lundi 7 mars 2016

Le château de la juive de Guy des Cars


Voici, telle qu’une nuit, à Tel Aviv, Guy des Cars la recueillit de la bouche même de son héroïne, la confession d’une fascinante aventurière. 
Étrange destin que celui d’Eva, jeune israélite née dans le quartier pauvre de Varsovie. Belle, intelligente, ambitieuse, elle joue de toutes les ressources de sa personnalité extraordinaire pour acquérir le luxe dont elle a toujours rêvé. Quelles circonstances impitoyables, quelle tragédie secrète l’ont conduite dans ce domaine ancestral du Jura français, où elle mène une vie de châtelaine aussi solitaire que mystérieuses ? La douleur d’un amour perdu donnera à Eva la force de se racheter, de s’arracher à ses souvenirs pour commencer une vie nouvelle en Israël. Sera-ce pour elle la Terre promise ? Femme de partout et de nulle part, pécheresse et héroïne, Eva est inoubliable. (J'ai Lu)

De passage à Tel Aviv pour y retrouver un ami, un auteur (supposément Guy des Cars) recueille auprès d'Eva, une femme aussi belle que mystérieuse, son histoire, ce qui l'a conduit à se retrouver en Israël et ce passé avec lequel elle cherche à se mettre en accord.
Eva est une jeune Israélite née à Varsovie, sa famille a été décimée pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle-même ayant connu les camps, c'est pourquoi au sortir de la guerre elle n'a qu'une envie : prendre sa revanche sur la vie qui ne lui a pas fait de cadeau.
Aussi lorsqu'elle croise le bel officier Français Eric de Maubert, elle est certaine que c'est grâce à cet homme qu'elle va atteindre son but ultime : "Elle tenait enfin sa vengeance : elle se servirait du bel officier pour la mettre à exécution.".
Non seulement Eva est belle et séduisante, mais elle est aussi intelligente, manipulatrice, et calculatrice, cet officier c'est sa chance, il va lui donner un nom, un titre, un château et une nationalité : "Vous qui avez la chance d'appartenir à une nation concrétisée depuis des siècles, avez-vous seulement songé à ce que le mot apatride pouvait contenir de tristesse, de solitude, d'amertume, de douleur et de désespoir ?", Eva ne le laisse donc pas passer et se retrouve bientôt dans le Jura, dans un château délabré avec une belle-mère qui ne l'aime pas car elle a d'emblée cerner la personnalité d'Eva
Alors, Eva va-t-elle prendre sa revanche sur la vie ? Va-t-elle rester un personnage froid, manipulateur et sans âme ? Comment va-t-elle arriver en Israël ?

Guy des Cars est un auteur qui a beaucoup vendu en son temps et qui aujourd'hui est quasiment tombé dans l'oubli et souffre d'une réputation de romancier bas de gamme, d'écrivain de bleuettes dont les livres n'étaient bons qu'à être lus dans les trains
Et pourtant, pour avoir lu certains auteurs d'aujourd'hui qui vendent beaucoup avec ce type d'histoires sentimentales, je peux dire que Guy des Cars était un cran au-dessus
Le personnage d'Eva est à la fois fascinant et rebutant.
Fascinant parce qu'elle sait jouer de ses charmes et qu'elle exerce une forte attraction sur tous les hommes qui croisent son chemin, et pourtant, lorsque le lecteur la découvre pour la première fois elle est très loin de cette image et de cette personnalité qui fut la sienne à une époque de sa vie : "Si nous reprenions une figure marquante de votre Évangile, nous pourrions dire qu'elle se rapproche d'une Marie-Madeleine des temps modernes, marquée par la même grandeur biblique que la Sainte que vous vénérez."
Rebutant parce qu'elle est sans âme, froide, calculatrice, sans idéaux et sans remords, seul l'argent et la réussite comptent : "J'estime que c'est un péché de ne pas réaliser une affaire !", elle n'aime rien ni personne hormis elle-même et sa soif de vengeance est tout simplement destructrice.
Alors Eva est-elle une vierge iconoclaste ou une putain magnifique ?
Là demeure tout le mystère de ce personnage qui va connaître une évolution importante tout au long du récit.
Pour ma part, je ne crois pas à sa rédemption, il n'est pas possible de basculer à l'exact opposé de ce qu'elle a été, d'autant qu'elle ne se remet jamais en cause ni ne se pose la moindre question sur ses agissements : "L'idée qu'elle ne devait s'en prendre qu'à elle-même et qu'elle était l'unique responsable de tout ce qui était arrivé, n'effleura pas une seule fois son esprit.".
Cette femme détruit tout ce qui l'approche de près ou de loin et ne vit clairement que pour elle, si elle est belle d'extérieur elle est pourrie à l'intérieur.
Malgré cela, je n'ai pas détesté ce personnage, au contraire, j'attendais de voir jusqu'où elle allait aller, si elle allait réaliser que quelques personnes tiennent vraiment à elle, à commencer par son mari Eric, ou bien si elle allait continuer jusqu'au bout, jusqu'à l'inexorable retour de bâton.
Face à cette femme, les personnages masculins font bien piètres figures, pantins qu'ils sont entre ses mains, exception faite du narrateur et de son ami.
Pourtant le personnage d'Eric est touchant lui aussi à sa façon, tout comme sa mère.
Ce sont des gens simples qui se retrouvent confrontés à une forme du mal, un rouleau compresseur auquel ils n'étaient pas préparés, surtout Eric.
Certes, ce n'est pas ce que j’appellerai de la grande littérature mais ça n'est pas non plus écrit par et comme un chat, c'est un portrait de femme qui se suit avec plaisir ainsi qu'un destin et un revers de médaille qui sont loin d'être inintéressants.

Ma mère ayant lu quelques Guy des Cars au moment où il était l'auteur en vogue je m'étais toujours dit qu'il fallait que je découvre celui-ci, c'est désormais chose faite avec "Le château de la juive".
Et pour tout dire je vais même m'en aller piocher quelques autres titres dans la collection de ma mère pour lire de temps à autre cet auteur.

5 commentaires:

  1. Alors Eva est-elle une vierge iconoclaste ou une putain magnifique ?

    J'adore cette phrase !! :)

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    1. Merci. J'ai pensé à une chanson de Saez en l'écrivant.

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  2. J'avoue que si j'ouvre un jour ce roman, ce sera uniquement parce qu'il y a à Besançon justement "le château de la juive" !!! Et c'est grâce à Lili Galipette que j'ai appris que c'était aussi le titre d'un roman de Guy des Cars !

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    1. Pour le coup j'ai découvert après ma lecture qu'un tel château existait bel et bien !

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