mardi 26 novembre 2013

Cinq jours de Douglas Kennedy


Peut-on jamais réinventer sa vie ? 
Laura et Richard 
Deux inconnus à un tournant de leur existence 
Deux êtres, l'un et l'autre enfermé dans son couple 
Un homme, une femme 
Une rencontre, l'espoir qui renaît 
Mais sommes-nous libres de choisir le bonheur ? (Belfond)

Que Douglas Kennedy choisisse une femme comme héroïne d'un de ses romans et qu'il raconte l'histoire à la première personne du singulier, se glissant ainsi dans le corps et l'esprit d'une femme, ceci n'a rien de surprenant, mais qu'il se mette à écrire un roman d'amour l'est plus.
Car "Cinq jours", dernier roman en date paru de l'auteur, est bel et bien un roman d'amour, certes qui ne bascule pas dans une histoire à l'eau de rose mais qui peut surprendre le lecteur.
Laura est donc une femme ayant atteint la quarantaine, mariée depuis de nombreuses années à un mari qu'elle n'aime plus et qui ne l'aime plus, lui faisant même payer par des piques verbales son licenciement, et qui dans le cadre d'un congrès de radiologie va rencontrer Richard, un homme lui aussi malheureux en amour et dans son mariage, exerçant le métier d'assureur.
Ils se rencontrent, ils ne s'attirent pas trop au début, ils discutent ensemble, ils découvrent qu'ils ont plein de points en commun, ils se confient l'un à l'autre, notamment Laura : "Je ne comprenais pas comment j'avais pu partager avec un inconnu l'idée qui me déstabilisait depuis des jours, des mois, des années : la conscience de ma déchirante solitude.", ils croient avoir passé l'âge des contes de fées mais en fait non : "Parce que le grand espoir, cela reste de trouver quelqu'un avec qui traverser tous les mauvais moments que la vie vous réserve. Mais c'est peut-être aussi le conte de fées le plus irréaliste qui soit.", ils s'aiment, font des projets ensemble, c'est formidable.
Quant à savoir si ce bonheur idyllique, cet amour inattendu, et toute la magie de cette rencontre va rester formidable, il n'y a qu'à lire le roman, je n'en dirais pas plus.

La rencontre entre ces deux personnages malheureux et coincés dans un mariage qui ne leur convient plus est magique, d'autant plus qu'elle est inattendue et à la fois prévisible, car ne dit-on pas que c'est lorsqu'on s'y attend le moins qu'on tombe sur l'Amour ?
Il est intéressant de voir sur un laps de temps aussi court se former un couple que rien n'oppose, hormis la présence de leur conjoint respectif, qui font des projets d'avenir et connaissent un Amour véritable et sincère leur offrant la chance d'une seconde vie, d'un même chemin qu'ils pourront emprunter main dans la main : "Un avenir. L'avenir. Le nôtre. Et l'amour, non plus seulement un rêve mais une réalité. Le bonheur à portée de main.".
Au risque de répéter ce qui a déjà été dit sur Douglas Kennedy, moi la première, c'est vraiment très bien écrit (et traduit étant donné qu'il travaille avec le même traducteur depuis le début), et il est toujours aussi surprenant de constater la capacité de cet homme de se mettre dans la peau d'une femme et présentement d'écrire à la première personne du singulier.
Honnêtement, la différence si le livre avait été réellement écrit par une femme est minime, cette propension à entrer dans l'esprit d'une femme est d'ailleurs d'un des points forts de cet auteur.
Outre cela, il sait proposer des histoires originales, bien construites, qui se lisent de façon fluide, et ce dernier roman n'est pas une exception à cette règle, il se lit très facilement et très rapidement, il est difficile de le lâcher une fois commencé.
Mais il y a un petit quelque chose qui m'a gênée parfois, non pas qu'il s'agisse d'une histoire d'amour, ou plutôt si mais pas pour le thème choisi, j'ai parfois été dérangée par le côté trop voyeur de l'auteur dans cette relation naissante.
Même si c'est relativement pudique, bourré d'émotions et intelligent dans le traitement qui est fait des personnages, j'ai parfois eu la sensation d'être trop à l'intérieur de cette romance et d'en lire des parties qui n'appartiennent qu'à Laura et Richard.
Un sentiment un peu étrange mais je ne peux que noter la justesse de l'auteur dans l'analyse qu'il fait de cette relation, tout comme dans son traitement des personnages qui sont incroyablement proches du lecteur et qui pourraient très facilement être croisés dans la vie de tous les jours.
Laura est un personnage extrêmement bien réussi et très attachant, sans doute encore plus d'un lectorat féminin.

"Cinq jours" est un très bon Douglas Kennedy, un roman qui sort de l'ordinaire de l'auteur et qui sous des airs de romance sentimentale cache surtout une histoire on ne peut plus réaliste, l'une des belles découvertes de cette rentrée littéraire 2013.

Un grand merci à Marjolaine pour le prêt de ce livre ! 

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