lundi 5 mars 2012

Bandonéon de Jorge Gonzàlez


"Bandonéon", c’est, entre autres, le récit de la destinée d’Horacio, enfant prodige au piano, fasciné par les musiciens de tango, devenu ce jeune homme doué, prêt à tout pour devenir l’égal des notables viveurs dont il envie l’aisance. Il ne reculera devant aucune compromission pour arriver, enfin, même si pour cela il lui faudra se renier soi-même et s’en mordre les doigts quand l’illusion se sera dissipée, et que la vie aura filé... Mais "Bandonéon", c’est aussi le récit, par Jorge Gonzalez, de son retour en Argentine, le temps de rendre visite à ses amis et sa famille. L’occasion d’une plongée introspective dans ce que créer, être argentin, aimer le tango, partir et revenir veulent dire. (Dupuis)

"Bandonéon" est une bande dessinée difficile à aborder, c'est en tout cas mon ressenti à la fin de la lecture.
J'ai mis un peu de temps à rentrer dans l'histoire, à m'imprégner du style graphique de l'auteur et à m'y retrouver parmi les personnages.
Une fois entrée dans l'histoire, une bonne moitié du livre est intéressante et puis après cela se dégrade dans la dernière partie.
Je reprocherai un découpage temporel trop vague, les époques changent et le lecteur ne s'en rend pas tout de suite compte, l'auteur ayant choisi de ne le signaler que plusieurs bulles après.
Ainsi, l'histoire commence en 1916 puis passe dans les années 20/30 pour finir dans les années 90 je dirai, mais tout cela reste assez flou, trop flou pour moi en tout cas.
On passe de Gênes à Buenos Aires sans transition, j'ai été perdue pendant quelques pages sur les lieux de l'action, d'où ma difficulté à entrer dans cette lecture.
Ensuite, l'histoire suit le destin d'Horacio, prodige du piano qui finira par tout abandonner pour épouser la fille d'un notable et finalement regrettera son choix tout le restant de sa vie.
Toute cette partie est intéressante, certains dessins sont vraiment très beaux, d'autant que l'auteur a su jouer avec les couleurs pour évoquer les époques et il n'y a aucune retenue et pudibonderie dans les dessins.
C'est le tango qui ressort de cette partie-là de la lecture, dans toute sa musicalité et sa sensualité.
Horacio côtoie les bordels, les filles y travaillant, un travesti qui est également son confident, il y a un savoureux parfum d'Argentine durant toute cette partie.
J'ai beaucoup apprécié la relation entre Vincente et Horacio, c'est d'ailleurs cet homme qui l'encourage à poursuivre dans la musique, j'aurai même apprécié voir cette relation plus développée.
A titre informatif, Marcel Mercadante, bandonéoniste, a réalisé une bande originale pour accompagner la lecture de cette oeuvre.
Et puis cela se dégrade dans la partie contemporaine, la qualité des dessins est moindre et il y a surtout beaucoup trop de textes qui, à mon sens, n'apporte plus grand chose à l'histoire, l'essentiel ayant déjà été dit auparavant.
Certes, cette partie est censée montrer la recherche de l'auteur, son décalage par rapport à l'Argentine d'aujourd'hui, mais je n'ai pas du tout accroché à celle-ci.

En conclusion, j'ai trouvé que l'histoire de "Bandonéon" était beaucoup trop elliptique et absolument pas linéaire au point que cela m'a gênée dans ma lecture.
De plus, la dernière partie n'était vraiment pas indispensable de mon point de vue.
J'ai également été perturbée parfois par les dessins, qui relèvent plus du croquis que du dessin proprement parlé.
Par moment les pages deviennent complètement abstraites, uniquement composées de traits spontanés.
Parfois c'est beau et ça passe, parfois non.
C'est une oeuvre complexe à aborder, je lui reconnais des passages admirables mais d'une façon générale, j'ai l'impression de m'être trompée de pas de tango dès le début de ma lecture et au final de n'avoir été qu'une spectatrice lointaine de cette histoire.

Livre lu dans le cadre du club de lecture BD de février de Babelio - La musique dans la bande dessinée

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