lundi 23 juillet 2012

Les aventures de Tintin - Le crabe aux pinces d'or de Hergé


"Le Crabe aux pinces d'or" (1941) renoue avec l'aventure exotique. Enquêtant sur un trafic de fausse monnaie, Tintin se retrouve emprisonné sur un navire, le Karaboudjan. A son bord, il fait la connaissance du Capitaine Haddock, marin alcoolique, et découvre l'existence d'un trafic d'opium, dissimulé dans des boîtes de crabe. Réussissant à s'enfuir avec Haddock et se réfugiant au Maroc, Tintin finira par démasquer la bande de malfaiteurs. (Casterman)

"Le crabe aux pinces d’or" est la neuvième aventure de Tintin prépubliée en noir et blanc entre octobre 1940 et octobre 1941 et parue en version couleur en 1944.
La prépublication intervenant pendant la Seconde Guerre Mondiale et la Belgique étant occupée par les Allemands, Hergé n’était pas libre dans les thèmes abordés et se devait de rester neutre.

Néanmoins, cet album se démarque sur certains aspects et revêt un caractère important car il met en scène un personnage qui deviendra récurrent par la suite : le capitaine Haddock.
En effet, le capitaine est introduit dans l’univers de Tintin avec cette histoire et la vision qui en est donnée est moins lissée et « politiquement correct » que dans les autres albums.
Tintin va faire sa rencontre sur le cargo dont il est le capitaine, le Karaboudjan, qui en réalité sert au lieutenant Allan à faire du trafic d’opium.
C’est un capitaine sans aucun panache ni emprise sur son équipage qui y apparaît, avec un fort penchant pour l’alcool et passant la majorité de son temps saoul.
Il est par la suite montré très souvent avec une bouteille à la main ou bien fantasmant et transformant les personnes en bouteille de champagne ou de vin.
Le pire moment pour ce personnage étant sans doute la traversée du désert marocain : "Le pays de la soif !"
Les ravages de l’alcool étant ce qu’ils sont, il ne réfléchit pas et met à plusieurs reprises sa vie et celle de Tintin en jeu, agissant sur le coup de l’impulsion et réalisant après coup qu’il n’aurait pas dû agir ainsi.
Ce qui aurait pu rendre le personnage définitivement pathétique va au contraire le servir et l’ancrer à jamais dans la mémoire collective de l’univers de Tintin car en agissant ainsi, le capitaine Haddock va apporter une touche d’humour à l’histoire, tandis que les Dupondt y apportent de la loufoquerie.
De plus, j’ai toujours trouvé intéressant le point de vue de Hergé sur la relation entre Tintin et les armes à feu.
Ainsi, ce dernier n’a rien contre leur utilisation, mais il ne les utilise jamais et ne s’en sert que pour se défendre.
Cet album en est une belle illustration : Tintin va sortir un pistolet pour intimider les méchants mais il le perdra très vite par la faute du capitaine au profit de ces derniers.
Il utilise aussi l'intimidation et le mensonge au besoin : "Et moi, je dois aller sans tarder à l'Institut Pasteur ... car je viens d'être mordu par ce chien enragé !"
Mais, comme dans les autres aventures de Tintin, Hergé n'est jamais moralisateur, même lorsqu'il aborde l'alcoolisme ou le trafic d'opium, et c'est l'un des atouts de cette série.
L’autre point flagrant dans cet album, sans doute plus que dans les autres, c’est l’opposition entre Tintin, héros quasi angélique sans aucun défaut et ne doutant jamais ; et le capitaine Haddock condensant à lui seul les interrogations, les faiblesses, les rechutes, les maladresses, les actes irréfléchis.
Ces deux personnages sont tellement différents l'un de l'autre que leur entente, et par la suite leur amitié, n'en est que plus originale et inattendue.

"Le crabe aux pinces d'or" est une aventure de Tintin particulièrement plaisante à lire, d'autant qu'elle marque la rencontre entre Tintin et le capitaine Haddock, que Milou y apporte une touche comique des plus plaisantes et qu'elle a lieu dans un contexte exotique.

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