dimanche 25 mars 2012

Ce parfait ciel bleu de Xavier de Moulins


A 37 ans Antoine a peur de vivre sa vie. A 88 ans sa grand-mère Mouna, a peur de mourir.
Le temps d'une escapade sous le ciel bleu de la côte normande, celle qui a tout connu du renoncement va, au soir de son existence donner à l’homme encore jeune le courage de choisir la sienne.

« Mouna m’a piqué une cigarette et fume la fenêtre ouverte. Elle me fait signe de la suivre sur le balcon. Elle a l’air d’une reine dans sa robe de chambre un peu grande. C’est une soirée douce de printemps. Elle me demande sans me regarder :
— J’aimerais que tu m’emmènes voir la mer. Ça sera peut-être pour moi la dernière fois. »

Xavier De Moulins est journaliste sur M6. Après Un coup à prendre, Ce parfait ciel bleu est son second roman. (Au diable vauvert)


"Personne n'a envie d'affronter le temps qui passe, cruel, et de voir l'autre s'éteindre à feu doux."

Non, personne n'a envie de voir le temps passer et l'autre s'éteindre à petit feu, pourtant la mort fait partie de la vie et c'est sans doute l'un des points importants de ce livre qui cherche à faire ressortir le meilleur d'un évènement si triste, car "Au-delà du verbe et des rêves, il n'y a pas d'autre solution que de se résoudre aux adieux."

Antoine a 37 ans, il est divorcé, père de deux filles et vient de refaire sa vie avec Laurence, deux fois divorcée et mère de trois garçons, mais ne peut s'empêcher d'espionner la vie de son ex-femme Alice et a finalement peur de s'engager dans une nouvelle relation et de refaire ainsi sa vie.
Mouna, sa grand-mère, a 88 ans, elle vit en maison de retraite et sait sa fin proche, c'est pourquoi elle lui demande comme dernière faveur de l'emmener "voir la mer", parce que ça sera peut-être pour elle "la dernière fois".
Antoine résume très bien la situation dans laquelle se trouvent ces deux personnages : "Mouna a peur de mourir et moi j’ai peur de vivre."
A ce petit-fils dépassé par sa vie, Mouna va lui prodiguer, lors d'une escapade au bord de la mer, de bons conseils pour l'aider à prendre sa vie en main et enfin vivre car comme elle lui expliquera : "Vis au présent, aime au présent, c'est la seule solution pour ne pas tomber malade.".
Et concernant sa drôle de famille décomposée/recomposée, elle lui dira : "La vraie famille est celle que l'on se construit accidentellement.", et en cela Mouna a tout à fait raison.
Elle lui livrera aussi le secret qui la ronge depuis tant d'années, secret dont je me doutais de la nature exacte depuis le début de ce roman.

Avec ce deuxième roman, Xavier de Moulins signe un très joli livre avec beaucoup de sentiments, de tendresse, de pudeur, de dérision et de doutes.
Le style est agréable à lire et très fluide, d'autant que l'auteur a choisi des chapitres courts, ce qui fait que ce roman se lit extrêmement vite.
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, il a su me faire sourire par moment, me rendre triste à d'autres, m'amener à m'interroger sur le sens de la vie et à quelque peu dédramatiser la mort ou la vieillesse.
L'atout indéniable de sa narration est l'utilisation de la première personne du singulier afin de narrer l'histoire du point de vue d'Antoine.
Cela contribue sans aucun doute à rendre ce livre extrêmement proche du lecteur et à toucher sa corde sensible, d'autant plus que ses deux personnages principaux sont particulièrement attachants de par leur relation de complicité et leurs échanges sur la vie.
Et puis, au détour d'une page, il y a eu ce nuage dans ce parfait ciel bleu jusque là.
Une petite phrase perdue au milieu d'une réflexion d'Antoine, à la limite de la misogynie et qui m'a surprise et interpellée dans ma lecture : "Pourquoi les femmes sont-elles incapables de rester belles et bronzées après une césarienne et la naissance de leur deuxième enfant ?"
Quelle faute de goût de la part de l'auteur alors que tout le reste de son roman est si agréable et si tendre.

"Fais toujours de ton mieux et ne regrette rien."
C'est sur cette phrase que s'achève le roman de Xavier de Moulins et s'il n'y en avait qu'une à en retenir, cela serait sans nul doute celle-là.
Il a su mener son histoire habilement et lui donner la fin qui convenait, pleine d'espoir, malgré la tristesse d'Antoine de se retrouver au cimetière car Mouna "n'a pas souhaité que l'on célèbre une vraie messe, que les gens prennent la peine d'entrer dans l'église, se donnent du mal à faire semblant d'écouter un prêtre qui expliquerait avec la mine de circonstance tout ce qu'un prêtre se doit de dire dans ce genre de moment délicat, face à un auditoire en visite de courtoisie."
Même dans la mort c'est encore et toujours aux autres, à ceux qu'elle aime, qu'elle a pensé et pour qui elle a tout sacrifié.

Avec "Ce parfait ciel bleu", Xavier de Moulins, auteur que je découvrais, signe-là un très joli roman rempli de tendresse, d'un soupçon de philosophie, d'une formidable histoire d'amour entre une grand-mère et son petit-fils et par dessus tout, d'une bien jolie leçon de vie pleine d'espoir.

Je remercie Babelio et les éditions Au Diable Vauvert pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération spéciale masse critique


2 commentaires:

  1. Ton avis est intéressant mais, décidément, ce livre ne me tente pas du tout...
    Bonne soirée.

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  2. Il en faut pour tous les goûts !

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