lundi 22 septembre 2014

Hôtel particulier de Guillaume Sorel


Émilie, jeune suicidée mélancolique, explore ses nouvelles limites fantomatiques dans son immeuble, habité de personnes étranges : magicien, petite fille prisonnière d?un sortilège, artiste mélancolique? Dont elle fut autrefois la muse et dont elle ne tarde pas à tomber amoureuse. (Casterman)

Emilie est une jeune femme sans histoire, habitant un immeuble au premier abord banal, et dont le seul souci est d'être délaissée par son amoureux.
Sauf que désormais, son souci est d'être morte, revenue à l'état de fantôme hantant l'immeuble : "Ni chaud, ni froid, pas faim, pas sommeil ... Réfléchir ... Seule, stérile pour l'éternité.", et dont le seul compagnon qui la voit et avec qui elle peut échanger est un chat.
Emilie observe les gens de l'immeuble, découvre ses secrets et tombe amoureuse d'un peintre fauché venu s'y installer et possédant un miroir aux drôles de pouvoir.
Ici point de doute, l'histoire bascule très vite dans le fantastique avec des fantômes, une sorcière, et un immeuble hanté par des personnages étranges, au sens propre comme au figuré.
Il y a du Charles Baudelaire dans cette histoire, avec une ambiance qui s'y prête et de la poésie d'Arthur Rimbaud qui vient se greffer au scénario.
Emilie aurait pu s'appeler Ophélie sans souci, elle devient cette noyée imaginaire et y est associée comme tel : "La "morte amoureuse", me voilà dans de beaux draps.".
Tandis que le peintre devient obsédé par elle, ne cessant de la représenter sur ses toiles et finissant même par en tomber amoureux : "Fixer une émotion sur la toile, c'est comme donner un nom à une maladie, après, on en a moins peur.", apprivoisant ainsi ce sentiment qu'il ressent.
"Les miroirs nous renvoient une réalité bien plate pour ceux qui ne savent pas voir la magie du monde.", ici quelques personnes finissent par voir la magie du monde, mais malheureusement pour elles, il leur faut d'abord passer par la mort.
L'auteur joue à la fois sur la poésie, le fantastique, et des croyances populaires, notamment celle des chats pouvant voir les fantômes.
Il se dégage une ambiance de cette bande dessinée, les tons gris des dessins y étant pour beaucoup et donnant une impression de noirceur et un côté glauque à l'histoire, aux personnages et à cet immeuble.
Elle pourrait rebuter au premier abord mais il ne faut pas hésiter à pousser la porte et à y pénétrer, tel un fantôme passant entre les murs d'un appartement à l'autre.
Malgré une quasi absence de couleurs le graphisme est intéressant et j'aime beaucoup le trait de plume de Guillaume Sorel, c'est d'ailleurs la couverture qui m'a tout d'abord séduite et donné envie de découvrir cet auteur.

Je n'irai très certainement pas habité cet immeuble, mais en tant que lectrice, "Hôtel particulier" de Guillaume Sorel est un plaisir d'y jouer les passe-murailles et les voyeurs, la plume est belle et l'histoire à la fois triste et magique, une belle découverte.

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