Trois destins se croisent dans New York l'orgueilleuse, New York dont seul John l'Enfer pressent l'agonie. Trois amours se font et se défont dans ce roman de l'attirance et de la répulsion, de l'opulence et du dénuement. Abraham de Brooklyn chantait la naissance de New York. Avec John l'Enfer, voici venu le temps de l'apocalypse. (Points)
John l’Enfer est un indien Cheyenne,
il travaille à New York, comme laveur de carreaux sur les gratte-ciel.
Son chemin va croiser celui de
Dorothy Kayne, une jeune femme momentanément aveugle suite à un accident, et
d’Ashton Mysha, un loup de mer polonais expatrié.
Dorothy Kayne a besoin d’aide mais
pas de pitié, c’est tout ce qu’a à lui offrir John l’Enfer qui tombe amoureux
de cette jeune femme dont la couleur des yeux restera un mystère jusqu’à la
fin.
Dorothy Kayne tombe sans doute aussi
amoureuse de John l’Enfer, mais elle ne le voit pas forcément et c’est à Ashton
Mysha qu’elle s’offre toutes les nuits, pas toujours entièrement consentante ce
qui en fait une relation déroutante, alors que ce dernier sait pertinemment que
John aime Dorothy et vice-versa, en attendant il profite de la
pseudo-domination qu’il a sur le Cheyenne : "Elle dépend de vous, pire qu'un chien. Mais je n'appelle pas ça de l'amour. N'attendez rien de l'hiver, John, vous seriez déçu.".
Ces trois destins vont se croiser
pour ne faire qu’un l’espace d’un temps dans une ville de New York qui se
désagrège petit à petit.
Mais seul John l’Enfer perçoit la fin
de la ville, repère et interprète les signes sur les bâtiments ou encore ces
chiens qui se rassemblent : "Le Cheyenne a toujours eu l'impression d'être le spectateur privilégié de cette ville à la surface de laquelle il ne prend pied que pour fermer les yeux.".
Il y a beaucoup de symboliques dans
ce roman : un univers indien avec ses croyances toujours sous-jacent, une
aveugle qui ne voit pas au sens propre comme au figuré, cette meute de chiens
qui ne cesse de grandir en périphérie de New York prête à attaquer la ville,
cette étrange maladie comme une lèpre qui toucherait la pierre pour la rendre
friable et faire s’écrouler les bâtiments.
L’apocalypse n’est pas forcément là
où on l’attend : elle aurait pu prendre la forme d’un virus mortel,
l’auteur a choisi de la symboliser par les maisons et surtout les gratte-ciel,
emblèmes de New York, qui menacent de s’effondrer.
Ne faudrait-il pas y voir aussi le
déclin de la race humaine ?
D’ailleurs, même les indiens réputés
pour ne pas souffrir du vertige se mettent à tomber des gratte-ciel tandis
qu’ils lavent leurs vitres.
Alors que la ville menace de
s’écrouler, il y a un trio amoureux qui se cherche, parfois se trouve mais se
trompe de personne : "A New York, on ne s'aime plus que le temps d'une défaillance.", un tourbillon qui tourne et emporte le lecteur au fil de
ses pérégrinations.
Mais il n’y a pas que New York qui
dépérit, Ashton Mysha en a assez de la vie : "Il faut se méfier des villes, ça vous assassine mine de rien.", quant à Dorothy elle est retournée
au stade enfant depuis qu’elle est aveugle, seul John l’Enfer est et reste un
roc, une personne sur qui compter et à qui s’accrocher.
Ce roman est aussi la confrontation
des contraires : le New York opulent qui se heurte au New York pauvre,
l’argent à la misère, l’amour au désespoir.
Et puis, il y a New York, ville aux
multiples facettes que j’ai pris plaisir à re-parcourir à travers ce roman
mettant en avant des lieux ultra-connus et d’autres plus secrets.
Il m’est difficile de parler de cette
lecture, elle se ressent plus qu’elle ne se raconte mais le style de Didier
Decoin m’a transportée à New York et m’a fait suivre les pas de John l’Enfer à
travers cette histoire que j’imagine très bien transcrite à l’écran par le
cinéma.
Une belle lecture et un coup de cœur
littéraire comme cela ne m’était plus arrivée depuis quelques mois.Prix Goncourt 1977
Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices
Livre lu dans le cadre du challenge New York en littérature 2013
Livre lu dans le cadre du challenge Destination PAL
Bonjour Miss G,
RépondreSupprimerJe voulais te prévenir qu'il y aura bien une 4ème édition du challenge New York, mais qu'il déménage sur le webzine Café Powell, et s'ouvre cette année aux films, à la musique, à l'art, etc..., en plus des livres ! En espérant te compter cette année encore parmi nous, je te laisse le lien du nouveau challenge : http://cafe-powell.com/le-challenge-new-york-sinvite-sur-cafe-powell/
A très bientôt,
Emily
Bonjour, merci pour l'information je viens de m'inscrire à cette 4ème édition. Très bonne idée d'étendre ce challenge à d'autres domaines que la littérature !
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