jeudi 13 juin 2013
Au coeur du mal de Chelsea Cain
Gretchen Lowell est une beauté fatale. Au sens littéral. L'inspecteur Archie Sheridan a traqué pendant dix ans cette tueuse qui a fait plus de 200 victimes. Il connaît bien ses méthodes, gravées en lui pour toujours – sa poitrine porte la cicatrice en forme de cœur que Gretchen a dessinée avant de lui administrer une injection mortelle. Personne ne sait pourquoi elle l'a ranimé. Ni pourquoi elle a appelé les secours, provoquant ainsi sa propre arrestation.
Deux ans plus tard, Gretchen est en prison mais Archie n'est pas libre pour autant. Seules ses pilules lui permettent de tenir. Et la relation malsaine qu'il entretient avec son ancienne tortionnaire le trouble bien plus qu'il ne veut se l'avouer…
Quand un nouveau serial killer survient, Archie est rappelé sur le devant de la scène. Cette fois pas de tête-à-tête entre lui et le tueur, car une jeune journaliste est de la partie. Tout comme Gretchen, qui, tapie dans l'ombre de sa cellule, est plus dangereuse que jamais… (Pocket)
Hannibal Lecter aurait-il trouvé son double féminin ?
A la lecture de ce quatrième de couverture, c'est la première question qui vient à l'esprit.
Et après lecture de ce roman, il s'avère que non.
Gretchen Lowell n'est pas une Hannibal Lecter au féminin, elle est plus complexe que cela, tout en gardant un caractère de superbe, un aura incroyable, un côté machiavélique prédominant le tout derrière un visage d'ange et un corps de déesse : "Elle n'était pas jolie. Le mot ne convenait pas. Jolie suggérait un côté adolescent. Gretchen possédait une beauté mûre, sophistiquée, pleine d'assurance. Plus que la beauté, elle irradiait le pouvoir de la beauté.".
Et puis il y a deux ans, elle a salement amoché un flic, et je ne parle pas que physiquement, elle aurait pu se contenter de cela, mais elle l'a aussi détruit psychologiquement pour le façonner à sa façon, pour qu'il ne pense plus que par elle, qu'elle soit sa drogue et sa raison de vivre.
Malsain ? Complètement.
Car Archie Sheridan a Gretchen Lowell dans la peau, dans tous les sens du terme.
Et quand il revient sur le devant de la scène pour mener une enquête sur un nouveau tueur en série, c'est drogué de médicaments avec une dose de shoot quotidien de Gretchen Lowell qui peuple ses nuits et sa vie : "Chaque fois qu'il fermait les yeux elle était là, sa présence fantomatique le réclamait, sa beauté lui coupait le souffle. Jusqu'au jour où il avait fini par céder et l'avait attirée à lui, sur lui. Il savait qu'il avait tort, que c'était pervers. Mais il était malade, il avait besoin d'aide, et personne ne pouvait l'aider. Alors quelle importance ? Tout cela était virtuel.".
L'intérêt de ce roman policier ne tient pas tant dans son intrigue que dans la relation perverse et hautement addictive entre Gretchen Lowell et Archie Sheridan.
Après une multitude de meurtres, la demoiselle aurait dû mourir, mais comme elle a passé un marché, elle est emprisonnée à vie et manipule encore à distance la vie d'Archie Sheridan.
Finalement, des deux je me demande si Gretchen dans sa cellule n'est pas la personne la plus libre : "Mais aujourd'hui Gretchen était en prison et lui, Archie, était libre. Pourtant, curieusement, il avait parfois l'impression que c'était l'inverse.".
Gretchen est très présente dans le récit et dans l'atmosphère qui s'en dégage.
L'auteur a réussi assez habilement à tenir le lecteur en haleine et il n'attend plus qu'une chose : une confrontation entre Gretchen et Archie.
Autant dire que cette scène est sans doute l'une de mes préférées.
L'intrigue policière est intéressante, mais pas autant que cette relation perverse, et d'ailleurs l'auteur la met plus en avant.
C'est là l'un des reproches principaux que je fais à ce roman : en dehors des deux personnages centraux, les autres sont relégués au second voire au troisième plan, quant à la journaliste Susan, je n'ai été que moyennement emballée par son personnage un peu trop décalé et torturé et qui n'apporte pas un intérêt total au bon déroulement de l'intrigue.
Il faut dire que face à des personnages aussi forts et charismatiques que Gretchen et Archie, les autres apparaissent en demi-teinte.
Quant à l'intrigue, les ficelles sans être trop évidentes, peuvent toutefois se deviner car l'auteur ne ménage pas de réelle surprise et laisse traîner des pistes dans son récit.
A la lecture de ce premier roman d'une série, il m'est apparu que si j'ai aimé cette lecture, l'auteur ne devrait pas toutefois s'éterniser à en faire trop et qu'il vaudrait mieux régler cette histoires en trois volumes, ce qui avait été initialement prévu, car si cette relation pimentée m'a tenu en haleine elle pourrait aussi finir par me lasser à trop tourner en rond sans jamais se conclure.
Comme il s'agit de son premier roman, j'espère que l'auteur saura se renouveler et ne pas se cantonner à ces deux personnages.
"Au coeur du mal" de Chelsea Cain est un roman policier efficace qui plante un décors bien sombre et introduit surtout deux personnages à la relation aussi mystérieuse que perverse : Gretchen Lowell et Archie Sheridan, auxquels le lecteur devient très vite attaché et suit avec délectation les joutes verbales et la relation de manipulation à distance.
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