jeudi 11 juillet 2013

John l'Enfer de Didier Decoin


Trois destins se croisent dans New York l'orgueilleuse, New York dont seul John l'Enfer pressent l'agonie. Trois amours se font et se défont dans ce roman de l'attirance et de la répulsion, de l'opulence et du dénuement. Abraham de Brooklyn chantait la naissance de New York. Avec John l'Enfer, voici venu le temps de l'apocalypse. (Points)

John l’Enfer est un indien Cheyenne, il travaille à New York, comme laveur de carreaux sur les gratte-ciel.
Son chemin va croiser celui de Dorothy Kayne, une jeune femme momentanément aveugle suite à un accident, et d’Ashton Mysha, un loup de mer polonais expatrié.
Dorothy Kayne a besoin d’aide mais pas de pitié, c’est tout ce qu’a à lui offrir John l’Enfer qui tombe amoureux de cette jeune femme dont la couleur des yeux restera un mystère jusqu’à la fin.
Dorothy Kayne tombe sans doute aussi amoureuse de John l’Enfer, mais elle ne le voit pas forcément et c’est à Ashton Mysha qu’elle s’offre toutes les nuits, pas toujours entièrement consentante ce qui en fait une relation déroutante, alors que ce dernier sait pertinemment que John aime Dorothy et vice-versa, en attendant il profite de la pseudo-domination qu’il a sur le Cheyenne : "Elle dépend de vous, pire qu'un chien. Mais je n'appelle pas ça de l'amour. N'attendez rien de l'hiver, John, vous seriez déçu.".

Ces trois destins vont se croiser pour ne faire qu’un l’espace d’un temps dans une ville de New York qui se désagrège petit à petit.
Mais seul John l’Enfer perçoit la fin de la ville, repère et interprète les signes sur les bâtiments ou encore ces chiens qui se rassemblent : "Le Cheyenne a toujours eu l'impression d'être le spectateur privilégié de cette ville à la surface de laquelle il ne prend pied que pour fermer les yeux.".
Il y a beaucoup de symboliques dans ce roman : un univers indien avec ses croyances toujours sous-jacent, une aveugle qui ne voit pas au sens propre comme au figuré, cette meute de chiens qui ne cesse de grandir en périphérie de New York prête à attaquer la ville, cette étrange maladie comme une lèpre qui toucherait la pierre pour la rendre friable et faire s’écrouler les bâtiments.
L’apocalypse n’est pas forcément là où on l’attend : elle aurait pu prendre la forme d’un virus mortel, l’auteur a choisi de la symboliser par les maisons et surtout les gratte-ciel, emblèmes de New York, qui menacent de s’effondrer.
Ne faudrait-il pas y voir aussi le déclin de la race humaine ?
D’ailleurs, même les indiens réputés pour ne pas souffrir du vertige se mettent à tomber des gratte-ciel tandis qu’ils lavent leurs vitres.
Alors que la ville menace de s’écrouler, il y a un trio amoureux qui se cherche, parfois se trouve mais se trompe de personne : "A New York, on ne s'aime plus que le temps d'une défaillance.", un tourbillon qui tourne et emporte le lecteur au fil de ses pérégrinations.
Mais il n’y a pas que New York qui dépérit, Ashton Mysha en a assez de la vie : "Il faut se méfier des villes, ça vous assassine mine de rien.", quant à Dorothy elle est retournée au stade enfant depuis qu’elle est aveugle, seul John l’Enfer est et reste un roc, une personne sur qui compter et à qui s’accrocher.
Ce roman est aussi la confrontation des contraires : le New York opulent qui se heurte au New York pauvre, l’argent à la misère, l’amour au désespoir.
Et puis, il y a New York, ville aux multiples facettes que j’ai pris plaisir à re-parcourir à travers ce roman mettant en avant des lieux ultra-connus et d’autres plus secrets.

Il m’est difficile de parler de cette lecture, elle se ressent plus qu’elle ne se raconte mais le style de Didier Decoin m’a transportée à New York et m’a fait suivre les pas de John l’Enfer à travers cette histoire que j’imagine très bien transcrite à l’écran par le cinéma.
Une belle lecture et un coup de cœur littéraire comme cela ne m’était plus arrivée depuis quelques mois.

Prix Goncourt 1977

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices

Livre lu dans le cadre du challenge New York en littérature 2013


Livre lu dans le cadre du challenge Destination PAL

2 commentaires:

  1. Bonjour Miss G,

    Je voulais te prévenir qu'il y aura bien une 4ème édition du challenge New York, mais qu'il déménage sur le webzine Café Powell, et s'ouvre cette année aux films, à la musique, à l'art, etc..., en plus des livres ! En espérant te compter cette année encore parmi nous, je te laisse le lien du nouveau challenge : http://cafe-powell.com/le-challenge-new-york-sinvite-sur-cafe-powell/

    A très bientôt,
    Emily

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    1. Bonjour, merci pour l'information je viens de m'inscrire à cette 4ème édition. Très bonne idée d'étendre ce challenge à d'autres domaines que la littérature !

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