Dans l'entre-deux-guerres quelque part en Italie, le pilote Marco, aventurier solitaire, vit dans le repaire qu'il a établi sur une île déserte de l'Adriatique. A bord de son splendide hydravion rouge, il vient en aide aux personnes en difficulté. (AlloCiné)
"Porco Rosso" est une oeuvre d'Hayao Miyazaki plutôt méconnue se situant à mi-parcours des créations de ce génial réalisateur de films d'animation et considéré comme un Dieu (ou presque) au Japon.
Dans ce dessin animé, j'ai trouvé de très bonnes choses et d'autres moins, me laissant comme sentiment que ce réalisateur n'était pas encore parvenu à sa maturité au moment où il l'a fait.
Marco, désormais connu sous le nom de Porco Rosso, est un pilote émérite mais vivant reclus dans son repaire sur une île de l'Adriatique avec la particularité d'être un cochon, au sens littéral du terme.
C'est l'une des marques de fabrication chez Hayao Miyazaki : un personnage est marqué physiquement pour une raison bien précise.
Le problème présentement, c'est que je m'attendais à une explication claire sur cette transformation en porcin, et surtout (c'est mon côté midinette) que ce personnage retrouve son apparence humaine.
Au final, j'ai tiré d'une anecdote la raison de cette transformation mais il n'est jamais dit explicitement que c'est bien depuis ce jour-là que Marco est devenu un cochon, quant au retour à son apparence humaine, c'est le flou le plus complet, à chacun d'y voir ce qui l'arrange.
Et autant le dire, je n'aime pas être laissée dans l'incertitude et la fin m'a particulièrement déplu tant elle arrive comme un cheveu sur la soupe et soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.
Pourtant, le personnage de Marco Pagotto m'a plu et ému, il a du bagout, il séduit, il n'est d'ailleurs pas sans rappeler des acteurs américains tel que Cary Grant ou Humphrey Bogart, je m'y suis très vite attachée.
Autour de lui gravitent de belles et courageuses femmes, à l'image de Gina, son amie de longue date secrètement amoureuse de lui, et la jeune et pétillante Fio Piccolo, une mécanicienne hors pair qui arrivera à faire sortir ce qu'il y a de plus beau chez Marco.
Mais, encore une fois et au risque de me répéter, j'ai été particulièrement déçue par la fin et le traitement qu'Hayao Miyazaki a fait de ces deux personnages féminins gravitant autour de ce pilote héroïque.
Quant à Donald Curtis, un pilote américain doué et tombant amoureux de toutes les femmes qui croisent son chemin, c'est la touche d'humour de ce dessin animé, avec les terribles (?) pirates de l'air, les Mama Aiuto.
Heureusement qu'il y a quelques passages légers dans ce dessin animé, car sous ses apparences légères il cache une réalité bien plus dure.
Hayao Miyazaki est un pacifiste et dénonce dans nombre de ses créations la guerre, son absurdité, sa violence et les pertes humaines qu'elle engendre, "Porco Rosso" n'est pas une exception.
L'histoire est nommément située dans l'Europe de l'entre-deux guerres, la politique est en toile de fond, le fascisme est en train de monter en Italie, cela ne présage rien de bon pour la suite et c'est à se demander si Porco Rosso n'a pas eu raison de perdre foi dans l'humanité.
L'Italie est pauvre et subit une crise économique, dans l'entreprise Piccolo où Marco va faire réparer son hydravion il n'y a plus que des femmes qui y travaillent, les hommes sont partis ailleurs chercher du travail pour faire vivre leur famille.
Et que dire de Gina qui chante "Le temps des cerises", hormis que le réalisateur y a mis un côté personnel, ayant souhaité pendant longtemps être communiste et venant de réaliser que cette idéologie n'était pas possible à appliquer.
Mais ce dessin animé est également un hommage à l'aviation, d'ailleurs je note que dans bon nombre des films de ce réalisateur il est question de machines volantes.
Certaines scènes d'action sont vraiment bien menées, à l'image de la fuite en hydravion des ateliers Piccolo, ou encore la scène d'ouverture avec le kidnapping d'enfants par les pirates de l'air.
Visuellement ce dessin animé est particulièrement réussi et plaisant à regarder, les paysages sont de toute beauté et extrêmement réalistes, à l'image des personnages et du moindre détail sur les avions.
J'ai par contre été interpellée par les nombreuses références explicites faites à des marques : Porco Rosso fume des Gitanes, les marques Fiat et Shell sont visibles à un moment, c'était la première fois que je voyais cela chez cet auteur.
Quant à la musique, elle est, comme d'ordinaire, signée par Joe Hisaishi et absolument magnifique.
"Porco Rosso" n'est sans doute pas le meilleur dessin animé d'Hayao Miyazaki, en tout cas pas le plus abouti, son plus grand défaut étant à mes yeux sa fin trop elliptique et son manque d'explications sur certains points; mais il est tout de même réussi sur de nombreux autres aspects, à commencer par le message sous-jacent et son ancrage fort dans la réalité, et mérite à ce titre d'être vu et connu.
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