jeudi 11 juillet 2013

Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg


Au sud de l'Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d'une voie ferrée... Ninny, quatre-vingt-six ans, se souvient et raconte à Evelyn les histoires incroyables de Whistle Stop. Et Evelyn, qui vit très mal l'approche de la cinquantaine et sa condition de femme rangée, découvre un autre monde. Grâce à l'adorable vieille dame, elle peut enfin se révéler, s'affirmer... Une chronique nostalgique et tendre, généreuse et colorée, pleine de saveur et d'humour. Un baume au coeur, chaud et sucré. (J'ai Lu)

Evelyn Couch est une femme approchant de la cinquantaine qui ne sait pas trop ce qu’elle a fait de sa vie, hormis de se marier et de faire deux enfants parce qu’il le fallait, et sait encore moins ce qu’elle va faire des années lui restant : "Oh ! Mrs. Threadgoode, je suis trop jeune pour être vieille et trop vielle pour être jeune. Je n’ai de place nulle part. J’aimerais me suicider mais je n’en ai pas le courage.", jusqu’au jour où elle rencontre Ninny Threadgoode dans une maison de retraite.
La vieille femme n’a pas été épargnée par la vie mais elle a su garder un bonheur et une joie de vivre qu’elle va communiquer à Evelyn en lui racontant les histoires de sa jeunesse à Whistle Stop, petite bourgade de l’Alabama.

Ce roman est construit selon différents points de vue : la gazette de Dot Weems, les souvenirs de Ninny Threadgoode, un narrateur jamais expressément nommé.
Inutile de chercher une chronologie dans le récit, il n’y en a pas.
La narration se joue du temps et passe d’une époque à l’autre sans complexe et surtout sans perdre le lecteur.
Quant aux personnages, ils sont souvent construits comme un miroir, l’un étant l’exact opposé de l’autre.
Ainsi, Idgie est un véritable garçon manqué libre comme l’air au contraire d’Evelyn qui vit de façon étriquée, mais Evelyn va finir par casser son joug et se libérer, dans un premier temps dans l’excès en se créant un alter ego : Towanda, avant de s’apaiser et d’appréhender sa vie de façon harmonieuse.
A travers cette histoire, de nombreux aspects sont abordés, comme le racisme : "Quand on pense que ces crétins sont terrifiés à l’idée de manger à côté d’un Noir et qu’ils gobent des œufs crus sortis tout droit du cul d’une poule !", la montée en puissance du Ku Klux Klan, la crise financière de 1929 et ses conséquences.
Mais c’est également un roman très féministe : "On n’insultait plus ni les Noirs, ni les Japonais, ni les Italiens, les Polonais ou les Irlandais, en tout cas en public. Seules les femmes continuaient de faire l’objet de lazzis et d’injures. Pourquoi ? Ce n’était pas juste.", qui permettra à toute lectrice de se retrouver au moins dans un des personnages féminins : Idgie la sauvageonne, Ruth toute en beauté et en grâce, Ninny la spectatrice des aventures d’Idgie et sa bande, Evelyn la femme (désespérée) au foyer.
L’auteur y aborde également, et ce de façon très pudique et jamais dérangeante, l’homosexualité au travers des personnages d’Idgie et de Ruth qui s’aiment et se le disent dans une relation très forte d’amour-amitié.
Rien ou presque n’est explicite, mais quelques mots et phrases sont semés de-ci de-là et ne permettent pas au lecteur d’avoir le moindre doute.
C’est l’un des aspects le plus touchant du livre, avec une Idgie qui sort son amie d’un mariage malheureux pour ensuite élever toutes les deux Buddy Jr surnommé Stump, le fils biologique de Ruth mais également spirituel d’Idgie.
Je retiens de cette lecture une belle histoire étalée sur près de cinquante ans avec des sujets abordés toujours en douceur et pudiquement, des moments forts avec de belles phrases qui ne sonnent pas creux : "Ceux qui souffrent le plus en disent toujours le moins.", des moments où j’ai souri voire ri, d’autres où les larmes me sont montées aux yeux, où la vie bat son plein et le bonheur n’est jamais loin, une profusion de beaux et bons sentiments et où la méchanceté n’a pas sa place, ou alors pas pour longtemps.
J’ai vibré avec ce livre qui a su faire jouer des cordes plutôt restées silencieuses au cours de mes dernières lectures et qui a secoué de sa léthargie la lectrice que je suis et qui depuis quelques temps ne trouvait plus ce petit quelque chose dans les histoires parcourues.

La lecture de "Beignets de tomates vertes" m’a furieusement donné envie de revoir le très beau film qui en a été tiré et les recettes présentes à la fin de l’ouvrage de me mettre en cuisine pour essayer et tester les fameux beignets de tomates vertes, entre autres.
Mais par-dessus tout, ce livre est un pur moment de bonheur qui adoucit la vie quotidienne et redonne le sourire et la joie de vivre, foi de Towanda !  

Livre lu dans le cadre du challenge Destination PAL

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