mercredi 26 juin 2013

La première chose qu'on regarde de Grégoire Delacourt


Le 15 septembre 2010, Arthur Dreyfuss, en marcel et caleçon Schtroumpfs, regarde un épisode des Soprano quand on frappe à sa porte. Face à lui : Scarlett Johansson. Il a vingt ans, il est garagiste. Elle en a vingt-six, et elle a quelque chose de cassé. (JC Lattès)

Si Scarlett Johansson venait à sonner à ma porte, ça serait toujours l'occasion de bavarder avec elle autour d'un thé et de biscuits, mais comme il est peu probable, voire impossible, qu'une telle chose se produise, je me suis contentée de lire ce roman qui part sur cet événement : un soir, Scarlett Johansson sonne à la porte d'Arthur Dreyfuss, garagiste dans le nord de la France.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, autant j'avais aimé "La liste de mes envies" et ressenti un avis plus mitigé sur "L'écrivain de la famille", autant ce troisième roman de Grégoire Delacourt m'a déçue.
Le postulat de départ est complètement improbable, ça n'a ni queue ni tête, le problème c'est que ça reste ainsi et que tout ce roman est bâti sur une idée qui aurait pu être plaisante à lire, tout comme l'astuce mise en place par l'auteur, si elle avait été traitée différemment et si elle avait évolué au cours du récit.
Ici, j'ai eu l'impression que Grégoire Delacourt détruisait lui-même son idée, et je ne parlerai même pas de la fin qui est franchement lamentable tellement elle est téléphonée depuis le départ.
Arthur Dreyfuss est peut-être un gentil garçon, mais sincèrement il n'attire pas la sympathie du lecteur, en tout cas il n'a pas eu la mienne et a eu plutôt tendance à m'agacer et à avoir envie de lui coller des baffes.
A moins que l'auteur n'ait cherché à illustrer la bêtise d'un homme qui ne regarde chez une femme que sa poitrine, et où plus il y en a mieux c'est, ce personnage est globalement raté et n'a pas grand chose pour lui, hormis le fait de ressembler à Ryan Gossling en mieux (pour ma part, ce critère n'a aucune valeur ne trouvant pas ledit acteur si beau que cela).
Certes, il essaie de faire bien ce garçon, il sort de temps à autre de grandes phrases et réfléchit profondément à comment mener sa relation naissante avec Scarlett Johansson, la plus belle femme du monde (ce n'est pas moi qui le dit mais un magazine) : "Il se tut parce qu'on ne domestique pas l'impossible, une fille comme Scarlett Johansson, dans l'impétuosité, l'urgence; il faut de l'élégance, une forme de renoncement.".
Heureusement qu'il y a ce personnage féminin, avec son côté Marilyn Monroe (d'ailleurs je ne visualisais pas Scarlett Johansson à la lecture mais plutôt cette actrice) dans la façon dont les hommes l'appréhendent, pour qui j'ai ressenti une grande sympathie et beaucoup de tristesse, c'est même sans doute le seul élément positif à tout ce roman.
Que de guimauve distillée au fil de ce récit, et ça y va les grandes déclarations dégoulinantes d'amour et là j'ai envie de me mettre à chanter "C'est beau mais c'est insupportable, c'est un pudding bien lourd, de mots doux à chaque phrase", sauf qu'en guise de quiches et de salades ce sont plutôt des pâtes au fromage que nos amoureux se mitonnent, tout en partageant des moments d'émotions extrêmes avec des serments à la vie à la mort sur l'amour et la chance qu'ils ont eus de se rencontrer : "Les nouvelles rencontres, en tout cas celles qui semblent importantes, font toujours cet effet : on n'a pas sommeil, on voudrait ne plus jamais dormir, se raconter sa vie, toute sa vie, partager les chansons qu'on aime, les livres qu'on a lus; l'enfance perdue, les désillusions et cet espoir, enfin; on voudrait s'être toujours connus pour s'embrasser, s'aimer, en connaissance de cause, en confiance, et se réveiller au matin en ayant l'impression d'être ensemble depuis toujours et pour toujours; sans la peine amère de l'aube.".
Révélation : Grégoire Delacourt écrit du Harlequin désormais ! (oui parce qu'il y a aussi la petite scène chaude décrite avec des mots alambiqués)
Et pour couronner le tout, il a cru bon d'interpeller le lecteur, de ponctuer ses phrases d'explications entre parenthèses, de notes personnelles sur ce qu'il a mis dans son roman.
Personnellement, ça m'a agacée, prodigieusement.
Il reste une réflexion de fond sur l'âme humaine, noire et pessimiste et qui, dans un autre contexte, m'aurait sans doute plus interpellée qu'elle ne l'a fait au cours de ma lecture.

"La première chose qu'on regarde", phrase hautement évocatrice de ce qui intéresse les garçons (et pas que de voir sous les jupes des filles mais aussi ce qu'il y a dans leur décolleté), pourrait bien être le dernier roman que je lirai de Grégoire Delacourt tant j'ai été déçue par le contenu et par le style de l'auteur.
Une histoire dont l'amour dégoulinant à toutes les pages à annihilé le caractère féroce, dommage.

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