mercredi 11 novembre 2015

Long week-end de Joyce Maynard


Une chaleur caniculaire règne sur la côte Est en ce début de week-end du Labor Day. À treize ans, Henry vit avec sa mère, aimerait améliorer son base-ball et commence à être obsédé par les filles. Rien que de très ordinaire en somme, sauf que sa mère, elle, ne l'est pas. Encore jeune et jolie, Adele vit pratiquement recluse depuis son divorce. La rentrée des classes qui approche la contraint à conduire son fils au centre commercial. Planté devant le présentoir des magazines où il essaye de feuilleter "Playboy", Henry se heurte à Frank, ou plutôt Frank s'impose à Henry. Taulard en cavale, Frank leur demande discrètement de le conduire chez eux ! Commence alors pour tous les trois un week-end hors du temps qui bouleversera leur vie à jamais... (10/18)

Avant de voir le film, j’aurais voulu lire le livre, mais c’est finalement l’inverse qui s’est produit.
C’est donc avec les images du film en permanence devant les yeux, et plus particulièrement celles des acteurs incarnant leur personnage – Kate Winslet en tête - , que ma lecture s’est déroulée.
Si le film dégage une ambiance, il en va de même pour ce roman se déroulant à la fin de l’été, juste avant la reprise scolaire.
Dans ce livre, il est question du hasard et du destin, d’un homme et d’une femme que rien ne prédestinait à les faire se croiser, d’un enfant qui assiste à tout cela, et des répercussions que cette rencontre forcée va avoir sur la vie de chacun d’eux : "Cette rencontre – pas seulement la leur, la nôtre, à tous les trois – constituait le seul vrai brin de chance survenu dans la vie de chacun d’entre nous depuis longtemps.".
Adele est une femme meurtrie, vivant en quasi recluse depuis son divorce, blessée dans sa chair et dans son désir d’enfant, reportant toute son affection sur son fils.
Elle ne vit plus, ou alors uniquement à travers son fils Henry, et il va lui falloir rencontrer Frank et vivre quelques jours seulement avec lui pour enfin renaître à la vie : "Il possédait cette capacité de concentration qui fait que le reste du monde semble ne pas exister, et qui interdit toute distraction à l’élève. Pourtant, de temps en temps, je regardais ma mère qui, debout derrière la table, nous observait. Si différente de ce qu’elle était habituellement que j’aurais pu la prendre pour quelqu’un d’autre.".
Car du temps, ces personnages ne vont pas vraiment en avoir, qui d’ailleurs pourrait croire qu’un taulard en cavale va pouvoir filer tranquille à l’étranger.
Pourtant, c’est dans une grande sérénité qu’ils vont envisager l’avenir, d’une certaine manière sans réelle précipitation car l’issue s’impose à eux : "Parfois on a besoin de s’arrêter, de simplement s’asseoir et réfléchir. Rassembler ses pensées. Ne plus bouger.".
Ce roman se passe en vase clos, hormis la sortie au centre commercial ces trois personnages vont vivre le week-end du Labor Day enfermés chez Adele, mais avec le reste de l’univers qui bien souvent se rappellera à eux.
Car c’est souvent lorsque l’on aspire à la paix que l’on est systématiquement dérangé par autrui.

J’ai particulièrement aimé l’atmosphère et l’ambiance qui se dégagent de ce récit.
Une chaleur caniculaire s’abat lors du week-end du Labor Day, au cours de ma lecture j’ai bien ressenti cette chaleur, cette moiteur, le corps qui transpire, les difficultés à trouver le sommeil la nuit.
Une certaine tension est palpable entre les personnages, Joyce Maynard parvient à transmettre les émotions qui les habitent au lecteur.
Henry a treize ans, dans sa tête il pense surtout et quasi exclusivement aux filles, les passages racontés de son point de vue retranscrivent à mon sens très bien les sentiments qui pourraient habiter un enfant de cet âge dans ce genre de situation.
Si l’auteur a su se mettre dans la peau d’un adolescent elle a surtout excellé à se mettre dans la peau de la fragile Adele et du touchant Frank.
Car c’est surtout pour ses personnages que j’ai apprécié ce roman, pour tout le monde il est plus que dangereux de vivre avec un taulard en cavale s’étant rendu coupable de meurtre, sauf pour Adele.
Elle a un côté naïf furieusement adorable, mais surtout un instinct qui ne la trompe pas, car elle a vite compris qu’avec Frank à ses côtés sa vie ne serait plus jamais la même, qu’il est celui qu’elle attendait sans le savoir.
Et oui, le prince charmant peut revêtir une apparence bien surprenante et inattendue.
Et pour tout le monde, quel est l’homme qui pourrait bien s’intéresser à une femme telle qu’Adele, sauf pour Frank car il sait que le hasard lui a fait trouver une vraie pépite.
Ce qu’il y a de plus beau ici, c’est la rencontre de ces deux âmes esseulées et meurtries.
Et que d’amour, que d’amour …
C’est l’amour qui habite ce récit, celui d’un fils pour sa mère, car au fond de lui il ne souhaite que la voir enfin heureuse ; celui d’une mère pour son fils puis pour un homme dont elle n’aurait jamais dû croiser le chemin ; et enfin celui d’un homme pour une femme prise en quelque sorte en otage et pour son enfant.
Joyce Maynard sait décidément retranscrire à la perfection les émotions qui habitent l’âme humaine et touche toujours juste avec ses personnages.


"Long week-end" est un roman particulièrement émouvant et absolument sublime, à lire et à voir car le film qui en a été tiré lui fait complètement honneur.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL


Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines


Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2015


Lecture numérique

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