samedi 24 mars 2012

Tintin et les Picaros de Hergé


Nous retrouvons ici Tintin au San Theodoros, pays de "L'oreille cassée". La Castafiore, les Dupondt, Tournesol et Haddock ayant été arrêtés par le Général Tapioca, Tintin vole à leur secours. Réussissant à fuir avec Tournesol et Haddock, il aidera également Alcazar dans sa révolution. (Casterman)

Accusés de fomenter un complot contre le général Tapioca, dirigeant du San Theodoros, Tintin, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol s'envolent pour ce pays afin de rétablir la vérité et de libérer leurs amis injustement emprisonnés : Bianca Castafiore, son pianiste, sa camériste et les Dupondt.
Leur route croisera celle du général Alcazar, reclus dans la forêt avec ses guérilleros : les Picaros, qui ne rêve que de déloger le général Tapioca et prendre le pouvoir au San Theodoros.

Derrière cette aventure qui pourrait passer pour noble, Hergé y dénonce au contraire les dictatures, les pays d'Amérique du Sud ayant accueilli des Nazis et s'inspire grandement de Cuba et de Fidel Castro pour la situation politique au San Theodoros.
Il n'hésite pas à dénoncer l'omniprésence des forces militaires dans les régimes de dictature, il n'y a qu'à voir l'escorte qui emmène le capitaine Haddock acheter du tabac.
Il n'est pas non tendre avec son général Alcazar, si Tintin sert de personnage canalisateur de violence en lui faisant promettre aucune effusion de sang dans sa révolution, Hergé le dépeint comme un homme ayant peu d'idées, imbu de lui-même, sous le joug d'une femme à la poigne de fer, et à la limite de l'illettrisme, preuve en est la lettre laissée à sa femme truffée de fautes d'orthographe.
Même l'arrivée inopinée de Séraphin Lampion avec ses Joyeux Turlurons dans le camp des Picaros n'apporte pas de réelle légèreté et un peu d'humour à ce récit.
Et la révélation du prénom du capitaine Haddock, Archibald, passerait presque inaperçue tant l'arrière fond de cette histoire prend de l'importance pour le lecteur.
Mais finalement, c'est surtout un goût d'amertume qui se dégage de cette histoire.
Car quelque soit le dirigeant du San Theodoros, la population elle ne voit pas de différence.
C'est en tout cas ce que montre Hergé, avec une vignette lors de l'arrivée des personnages portant sur un bidonville avec une pancarte "Vive Tapioca" et un militaire patrouillant arme à la main, et une vignette lors du départ portant sur ce même bidonville, avec toujours ce même militaire, seule la pancarte a changé et indique "Vive Alcazar".

Ce qui à la première lecture apparaît comme une aventure somme toute ordinaire de Tintin se révèle finalement une histoire bien plus profonde laissant un goût d'amertume au lecteur.
La qualité des dessins et le choix des couleurs, particulièrement vives lors du carnaval, rendent cette lecture très agréable mais ne sont qu'un vernis pour masquer les opinions affichées par Hergé avec cette histoire.
"Tintin et les Picaros" est en effet une dénonciation par Hergé de la situation politique à l'époque où il a publié cette bande dessinée, et de façon plus générale des régimes totalitaires et de la violence qui les accompagne.
Un album à relire plusieurs fois pour bien en saisir toutes les nuances et qui laisse à réfléchir.

4 commentaires:

  1. c'est le tintin que j'aime le moins parce qu'on a l'impression qu'on ne sait pas ou ça va par moment du moins pour ma part , effectivement les couleurs sont vives donc j'aime moyennement .

    par contre le système politique de l'amérique latine est trés bien vu mais je pense comme toi à savoir qu'il faut lire cette bd plusieurs fois .

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  2. Le Tintin que j'aime le moins, pour l'instant, c'est "Le Sceptre d'Ottokar", mais là aussi je pense qu'il nécessite plusieurs lectures a des âges différents.

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  3. oui je suis d'accord avec toi on ne voit pas l'histoire de la meme manière enfant et adulte

    je te rassures en revanche le "sceptre d'ottokar " est aussi un des tintin que j'aime le moins

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