vendredi 23 décembre 2016

Baccalauréat de Cristian Mungiu

     
     
Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions. (AlloCiné)


Romeo (Adrian Titieni) est médecin dans une petite ville de Transylvanie et a de grands espoirs pour sa fille Eliza (Maria Drăguș) : avoir le baccalauréat avec la moyenne la plus élevée possible afin d'intégrer une grande université Anglaise.
La tâche paraît aisée pour cette cette jeune fille qui a une moyenne supérieure à 18, mais la veille des épreuves elle se fait agresser et cela remet tout en cause.
Son père va alors remettre en question ses principes, qu'il a inculqués à sa fille, et plonger dans l'univers des compromis et des arrangements pour essayer de sauver la mise à sa fille pour l'obtention de ce précieux examen.


Bienvenue dans la joyeuse Transylvanie !
Pardon, bienvenue dans la sombre et glauque Transylvanie, territoire du comte Dracula, pour cette histoire ô combien joyeuse d'une lycéenne agressée la veille de son baccalauréat.
De Cristian Mungiu, j'ai vu "4 mois, 3 semaines, 2 jours", Palme d'Or à Cannes il y a quelques années, qui racontait le parcours de deux jeunes femmes pour en faire avorter une dans la Roumanie de Nicolae Ceausescu, autant dire que ce n'était déjà pas très joyeux.
Par la suite, j'ai refusé d'aller voir "Au-delà des collines" - je m'auto-cite - "parce qu'aller voir un film racontant l'histoire de lesbiennes dans un couvent roumain ça ne m'intéresse pas du tout (et pour utiliser une expression imagée: je m'en bats les paupières avec une pelle à tarte)", période où je ne souhaitais pas franchement voir ce genre de film.
Ici l'histoire se passe dans la Roumanie de l'après-communisme, à notre époque pour être précise, mais ce n'est pas pour autant que la situation est florissante, c'est même un instantané assez saisissant de la réalité dans ce pays.
L'essentiel de ce film, c'est la relation père/fille qui y est décrite, ce père prêt à tout pour que sa fille quitte la Roumanie pour avoir une vie meilleure.
Les compromis et les petits arrangements dans lesquels il va se jeter sont uniquement le fait de son souci que sa fille bénéficie du meilleur et surtout d'une vie différente de la sienne.
La corruption est secondaire comme thème de ce film, elle vient après cette relation assez forte qui va pourtant se trouver mise à mal suite à l'agression d'Eliza.
A partir de cet instant, et découvrant les agissements de son père, le comportement de la jeune fille va changer, elle montre un côté rebelle quelque peu inattendu car jusqu'à présent le spectateur l'avait vue comme une jeune fille sage et obéissante.
L'agression dont elle a été victime va aussi briser quelque chose en elle et remettre en question les choix pour son avenir : doit-elle vraiment quitter à tout prix la Roumanie ? N'y a-t-il aucun espoir pour elle dans ce pays ?
Le personnage du père, omni-présent à l'écran et que la caméra suit partout et sous tous les angles (de dos, de face), est lui aussi surprenant : marié à une femme à l'aspect maladif le spectateur le découvre rapidement chez sa maîtresse, une mère célibataire qui a été sa patiente il y a plusieurs mois.
Outre cet adultère, il va ensuite accepter de magouiller pour maquiller les notes de sa fille et lui permettre d'obtenir la note nécessaire au baccalauréat.
Voilà un homme qui va revenir sur ses principes et qui va en payer le prix, car rien n'est gratuit ou fortuit dans ce bas-monde.
Je suis quelque peu surprise que ce film ait eu le Prix de la mise en scène à Cannes, ex-æquo avec "Personal Shopper" que j'ai prévu d'aller voir prochainement, j'aurai plus vu un Prix d'interprétation pour l'acteur incarnant le père.
Malgré le côté austère la mise en scène et bien maîtrisée et les thèmes abordés sont nombreux et bien intégrés les uns aux autres.
Il faut reconnaître au cinéma de Cristian Mungiu un quelque chose qui pousse systématiquement à parler de lui et à le primer dans des festivals.
Il n'en demeure pas moins qu'il faut avoir bon moral pour aller voir ce film, en cette période de fin d'années il y a sans doute d'autres films plus divertissants, cela dépend des goûts et des envies de chacun.


"Baccalauréat" est la sombre peinture d'une Roumanie gangrenée par la corruption qui parvient toutefois à s'illuminer d'une lueur d'espoir dans le dernier plan, un film austère mais riche du point de vue des relations humaines.


      

     

2 commentaires:

  1. C'est ça, il faut avoir le moral. Je ne me sentais pas trop d'affronter cette Transylvanie là, tout de suite.

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    1. Je te comprends, j'ai un peu hésité avant d'y aller aussi.

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