Le
commandant Claus M. Pedersen et ses hommes sont affectés dans une province
d’Afghanistan, tandis qu’au Danemark, sa femme, Maria, tente de faire face au
quotidien et d’élever seule leurs trois enfants. Au cours d’une mission de
routine, les soldats sont la cible d’une grave attaque. Pour sauver ses hommes,
Claus va prendre une décision qui aura de lourdes conséquences pour lui, mais
également pour sa famille… (AlloCiné)
Je ne me
suis pas (totalement) dit "Et si j’allais voir un joyeux film Danois sur
la guerre en Afghanistan ? " pour me retrouver à aller voir "A
War", mais j’avais envie de voir un film d’un pays nordique, histoire de
changer des habituels pays cinématographiques et surtout, j’étais curieuse de
voir ce film dont tout le monde chante les louanges.
Après la
douche quelque peu froide de Clint Eastwood avec son "American Sniper"
je me suis dit qu’il serait bien d’avoir un autre point de vue sur la guerre
(i.e. un qui ne glorifie pas l’intervention Américaine, les exploits d’un
sniper et vomit à outrance un patriotisme exacerbé), autant vous dire que j’ai
ici été servie, et dans le bon sens du terme.
La première
partie de ce film concerne la guerre, celle sur le terrain et vécue au
quotidien par le commandant Claus Pedersen (Pilou Asbæk)
et ses hommes dans une province d’Afghanistan où le danger est partout tout le
temps.
Mais c’est
aussi le quotidien par toujours facile à gérer pour son épouse Maria (Tuva
Novotny) qui s’occupe de la maison et des trois enfants toute seule.
Les scènes
s’alternent entre les missions de routine sur le terrain, avec la peur au
ventre car le spectateur est plongé de façon très réelle dans les terrains
arides d’Afghanistan où le danger est partout, et celles de routine également
mais pour gérer le quotidien, une maison et des enfants qui vivent plus ou
moins bien la longue absence de leur père.
Cette partie
est assez anxiogène pour le spectateur car il sait que quelque chose va se
passer (enfin, s’il a lu le synopsis) mais pas quand.
J’ai trouvé
que les scènes de guerre étaient très bien reconstituées, peut-être parce que
le réalisateur a fait appel à d’anciens soldats pour faire des figurants, il y
est question de la routine mais surtout du stress que cette situation engendre
et du moral des soldats qui se dégrade.
Voilà un
aspect finalement assez peu évoqué, c’est très humain et sans doute proche du
quotidien et de la réalité de ce que vivent les soldats, c’est en tout cas
l’une des rares fois où je le vois de façon aussi nette au cinéma.
J’ai
également apprécié le parallèle avec sa famille restée au pays, avec cette
femme qui se retrouve seule à gérer une maison, les repas, les bobos, les
pleurs, les accidents du quotidien, les comportements des enfants à l’école,
l’absence du père et les échanges téléphoniques pour communiquer.
Le seul
point légèrement négatif c’est que cette partie finit un peu par traîner en
longueur, tandis que la deuxième est un peu trop vite traitée.
La deuxième
partie du film concerne aussi la guerre, mais celle sur un terrain judiciaire
puisque pour une décision prise en Afghanistan au cours d’une mission de
routine Claus se retrouve sur le banc des accusés.
Cette
nouvelle partie a le mérite de soulever de nombreuses questions et de faire
s’interroger le spectateur.
Il est
difficile de juger le choix de cet homme dans la situation dans laquelle il
était, et c’est sans doute encore plus redoutable pour lui : il ne renie
pas son choix mais il doit aujourd’hui le défendre devant un tribunal.
Non
seulement il a à répondre de son acte devant un tribunal, ce qui pourrait avoir
des conséquences pour lui, mais également pour sa famille.
Cet homme se
retrouve face à un dilemme, doit-il adopter uniquement un point de vue
militaire ou bien penser aussi à sa famille et aux implications que son
attitude aura sur elle ?
Sa femme le
lui fait justement remarquer.
Il est
quelque peu dommage que cette partie soit un peu moins développée que la première,
outre le fait qu’elle soit statique et quasiment uniquement centrée dans un
tribunal, car c’est elle qui porte l’intérêt du film et soulève le plus de
questions.
C’est en
cela que ce film est une réussite par rapport à "American Sniper",
ici point de héros et de glorification, il n’y est question que d’hommes et de
femmes qui font leur maximum en terrain miné, quitte à en payer plus tard les
conséquences.
La mise en
scène du réalisateur est juste et amène chacun à se poser des questions et à
s’interroger, là où un Clint Eastwood ne laissait pas le choix au
spectateur : il devait forcément adhérer à son point de vue et glorifier
Chris Kyle.
Personnellement,
je trouve que "A War" démontre plus les antagonismes de la guerre que
"American Sniper", tout en s’attachant à un homme tout ce qu’il y a
de plus ordinaire.
Vous l’aurez
compris, "A War" est un film à voir qui a le mérite de faire
s’interroger chacun sur la guerre et ses conséquences, le tout abordé de façon
sobre sans débordement de sentiment ou de patriotisme.
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