jeudi 26 avril 2012

Le voisin de Tatiana de Rosnay


Un mari souvent absent. Un métier qui ne l'épanouit guère. Un quotidien banal. Colombe Barou est une femme sans histoires. Comment imaginer ce qui l'attend dans le charmant appartement où elle vient d'emménager ? À l'étage supérieur, un inconnu lui a déclaré la guerre. Seule l'épaisseur d'un plancher la sépare désormais de son pire ennemi... Quel prix est-elle prête à payer pour retrouver sommeil et sérénité ? Grâce à un scénario implacable, Tatiana de Rosnay installe une tension psychologique extrême. Situant le danger à notre porte, elle réveille nos terreurs intimes. (Le Livre de Poche)

Colombe Barou est l'archétype de l'épouse aimante, de la femme au foyer, de celle qui se fait perpétuellement discrète et que personne ne regarde jamais, celle qui s'est oubliée pour ne vivre que pour son mari et ses enfants : "Balthazar. Oscar. Stéphane. Elle sait tout de leurs goûts, leurs habitudes, leurs manies, leurs peurs, leurs passions. Du coup, elle en oublie les siennes."
Mais voilà que suite à un déménagement, le voisin du cinquième, le docteur Faucleroy, va lui faire vivre chaque nuit où elle sera sans son mari "Un viol auditif", passant successivement de Mick Jagger à des bruits plus ou moins insolites, privant définitivement Colombe du sommeil, la transformant en zombie et la faisant doucement mais sûrement basculer dans la folie.

Ce roman de Tatiana de Rosnay oscille perpétuellement entre le thriller, le conflit domestique et la quête de soi. Ni récit romantique, ni récit d'horreur, l'histoire se situe quelque part entre les deux et je n'ai pas toujours réussi à bien me positionner au cours de cette lecture.
Je reconnais pourtant que l'histoire est bien menée, il y a un basculement dans la folie de l'héroïne bien amené et travaillé et puis le revirement final est subtil et quelque peu surprenant, voire déstabilisant pour le lecteur.
Tatiana de Rosnay a su créer une tension psychologique et renvoie chaque lecteur a ses peurs intimes, ses peurs d'enfant du noir, des monstres sous le lit ou sous l'armoire.

Les personnages sont également bien travaillés, à commencer par Colombe. L'auteur a réussi à se mettre dans la peau d'une femme malheureuse dans sa vie personnelle, qui n'aime plus son mari mais ne s'en rendra compte qu'au cours de ses nuits blanches; mais également professionnelle, à force d'être toujours le "nègre" de quelqu'un et de rester dans l'ombre alors qu'elle aspire à écrire son propre livre.
J'ai particulièrement aimé le fossé qui se creuse entre Colombe et son mari tout au long du récit, le paroxysme étant atteint lors d'un dialogue sur la tromperie où ces deux personnages sont en totale opposition, pour Colombe c'est non et "ses yeux sont francs et doux" tandis que "Stéphane éteint la lumière. C'est plus facile de mentir dans le noir."
D'ailleurs, le personnage de Stéphane devient de plus en plus infect et se révèle sous un jour de macho : "C'est pire, ce que tu me fais endurer. C'est bien pire, une épouse infidèle."
Néanmoins, j'ai été quelque peu déçue par le personnage du Docteur Faucleroy.
Pendant les trois quart du récit il semble être machiavélique, manipulateur, et j'ai été déçue lors de la confrontation réelle, elle est déjà courte et aurait pu être bien plus angoissante, elle apparaît fade par rapport à la tension psychologique présente auparavant.

J'ai aussi trouvé qu'il y avait quelques passages fragiles du point de vue narratif.
Au début de l'histoire, je trouve dommage la conclusion suivante lors de l'emménagement : "Elle ne le sait pas, elle ne se doute de rien, mais elle savoure une de ses dernières nuits de sommeil.", il y a déjà une tension psychologique, cette phrase n'était pas utile.
Je trouve également que le début n'est pas judicieux, ce prologue retarde l'entrée dans l'histoire et, alors que la tension psychologique n'a pas été encore créée ni montée crescendo, cela vient un peu comme un cheveu sur la soupe.
De plus, les chapitres sont inégaux et je trouve l'utilisation de l'astérix - * - pour séparer les paragraphes abusive, par moment on saute trop d'une histoire à l'autre.

"Le voisin", malgré quelques maladresses dans le style narratif et un prologue superflu, est un roman psychologique plutôt bien maîtrisé dans l'ensemble par Tatiana de Rosnay et il se lit avec curiosité et un certain plaisir.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2011/2012 - Lettre R

2 commentaires:

  1. je l'ai lu cet été j'avais fait la critique sur mon blog .

    je trouve que la fin du livre est baclée .

    l'histoire est interessante : on sombre comme l'héroine dans la paranoïa , on se demande au final si le mari est si "bien " que ce qu'il veut faire croire .
    ce n'est pas le meilleur roman de Tatiana de Rosney

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  2. Pour ma part c'est surtout le début qui vient un peu tout gâcher, comme tu le dis, l'histoire centrale est bien et le basculement dans la paranoïa est réussi.

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