vendredi 20 novembre 2015

Le roman de la momie de Théophile Gautier


Dans un tombeau de la Vallée des Rois, un jeune lord anglais et un archéologue découvrent la momie d'une jeune fille à la bouleversante beauté. Près d'elle, un papyrus raconte son histoire... Ainsi nous est révélé le destin de Tahoser, fille d'un grand prêtre d'Egypte, qui s'éprend d'un Hébreu. Elle est prête à partager la vie du peuple esclave, mais Pharaon, passionnément amoureux d'elle, la fait enlever et lui offre puissance et richesse... Le drame culmine lorsque, sur les pas de Moïse, les Hébreux se mettent en marche vers la mer Rouge, bientôt poursuivis par le monarque à la tête de son armée. (Le Livre de Poche)

"Le roman de la momie" a été publié en feuilleton, à l’époque où les romans historiques étaient fortement en vogue, pour ne pas dire très tendance.
De Théophile Gautier, j’ai déjà lu la nouvelle « Arria Marcella » qui traite d’un homme qui, à l’occasion d’une visite du site archéologique de Pompéi, tombe fou amoureux de l’image d’une jeune femme morte dans l’éruption du Vésuve.
Ici, le principe est un peu le même puisque un jeune aristocrate Anglais, Lord Evandale, et un égyptologue Allemand, le docteur Rumphius,  découvrent dans la vallée de Biban-el-Molouk une tombe inviolée.
Dans le sarcophage normalement réservé à pharaon, les hommes découvrent la momie parfaitement conservée d’une jeune fille de toute beauté : Tahoser.
La suite s’attache à raconter la vie de cette jeune fille et particulièrement ses amours.

La belle Tahoser, fille d’un grand prêtre d’Egypte, est riche et pourrait avoir n’importe qui tant les hommes soupirent sur son passage devant tant de grâce et de beauté.
Mais voilà,  "La passion ne calcule pas.", et Tahoser est amoureuse du mystérieux Poëri, un Juif promis à la belle Rachel.
Tahoser fuit de chez elle, se fait passer pour une fille pauvre et entre ainsi dans la maison de Poëri sous le nom de Hora, elle découvre l’amour secret de cet homme à l’occasion d’une filature qu’elle fait de Poëri dans le désert.
Mais qu’importe, Poëri et Rachel prennent la décision de la garder, en somme faire un ménage à trois.
Le souci que Tahoser ignore, c’est qu’elle a attiré l’attention de Pharaon qui est tombé fou amoureux d’elle et la fait chercher partout : "Pourtant Tahoser était bien belle, et l'amour qu'ignorait ou dédaignait le mélancolique habitant de la villa, Pharaon l'eût acheté bien cher; pour la fille du prêtre, il eût donné Twéa, Taïa, Amensé, Hont-Reché, ses captives asiatiques, ses vases d'argent et d'or, ses hausses-col de pierres coloriées, ses chars de guerre, son armée invincible, son sceptre, tout, jusqu'à son tombeau auquel depuis le commencement de son règne, travaillaient dans l'ombre des milliers d'ouvriers !".
Sur dénonciation, Tahoser est capturée par Pharaon qui l’emmène dans son palais et lui promet monts et merveilles : "Je te donne l'Egypte avec ses prêtres, ses armées, ses laboureurs, son peuple innombrable, ses palais, ses temples, ses villes; fripe-la comme un morceau de gaze; je t'aurai d'autres royaumes, plus grands, plus beaux, plus riches. Si le monde ne te suffit pas, je conquerrai des planètes, je détrônerai des dieux.".
Dans le même temps, Moïse ne cesse de demander à Pharaon de libérer de l’esclavage le peuple Juif et de laisser partir, ce que Pharaon refuse avant de céder suite à l’envoi des dix plaies d’Egypte.
Pharaon regrette très vite son geste, poursuit les Juifs mais est englouti avec son armée par les eaux de la Mer Rouge.
Tahoser devient reine d’Egypte, le récit s’arrête-là et il est dit que Lord Evandale ne s’est jamais marié, sans doute car il est tombé fou amoureux de la belle Tahoser morte depuis plusieurs siècles.

Ce récit est très romantique, voire trop, en tout cas pour ma part j’ai presque parfois souri à la lecture des amours contrariées de Tahoser.
Evidemment elle s’entiche de la mauvaise personne, évidemment elle ne pourra pas vivre l’histoire d’amour qu’elle souhaite, pourtant elle finit par s’accommoder de la vie avec Pharaon.
Je trouve ce revirement de personnalité quelque peu surprenant, mais je comprendre tous les attraits de la vie dans un palais somptueux avec une richesse des plus grandes.
Je ne m’attarderai pas trop sur la pseudo proposition de ménage à trois, j’ai trouvé ça résolument moderne pour l’époque, que ce soit du point de vue historique du récit que de celui de l’année d’écriture du roman.
Mais bon pourquoi pas, si tout le monde est heureux ainsi soyons fous !
Ce qui m’a le moins séduite dans ce roman, mais qui s’explique peut-être par sa publication sous forme de feuilleton, c’est le mélange dans les faits historiques et l’apparition presque soudaine d’indications de la Bible figurant dans "Le livre de l’exode".
J’avais presque l’impression de lire un récit issu des "Dix commandements" avec Charlton Heston dans le rôle de Moïse, avec les dix plaies d’Egypte, la fuite des Hébreux, alors que je ne m’attendais pas du tout à ça, d’ailleurs le début de l’histoire ne le laissait absolument pas prévoir.
Cette subite direction prise par l’auteur reste un mystère pour moi, et ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.
Malgré quelques erreurs et anachronismes, l’intérêt majeur de ce roman tient dans son ancrage historique fidèle.
Toutes les scènes et les objets de la vie quotidienne des Égyptiens sont fidèles à la réalité, très détaillés ; ainsi que les fouilles archéologiques en début de roman.
Ce sont tous ces aspects qui donnent tout son intérêt à cette lecture.
J’y ai également trouvé quelques similitudes avec "Arria Marcella" : sur la fidélité historique mais aussi avec une héroïne belle, morte il y a plusieurs centaines d’années et qui éveille encore un intérêt amoureux chez les hommes d’aujourd’hui.


"Le roman de la momie" est un roman au charme suranné dont l’intérêt principal réside dans la fidélité historique sur les modes de vie des Égyptiens.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 / Chute de PAL




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