mercredi 25 avril 2012

Je suis une légende de Richard Matheson


Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l'abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil...
Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme.
Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce désormais légendaire. (Gallimard)


Avec ce roman de science-fiction, Richard Matheson offre un point de vue original sur le vampirisme ainsi qu'une vision post-apocalyptique du monde différente de celle traditionnellement rencontrée dans la science-fiction.

L'auteur a instauré dès les premières lignes un climat oppressant qui ne quittera plus le récit.
En choisissant une narration à la première personne du singulier, il a également créé une empathie immédiate entre le lecteur et le personnage de Robert Neville et cela contribue à faire circuler entre ces deux protagonistes un climat oppressant et sombre, les émotions ressenties par Robert Neville ainsi que ses difficultés dans la vie quotidienne, notamment lorsque vient la fin du jour : "la nuit, ils étaient les plus forts. La nuit leur appartenait."

La construction de l'histoire est particulièrement intéressante, car au gré des chapitres Richard Matheson va aborder plusieurs thèmes : tout d'abord la solitude de Robert Neville entouré uniquement de vampires quand vient la nuit; puis sa rencontre avec un chien et ses tentatives pour l'apprivoiser, ce qui constitue un premier remède à la solitude; enfin la rencontre d'une femme, deuxième remède contre la solitude et tentative de se ré-humaniser, mais cette femme restera mystérieuse.

J'ai trouvé qu'il y avait dans cette histoire une forte dimension spirituelle voire biblique : la solitude du premier homme, la femme par qui tout va basculer, mais dans un ordre inversé : dans le cas présent il s'agit du dernier homme, la Terre se dépeuple des humains au profit des vampires, pour finir par le sacrifice du dernier humain pour permettre à cette nouvelle humanité de vivre et de s'épanouir. Il y a un parallèle très intéressant entre l'Ancien Monde et le Nouveau Monde versus l'Ancien Testament et le Nouveau Testament. Cette inversion de la création est le fil conducteur du roman, dans l'ancien monde les vampires n'étaient qu'une légende alors que dans le nouveau monde ce sont les humains qui le deviennent.
Et que dire de la fin, à part qu'elle est remarquable et que jusqu'à présent j'avais rarement lu un tel retournement dans une situation finale.
Car il n'y aura pas de fin heureuse pour Robert Neville, il n'y aura qu'un sacrifice, un anéantissement final de l'Humanité : "Robert Neville considéra le nouveau peuple de la Terre. Il savait qu'il n'en faisait pas partie. De même que les vampires, il était pour eux une abomination, un objet de sombre terreur."

Je reprocherai juste à ce roman quelques invraisemblances. En effet, l'électricité continue de fonctionner alors qu'il n'y a plus personne pour travailler dans les centrales, ce n'est pas crédible, et concernant la nourriture, je trouve cela impossible de trouver presque facilement de la nourriture et surtout de faire des réserves de viande au congélateur depuis trois ans ! Mais le passage où cela est le plus flagrant, c'est lorsque le héros se transforme en chercheur et tente de créer un antibiotique simplement en lisant quelques ouvrages à la bibliothèque. Là les ficelles sont énormes et c'est tout simplement inconcevable, pas crédible une seule seconde et impossible, d'autant que l'auteur a laissé des pistes auparavant laissant penser que Robert Neville ne travaillait absolument pas dans ce secteur du tout où la Terre était encore peuplée d'humains.

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir Richard Matheson à travers son roman "Je suis une légende" qui apporte une vision intéressante et sortant de l'ordinaire sur le vampirisme.
Un très bon livre de science-fiction, un classique du genre, qu'il faut découvrir sans plus attendre.

Ce livre a été lu dans le cadre d'une lecture commune du club de lecture de Babelio d'Avril 2012


5 commentaires:

  1. Le parallèle biblique que tu proposes est super intéressant ! En gros, Matheson serait un christ maudit. C'est excellent !!!

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  2. @ Lili : merci, c'est une impression que j'ai ressenti tout au long de la lecture y compris dans la structure du livre.

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  3. je l'ai lu et j'ai vu le film qui reste fidèle au roman : Richard Matheson reste pour moi un maitre de la science fiction .

    j'ai été marquer par la manière donc l'auteur décrit la solitude du héros .
    je relirais ce livre avec grand plaisir

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  4. @ Marie : quel film ? Il y en a eu plusieurs. Pour ma part je n'en ai vu aucun mais s'il y en avait un à voir je pense que ça ne serait pas le dernier, le personnage est trop différent de celui de Richard Matheson et j'apprécie moyennement les disgressions littéraires quand elles ne sont pas justifiées.

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  5. alors j'ai vu "je suis une légende " avec will smith

    pour ma part et cela n'engage que moi ce film est une bonne adaptation du livre .

    Le film n'entâche en rien l'histoire originale du livre sinon je serais la 1ere à raler car je ne supporte pas qu'un film prenne des libertés avec un livre : ça me porte sur les nerfs !!!

    la couverture du livre est celle de l'affiche du film !!!!

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