audace et de prise de risque.
J’attends
donc de voir sa prochaine réalisation pour constater si cette réalisatrice a su
prendre définitivement son envol et marquer de son empreinte le renouveau du
cinéma Turque.
Il n’en
demeure pas moins que "Mustang" est un beau portrait de jeunes femmes
qui tels des mustangs, ces chevaux fougueux et indomptables, ne se laissent pas
faire et cherchent à s’émanciper et à gagner leur liberté, à n’importe quel
prix.
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