mardi 4 juin 2013

Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa


Takumi, un homme névrosé et atteint de troubles obsessionnels compulsifs, élève seul son fils de six ans depuis la mort de sa femme Mio. Il gère laborieusement le quotidien entre son travail, les tâches ménagères et l'éducation du petit garçon. Un jour Mio revient, comme elle l'avait promis avant son décès, à la saison des pluies, mais elle a tout oublié de son passé. (Flammarion)

Mio, la femme de Takumi, est décédée il y a un an, mais elle lui a promis avant de mourir : "Lorsque la saison des pluies sera de retour, je reviendrai sans faute voir comment vous vous débrouillez, tous les deux.".
La saison des pluies arrive, Takumi gère le quotidien avec son fils Yûgi comme il le peut, c'est-à-dire pas trop bien, et le miracle a lieu : Mio est de retour parmi eux pour six semaines, mais elle est amnésique.

Ce roman oscille entre différents genres : le conte, le fantastique, le contemporain, sans jamais s'accrocher à l'un. C'est à la fois une force et une faiblesse, car si cela plaît au lecteur pendant un temps et donne une forme poétique à l'histoire cela le déroute aussi.
Je me suis demandée pendant un temps dans quel type de roman je me trouvais.
A la fin j'ai fini par abandonner, mais cette absence de catégorie précise m'a aussi gênée.
Je n'ai jamais trop su comment interpréter le sens caché de l'histoire : un conte où la mort n'est pas une fin ? Une réflexion sur l'absence ? Le deuil ? Une déclaration d'amour à sa femme ? Ou alors une histoire fantastique avec fantôme ?
C'est sans doute ce qui m'a le plus gênée : l'absence de compréhension du sens caché de l'histoire, ou plutôt la multitude de clés possibles de lecture.
C'est pourtant, en général, l'une des marques de fabrique de la littérature japonaise.
Tout comme la forme poétique de l'histoire, qui ici n'a opérée que moyennement sur moi et sans doute que ce ressenti est en rapport avec ma difficulté de cataloguer précisément ce récit.
Je reconnais toutefois que l'auteur a su habilement jouer avec son histoire et le lecteur et le retournement final est surprenant et inattendu.
Ici, j'ai aussi été marquée par la confrontation de deux cultures : celle japonaise, très présente dans le quotidien de Takumi, notamment en ce qui concerne la cuisine; et celle occidentale, également présente dans le quotidien du personnage, notamment dans sa vision de l'amour, dans ses réflexions sur des personnes, des livres ou des films.
C'est un peu un choc des cultures dans lequel évoluent les personnages, mais cela va de pair à mon sens avec le côté fantastique.
Il y a également de très belles réflexions, comme celle-ci : "Les romans sont la nourriture du coeur. Ce sont les lampes qui illuminent les ténèbres, la joie qui surpasse l'amour.".
Les personnages ont tous un fond plus ou moins attachant, j'ai particulièrement aimé celui du professeur Nombre et de son chien Pooh.
Et puis à côté de cela, il y a aussi les trop nombreux "Hmm" et "Vraiment" qui ponctuent les dialogues et finissent par les rendre agaçants.
Ils sont utilisés à outrance et n'apportent à mes yeux rien aux dialogues, si ce n'est une transcription de l'oral à l'écrit.

"Je reviendrai avec la pluie" est un roman poétique mais qui n'a pas su complètement me toucher, qui frappe par son melting pot d'étiquettes littéraires qui peuvent lui être associées et par les deux cultures qui s'y côtoient : l'Occidentale et la Japonaise, ce qui en fait un roman hors cadre mais pas non plus totalement inintéressant à découvrir.

Livre lu dans le cadre du Challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre I

1 commentaire:

  1. Bonjour. Je ne peux pas défendre ou accréditer ces commentaires correctement , car je n'ai pas fini de lire ce livre. Toutefois, je l'ai bien entamé et je peux simplement ajouter que cette absence de genre à l'heure actuelle - au bout de 140 pages- ne me gêne en rien au contraire je trouve qu'elle participe pleinement du récit qui pour moi est une belle déclaration d'amour et une réflexion sur la mort et ses conséquences. J'en dirai plus une fois la lecture achevée. Seul point d'accord, qui m'a fait sourire, c'est ta remarque sur les "hmm" et "vraiment" qui déroutent.

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