lundi 3 juin 2013

Rien n'est trop beau de Rona Jaffe


Lorsqu'il fut publié en 1958, Rien n’est trop beau provoqua l'engouement de millions de lectrices américaines. Elles s'identifièrent à ces jeunes secrétaires venues d'horizons différents, employées dans une grande maison d'édition new-yorkaise, dont les rêves et les doutes reflétaient ceux de toute une génération de femmes. Si la ville semble leur offrir d'infinies possibilités professionnelles et amoureuses, chacune – l’ambitieuse, la naïve, la divorcée…- doit se battre avec ses armes pour se faire une place dans un monde d'hommes. (Le Livre de Poche)

"Rien n'est trop beau", premier roman de Rona Jaffe, s'attache à suivre le destin de quatre jeunes femmes, quatre rêveuses dont l'ambition est de croquer la Grosse Pomme, de s'y faire une place, un nom, ou à défaut d'y trouver un mari : "Par où pourrait-elle jamais attaquer cette forteresse ? Elle n'en avait même pas le désir. Tout ce qu'elle voulait, c'était rester ici jusqu'au jour où elle aussi deviendrait partie intégrante de la ville, où elle serait une de ces New-Yorkaises si belles et si soignées; mais cela aussi, c'était presque du domaine du rêve.".
Il y a Caroline Bender, dont les fiançailles ont été rompues pour cause que le fiancé a trouvé meilleure chaussure à son pied et qui souhaite se faire un nom dans le domaine de l'édition; April Morrison, une jeune provinciale naïve à la recherche du mari idéal et dont les hommes abuseront de sa gentillesse et de sa crédulité; Barbara Lemont, une jeune divorcée avec sa fille à charge et qui s'occupe aussi de sa mère; et Gregg Adams, une aspirante comédienne venue se faire un nom à New York.

"Les jeunes filles doivent faire quelque chose, de nos jours.", ainsi, en cette fin des années 50 il est de bon ton pour les jeunes filles d'occuper un emploi : dactylo, secrétaire, lectrice à la rigueur (point trop d'ambition non plus), en attendant de se marier et de fonder une famille.
Là, la femme arrête toute activité et se dévoue à sa famille.
Ce roman est clairement le reflet d'une époque et d'une génération de jeunes femmes, et avec ses quatre héroïnes : l'ambitieuse, la naïve, la rêveuse, la terre-à-terre, Rona Jaffe dresse un portrait fidèle de cette époque où les femmes cherchaient à s'affranchir, mais pas trop, et où les hommes ne les comprenaient pas : "On ne pouvait jamais savoir ce qu'une femme allait faire, et une fois qu'elle l'avait fait, on n'arrivait jamais à trouver une explication logique car elle ne savait probablement pas elle-même ce qui l'avait poussée.".
C'est aussi un portrait audacieux remis dans son contexte car l'auteur n'hésite pas à y aborder la sexualité féminine, le plaisir, l'avortement.
Toutes ces femmes veulent en découdre avec la vie : "Pour ceux que le présent favorise, il est facile d'oublier le passé, même si on n'y parvient jamais tout à fait.", laisser derrière elles le passé pour se forger un futur, une place, laisser sa trace.
A côté de ces première "business women", celles qui n'aspirent qu'à une vie de femme au foyer, sans ambition apparaissent bien futiles et vides à l'intérieur, les autres personnages ayant tendance à se moquer d'elles.
J'ai été frappée par la volonté de ces femmes et leur courage d'oser afficher leur indépendance vis-à-vis des hommes.
Cela n'était pas bien vu ni bien compris à cette époque, j'ai souri à la lecture car ça ne l'est pas forcément plus de nos jours et j'ai pu constater que les progrès ne se faisaient que petit à petit (certaines réflexions machistes s'entendent encore couramment de nos jours).
Pourtant, "Rien n'est trop beau" n'est pas non plus un roman féministe de "chienne de garde", l'auteur aurait pu être beaucoup plus dure avec les hommes, je la trouve presque trop gentille.
Si Caroline est le personnage central ce n'est pas celui qui m'a le plus touchée.
April Morrison n'a cessé de me rappeler Marylin Monroe, une femme belle, intelligente, mais dont les hommes s'arrêtent au physique et n'ont de cesse de l'utiliser comme un vulgaire objet pour satisfaire leurs désirs.
Certes, elle est naïve, mais les hommes qu'elle va fréquenter abuseront d'elle et de sa gentillesse, la laissant en femme fragile et meurtrie.
Barbara est également un personnage qui a su me toucher, par son côté courageux et volontaire, c'est aussi mon côté midinette qui parle mais je n'en dirai pas plus.
Ce récit volumineux se lit rapidement, j'ai apprécié l'ambiance de New York et ses lieux connus fréquentés par les héroïnes, il faut dire que j'en revenais et que j'ai commencé sa lecture là-bas.
Maintenant je reconnais aussi que j'attendais beaucoup de ce roman et au final je suis un peu déçue.
Il est bien mais ne me laissera pas non plus un souvenir impérissable et sera sans doute oublié assez rapidement.

"Rien n'est trop beau" de Rona Jaffe est un instantané sur la vie de jeunes femmes à la fin des années 50 cherchant à se faire une place à New York, à lire pour découvrir cette époque et le récit centré sur quatre jeunes femmes aussi différentes que courageuses et attachantes, et pour se plonger dans une ambiance typiquement New Yorkaise.

Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre J



Livre lu dans le cadre du challenge New York en littérature 2013


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire